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    Chypre: retour sur les évènements

    Lien publiée le 2 avril 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Chypre : Maudite Aphrodite

    L'année avait plutôt bien commencé. En ce début mars, la monnaie unique qui, disait-on, n'avait qu'un lendemain à vivre, tenait bon. Sans cette récession inquiétante et ce chômage tragique, les dirigeants européens auraient presque été soulagés.

    Mais voilà que surgit la "Maudite Aphrodite" : Chypre. Depuis des mois, l'île méditerranéenne menace de s'écrouler. Ses banques, gorgées de dettes grecques, n'ont pas résisté à la "paume" (perte financière) infligée aux créanciers privés d'Athènes, au début de l'année 2012. Il faut agir. Vite. Un pays moins peuplé que Marseille, dont le produit intérieur brut ne dépasse pas le chiffre d'affaires de Danone, peut-il être une menace ? Sans être expédiée, l'affaire devait être rondement menée. Mais, en Europe, rien ne se passe jamais comme prévu. Récit des dix jours où Chypre a bien failli tout faire valser.

    Samedi 16 mars. Bruxelles fait "sauter les banques"

    Au septième étage du Justus Lipsius, le siège du Conseil de l'Union européenne, à Bruxelles, Nicos Anastasiades transpire. Nerveux, irrité - angoissé, même. Deux étages plus bas se tient un Eurogroupe crucial. Les ministres des finances de la zone euro doivent s'entendre sur le plan de sauvetage censé éviter la banqueroute de son île.

    Elu depuis vingt jours, le président est resté à Bruxelles, après le Conseil européen de la veille. Il ne veut pas laisser son ministre des finances, Michalis Sarris, décider seul et remettre en question ses promesses de campagne. Nicos Anastasiades n'est pas responsable, après tout, de l'incurie de son prédécesseur, le communiste Dimitris Christofias. Un "personnage" souvent emphatique, qui a demandé à l'Europe un plan de sauvetage en juin 2012, mais en traînant des pieds pour négocier avec la "troïka" du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission, au point de laisser pourrir la situation.

    Michalis Sarris frappe à la porte. Le ministre, ancien économiste de la Banque mondiale, lui présente le compromis trouvé après des heures de négociations : Nicosie aura les 10 milliards dont elle a cruellement besoin de la part des fonds de secours européens et du FMI, mais doit, en échange, taxer les déposants chypriotes. Ceux qui ont moins de 100 000 euros devront s'acquitter d'une taxe de 5 %, les plus riches de 12 %.

    C'est non. Le président conservateur sait que Chypre, "petite Suisse de la Méditerranée", doit sa prospérité à ses banques. Un secteur bancaire démesuré qui pèse huit fois la richesse nationale et peu regardant sur l'origine des fonds. Les oligarques russes en raffolent. Aux yeux de Nicos Anastasiades, leur imposer une taxe à deux chiffres, c'est les inviter à déguerpir et ruiner le pays.

    La Commission a, la première, étudié cette idée de taxation des dépôts bancaires. Cette stratégie vise surtout à surmonter les divergences qui minent depuis des mois la "troïka" des bailleurs de fonds. Bruxelles veut contrer les "cow-boys" du FMI, présidé par Christine Lagarde. L'organisation de Washington, lassée des plans de sauvetage alambiqués de l'Europe, veut une solution "propre", au risque, pour Bruxelles, de créer un dangereux précédent. Fermer les deux banques à problèmes de Chypre : Laiki, au bord de l'apoplexie, et Bank of Cyprus (Banque de Chypre), en faisant payer à leurs actionnaires, créanciers et déposants - et non aux contribuables - le coût de leur restructuration. Le FMI parle alors d'une perte sèche de l'ordre de 40 %...

    Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, aime l'idée. Autant que laFinlande et les Pays-Bas, les "radins" de la zone euro, souvent réticents devant les plans de sauvetage, qui, comme lui, rechignent à sortir de l'eau un centrefinancier offshore soupçonné d'être une lessiveuse à argent sale. Mais Nicos Anastasiades se bute : hors de question de sacrifier ses banques. Olli Rehn, le commissaire aux affaires économiques, le comprend, mais il faut trouverl'argent. Chypre a en fait besoin de 17 milliards et le FMI a été clair : pas question de lui en accorder plus de 10. Au-delà, le prêt serait un cadeau empoisonné qui surendetterait l'île. Il manque donc 7 milliards - dont 5,8 milliards qu'il faut sortird'urgence.

    Dans une situation "normale", les actionnaires et créanciers des banques pourraient être ponctionnés. Mais, à Chypre, l'Etat est un gros actionnaire des banques et les créanciers obligataires sont quasiment inexistants. Reste donc àpuiser dans les dépôts.

    En sortant du bureau du président, Michalis Sarris, marri, reprend l'ascenseur en direction du cinquième étage - étrangement nommé le "cinquantième" - et rejoint la salle de l'Eurogroupe.

    L'Allemand Jörg Asmussen, gouverneur de la BCE chargé des questions internationales, est atterré. Visiblement, Nicos Anastasiades n'a pas pris la mesure du problème. Depuis 20 heures et le départ du président de la BCE, Mario Draghi, parti en week-end à Rome, il presse le Chypriote d'accepter l'offre et perd patience. Il a pourtant bien expliqué que Laiki était sous assistance respiratoire, maintenue en vie grâce aux liquidités d'urgence de la BCE. Sans argent frais donné aux banques, l'autorité monétaire coupera dès lundi le robinet. La BCE ne peut pas soutenir éternellement des établissements condamnés à mort.

    Une solution doit être trouvée, absolument. Après avoir fixé la taxe sur les petits déposants à 3 %, puis à 5 %, pour réduire celle des "gros" (plus de 100 000 euros), Olli Rehn, Christine Lagarde et Jörg Asmussen, sous l'oeil du président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, déplacent, une fois encore, le curseur. De 12 %, la taxe des gros dépôts passe, pour satisfaire Nicos Anastasiades, à un diplomatique 9,9 %, et le 5 % des petits se transforme en 6,75 %. L'accord semble trouvé.

    Le ministre français des finances, Pierre Moscovici, pas plus que les autres, ne sourcille - même si Ramon Fernandez, son directeur du Trésor, a émis de très sérieuses réserves. Il est 3 heures du matin. Nicos Anastasiades va se reposer. Mais la grenade est dégoupillée.

    Mardi 19 mars. La "fronde" de Nicosie

    A Bruxelles, les équipes d'Olli Rehn s'agacent. Le vote du plan de sauvetage par le Parlement chypriote ne cesse d'être reporté. Prévue dimanche, puis convoquée en urgence lundi, la réunion des parlementaires se déroule finalement mardi 19 mars. Plus le temps passe, plus la tension monte. C'est que les dernières quarante-huit heures ont été très, très agitées.

    Dès le samedi matin, la rue a dénoncé le "hold-up" de la "troïka". Les banques sont fermées - elles le resteront plus de dix jours - mais les queues s'allongent devant les distributeurs. On tire 300 euros par-ci, 200 euros par-là, mais le maximum, pour ne pas être spolié. Le bank run, une panique bancaire digne des années 1930, menace.

    Le président Anastasiades a beau avoir expliqué à ses concitoyens, samedi, que la solution choisie était "la moins douloureus e", les ménages ont peur et voient dans ce plan un diktat de Bruxelles et de l'Allemagne. "Tout cela a été "accepté" par le représentant du gouvernement chypriote, (...) avec un pistolet sur la tête ",appuie le ministre des finances de Malte, Edward Scicluna. Il faut dire que le plan d'aide piétine la promesse des dirigeants européens degarantir les dépôts bancaires jusqu'à 100 000 euros, après la chute de Lehman Brothers, en 2008. L'Eurogroupe n'a accompagné sa solution d'aucune pédagogie et l'inexpérimenté Jeroen Dijsselbloem ne rectifie pas le tir. Il reste muet, tandis que les ministres des finances commencent à se désolidariser. Personne n'assume une décision pourtant collégiale. "La victoire est orpheline et la défaite est sans père", philosophe un diplomate à Bruxelles.

