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    En Bolivie, une grève pour les retraites débouche sur un affrontement politique

    Lien publiée le 18 mai 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) En Bolivie, une grève pour la revalorisation des retraites, déclarée illégale vendredi 17 mai, est en passe de basculer dans un conflit politique. La veille, le président Evo Morales (gauche) a accusé la Centrale ouvrière bolivienne (COB) de vouloir fomenter un coup d'Etat et a appelé ses partisans à "défendre la démocratie". Une première manifestation de sympathisants du chef de l'Etat a eu lieu à Potosi, jeudi. D'autres sont appelés à converger vers La Paz, le 23 mai, au risque de provoquer des affrontements avec les grévistes.

    Avec le soutien de la COB, les mineurs, traditionnellement en pointe dans les mouvements revendicatifs, ont entraîné dans la grève les enseignants, le personnel hospitalier et des ouvriers de l'industrie. Les grévistes demandent une pension de retraite égale à leurs derniers salaires, alors qu'elle s'élève actuellement à 70 %. Le mouvement s'est durci lorsqu'ils ont appris que les militaires sont les seuls à toucher une pension égale à 100 % de leur dernière paie.

    Plus de 5 000 travailleurs des mines de Huanuni se trouvent à La Paz. Comme d'habitude, les mineurs manifestent bruyamment, en faisant exploser des petits bouts de bâtons de dynamite. En plein centre-ville, l'effet recherché est vite atteint : les manifestants ne peuvent pas passer inaperçus. La place Murillo, où se trouvent le palais présidentiel et le Congrès, est bloquée par la police, qui éloigne les grévistes à coups de gaz lacrymogène.

    Des manifestations ont eu lieu également à Oruro, centre minier, et à Santa Cruz, coeur économique du pays. Des barrages ont été dressés sur les routes de plusieurs départements. Le gouvernement en a compté 35 dans tout le pays. Un pont a été dynamité à Caihuasi, à 200 km de La Paz.

    La négociation entre le gouvernement et les grévistes est dans l'impasse depuis deux semaines. Le président Morales prétend que l'augmentation des pensions demandée compromettrait l'avenir économique. "Le gouvernement défend les droits de la majorité des travailleurs, a-t-il déclaré. Notre responsabilité sera toujours de favoriser ceux qui gagnent peu."

    Le chef de l'Etat a accusé les dirigeants syndicaux d'être des privilégiés et de gagner plus que lui. "Je suis démoralisé parce que je continue à nationaliser de nouvelles entreprises minières pour qu'ensuite les travailleurs les mènent à la faillite", a confié M. Morales à la presse.

    Ces propos ont suscité l'indignation du syndicat des mineurs, qui a répondu que le salaire moyen à Huanuni est de 3 200 bolivianos (360 euros), même si le travail à la pièce permet à une minorité, 6 % des travailleurs de la mine, d'empocher plus de 16 000 bolivianos.

    Les mineurs ont pris le contrôle de Huanuni en 2002, quatre ans avant l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales, a rappelé le syndicat. La pénibilité du travail réduit l'espérance de vie des mineurs, sans compter les accidents (1 800 par an). Pour toutes ces raisons, le syndicat revendique une pension de 8 000 bolivianos pour les mineurs et de 5 000 pour les autres secteurs.

    Les intentions "putschistes" prêtées par le président aux manifestants et la mobilisation de ses propres partisans contre les grévistes ont transformé le conflit syndical en crise politique. Tandis que les organisations paysannes favorables à M. Morales répondent à son appel et s'apprêtent à investir La Paz, d'autres dénoncent la manoeuvre.

    "Ce que le président est en train de faire est d'organiser un affrontement entre frères boliviens", assure Adolfo Chavez, dirigeant de la Confédération des peuples indigènes de Bolivie (Cidob). Juan del Granado, ancien maire de gauche de La Paz et ex-allié d'Evo Morales, a dénoncé "l'autoritarisme" de ce dernier et "l'incapacité absolue du gouvernement" à régler les problèmes.

    Ce n'est pas la première fois que M. Morales crie au coup d'Etat. La théorie du complot trouve en Bolivie un terrain fertile. En 2012, lorsque les Indiens de l'Amazonie bolivienne ont organisé des marches contre le tracé d'une route qui doit traverser le Territoire indigène et parc national Isiboro Secure, le chef de l'Etat les avait accusés d'être manipulés par l'ambassade des Etats-Unis. A Cochabamba, les cocaleros, les cultivateurs de la feuille de coca, dont M. Morales reste le dirigeant, ont été mobilisés pour casser le mouvement étudiant ou des grèves critiquées par le gouvernement.

    Le président bolivien prétend briguer en 2014 un troisième mandat, ce qui n'est pas autorisé par la Constitution de 2009. Toutefois, le Tribunal constitutionnel et les parlementaires lui ont donné le feu vert pour se représenter. Leur justification ? Le premier mandat, qui a débuté en 2006, est antérieur à la nouvelle loi fondamentale.