    A Nicosie, la situation s'envenime. Nicos Anastasiades propose que les dépôts au-dessous de 20 000 euros soient protégés. Mais il est trop tard. Lâché par tous, il ne cherche même plus à convaincre son parti de soutenir le plan. En fin de journée, le couperet tombe. Le plan est rejeté : 36 voix contre, 0 pour, 19 abstentions. En Europe du Sud, Chypre "la Résistante" est acclamée.

    Mercredi 20 mars. A la recherche du plan B

    A Nicosie, les équipes de la "troïka" font des allers et retours entre leur petit bureau à la banque centrale de Chypre et leur hôtel. Les "men in black" sont passablement énervés. Ils travaillent seize heures par jour sur un plan de la seconde chance pour Chypre, sans la moindre coopération du gouvernement. Michalis Sarris est introuvable, envolé avec son directeur du Trésor pour Moscou depuis mardi, en quête d'un plan B.

    Chypre essaie de doubler l'Europe et le FMI. La tactique, il est vrai, a déjà fonctionné. En 2011, Moscou a accordé au pays un prêt de 2,5 milliards d'euros. Chypre n'est plus gouvernée par un communiste, mais Vladimir Poutine, furieux de la décision "injuste, non professionnelle et dangereuse" de taxer les dépôts bancaires de la place financière préférée des Russes, peut être séduit. En échange de son soutien, Moscou aurait une licence d'exploitation, certes encore hypothétique, des réserves de gaz découvertes sur ses côtes.

    Michalis Sarris, en disgrâce au sein de son gouvernement depuis l'Eurogroupe du week-end précédent, n'aura pas l'occasion de se racheter. Dès jeudi, après une rencontre à Moscou prévue de longue date avec la Commission européenne, Vladimir Poutine et son premier ministre, Dmitri Medvedev, confient au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qu'ils n'ont pas l'intention detendre la main à Nicosie.

    Pugnace, le ministre chypriote des finances reste jusqu'à la fin de la semaine, tentant au moins de renégocier les termes du prêt de 2,5 milliards d'euros. En vain. Chypre doit se résoudre à "coopérer" avec l'Europe. Il y a le feu. Car, depuis jeudi, le tic-tac s'est remis en marche. La BCE a fixé un ultimatum : si un accord n'est pas trouvé, elle stoppera les liquidités d'urgence fournies aux banques, le lundi 25 mars à minuit. A force de solliciter les distributeurs de billets, les banques de l'île se vident.

    Nicos Anastasiades, qui a reçu les appels de François Hollande et d'Angela Merkel, fustigeant l'idée de mettre à contribution le fonds de pension des retraités chypriotes, se sent acculé. Sous pression, son Parlement vote une batterie de lois préparées par les équipes de la "troïka", visant à anticiper une restructuration des banques et à restreindre les fuites de capitaux. Un nouvel Eurogroupe est programmé pour le dimanche, à 18 heures.

    Dimanche 24 mars. La solution avant la "Dijsselbourde"

    Wolfgang Schäuble fulmine. Cela fait plus de trois heures que le ministre allemand des finances poireaute au septième étage du Justus Lipsius, en attendant l'Eurogroupe. Ses homologues de la zone euro ont été convoqués à 18 heures. Il est 21 heures passées ! Wolfgang Schäuble n'en est pas encore à parlerallemand comme lorsqu'il se met très en colère - au lieu de l'anglais, la langue de travail -, mais il menace de partir. Christine Lagarde, avec qui il partage une véritable complicité intellectuelle, est dépêchée pour le convaincre de rester.

    Plus loin dans le couloir, Pierre Moscovici, le ministre français, tweete pour répondre aux attaques de Jean-Luc Mélenchon. Le leader du Parti de gauche l'a accusé d'avoir le "comportement de quelqu'un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale". Ses collaborateurs lui ont commandé une pizza quatre fromages, pour échapper aux "sandwiches infâmes"de l'Eurogroupe. On s'ennuie ferme.

    Les vraies négociations se passent ailleurs - sans les ministres. Entre la "troïka" et le président chypriote, sous la houlette d'Herman Van Rompuy, qui prend le relais de Jeroen Dijsselbloem. Le président du Conseil européen, tacticien discret, a fomenté un plan pour éviter le scénario désastreux du week-end passé : resserrerles rangs entre FMI, BCE et Commission puis convaincre Nicos Anastasiades.

    Dès 11 heures, Herman Van Rompuy voit José Manuel Barroso en tête-à-tête, pour dérouler le programme de la journée. Il est rejoint un peu plus tard parChristine Lagarde, Mario Draghi, Klaus Regling, président du Mécanisme européen de stabilité, et MM. Dijsselbloem et Rehn. On accorde les violons. Cette fois, l'affaire est entendue. Il faut fermer la banque "zombie" Laiki etrestructurer en profondeur la Banque de Chypre, en ne faisant payer que les gros déposants de ces établissements. Retour au plan initial du FMI, donc. Reste à amadouer Nicos Anastasiades. Celui-ci s'était senti "humilié" par l'Eurogroupe du 16 mars. Pour lui témoigner les égards dus à sa fonction, Herman Van Rompuy l'a invité formellement ce dimanche, en affrétant pour lui un avion de l'armée belge.

    Les négociations commencent autour d'un agneau et de petites pommes de terre. Nicos Anastasiades est toujours rétif. On ramasse les assiettes, on discute, on se dispute. Il ne veut rien entendre. "Si je sors de l'euro, je rentrerai en héro s", dit-il, avant de brandir, une fois, deux fois, sa démission, dès que Christine Lagarde le pousse dans ses retranchements.

    La partie est serrée. Les "one to one" se multiplient, l'après-midi défile. Mais, alors que les choses avancent, patatras ! Nicos Anastasiades, soudain, se braque. Pierre Moscovici appelle alors François Hollande pour l'avertir que la situation devient très critique. Le président français lui conseille de s'entretenir avec Wolfgang Schäuble pour définir un "axe franco-alleman d", jusqu'ici bien timide.

    Jeroen Dijsselbloem, transformé en courroie de transmission, débriefe alors les ministres des finances. Il est 21 h 30 et il n'est pas impossible, dit-il, qu'ils soient convoqués à nouveau le lendemain. L'info fuite. Le Néerlandais est furieux. Puisque c'est ainsi, les ministres resteront toute la nuit ! Mais Wolfgang Schäuble et Pierre Moscovici préviennent : si les négociations échouent, un sommet de chefs d'Etat de la zone euro réglera le problème. Peut-être mardi.

    Ça sent le roussi. Vers 22 heures, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso tentent le tout pour le tout et parlent en aparté au président chypriote. On lui réexplique que les coffres de Laiki sont à sec. De quoi tenir une journée tout au plus. "Cette offre-là, tu ne devrais pas la refuse r", insistent-ils. A minuit moins cinq, MM. Van Rompuy et Barroso sortent de ce conciliabule toutsourire. L'accord est trouvé : Laiki doit être démantelée, mais la Banque de Chyprereste debout, pour des raisons symboliques et politiques. Leurs déposants seront mis à contribution, mais cette fois-ci aucun pourcentage n'est mentionné. Même si la saignée sera forcément violente.

    Il est minuit et demi, l'Eurogroupe peut enfin commencer pour donner le "coup de tampon". Chacun prend la parole. Une heure, deux heures s'écoulent. "Mosco" s'assoupit. On ricane. "Je comprends pourquoi on n'entend pas la France ",chuchote Christine Lagarde. Trois heures et quelques virgules plus tard, le document est finalisé.

    La conférence de presse s'organise autour d'un mot d'ordre soigneusement établi : Chypre est un cas "hyper particulier". Jeroen Dijsselbloem, 47 ans, joue l'élève appliqué et parle plus d'une heure. Le lendemain, les marchés sont soulagés, la catastrophe est évitée. Et, soudain, le jeune président de l'Eurogroupe fait sa "Dijsselbourde" en accordant une interview au Financial Times et à Reuters puis au Monde, où il laisse entendre que Chypre est, en réalité, "un modèle"... Oups, les marchés s'effondrent.

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    La déroute du président chypriote

    Devant l'aéroport international de Larnaca, trois colonnes ont été érigées. L'une rappelle la visite historique du pape en 2010. Les deux autres sont consacrées aux chefs d'Etat venus célébrer en 2011 leur "amitié avec la République de Chypre" : Dmitri Medvedev et Angela Merkel. Ces deux piliers viennent de s'effondrer sur le nouveau président chypriote, Nicos Anastasiades.

    La chancelière allemande s'est montrée impitoyable en imposant un plan draconien de sauvetage qui met le pays à genoux. La Russie n'a pas levé le petit doigt pour venir en aide à l'île, si prisée de ses riches concitoyens.

    Le président Anastasiades connaissait les rumeurs évoquant une taxe sur les dépôts, mais, comme beaucoup de Chypriotes, il ne voulait pas y croire. D'autres ont été plus prévoyants. Un milliard d'euros a fui les banques en février. Depuis le mardi 2 avril, une commission d'enquête examine les soupçons de transfert de capitaux effectués avant l'Eurogroupe du 15 mars, concernant plusieurs députés et des proches de partis politiques.

    Nicos Anastasiades se sentait encore auréolé de sa large victoire à l'élection présidentielle du 24 février. Il avait été salué par la chancelière allemande comme par le président de la Commission, José Manuel Barroso. Les trois personnalités se connaissent bien et se fréquentent au sein du Parti populaire européen (PPE). En janvier, ils se sont retrouvés dans le luxueux Hôtel Méridien de Limassol, la "ville russe" de Chypre.

    La proximité des oligarques russes, dénoncés chaque jour dans la presse allemande, n'empêchait pas les représentants du PPE de couvrir d'éloges celui qui était le grand favori des sondages. "Nous sommes venus pour soutenir notre partenaire et nous espérons qu'il remportera l'élection", expliquait Angela Merkel, alors que la campagne battait son plein. Cet avocat d'affaires libéral, favorable aux privatisations et aux investissements étrangers, avait annoncé son intention de réduire les services publics. Bref, il parlait le même langage que la "troïka". Le contraire du président Dimitris Christofias, un chef d'Etat communiste, perçu comme une incongruité au sein de l'Eurogroupe.

    Nicos Anastasiades pense donc pouvoir compter sur le soutien de ses amis. Il arrive à Bruxelles le 14 mars sans contre-proposition. Même l'archevêque de Chypre, qui avait soutenu sa candidature, reprochera au gouvernement d'y être allé "sans préparation". Le président en revient crucifié par ses partenaires européens, et son calvaire continue à Chypre. Sa majorité se délite. Son allié centriste appelle à voter contre le plan d'aide. Sa position s'affaiblit encore quand il apparaît qu'il a préféré taxer les petits dépositaires pour alléger la pression sur les plus riches.

    Après le non du Parlement, le 19 mars, il n'a pas de plan B. L'expédition de son ministre des finances à Moscou se transforme en bérézina. Il essaie de mettre en place un fonds de solidarité en s'appuyant sur les caisses de retraites. Angela Merkel refuse. Et lorsque Nicos Anastasiades revient à Bruxelles, il n'a toujours pas de plan B. Les Européens et le FMI ne lui feront aucune concession. Il a beaumenacer de démissionner, il doit se résigner à accepter le scénario qu'il voulait éviter : la faillite d'une banque. Alors que le pays vit ses heures les plus difficiles depuis l'invasion turque de 1974, son président est nu.