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    La Grèce bétonne son littoral au nom de la relance

    Lien publiée le 8 août 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) En Grèce, les défenseurs de l'environnement craignent un bétonnage des côtes et des paysages, si prisés des touristes. Au nom de la "relance économique" d'un secteur pourtant plutôt en bonne santé, Athènes vient d'adopter un cadre législatif d'exception accordant au ministère du tourisme de larges pouvoirs.

    La loi intitulée "Simplification des procédures pour améliorer l'esprit d'entreprise du secteur touristique, restructuration de l'organisation grecque du tourisme et autres dispositions" ouvre la voie, selon les associations écologistes, à l'implantation de gros complexes touristiques sur les côtes grecques.

    En réalité, cela fait déjà plusieurs années que le ministère du tourisme bénéficie d'amendements législatifs lui permettant par exemple de contourner les lois relatives à la construction dans les massifs forestiers.

    De nombreux projets hôteliers sur les plages de la péninsule de Halkidiki, dans le nord-est de la Grèce, ont ainsi été rendus possibles, au mépris total de l'environnement. De grands vaisseaux bétonnés avec accès immédiat et privatif aux plus belles plages de la région, particulièrement pensés pour une clientèle russe, chaque année plus importante.

    Depuis cinq ans environ, l'Etat cherche aussi à développer un tourisme du luxe. Le prestigieux complexe Costa Navarino a beau communiquer sur sa vocation environnementale, ses cinq hôtels, son spa, ses restaurants et ses deux golfs 18 trous n'en occupent pas moins des terrains classés, il y a peu encore, zones forestières.

    Situé en Messénie, sur la côte ouest du Péloponnèse, à quarante-cinq minutes de la ville de Kalamata, ce complexe, devenu une destination prisée de la jet-set internationale, a longtemps divisé les habitants : d'un côté, ceux sensibles aux perspectives d'emplois et, de l'autre, les défenseurs d'une Messénie naturelle, soucieux de préserver les ressources en eau d'une région aride.

    Des projets similaires sont en cours de réalisation à Atalandi, dans le centre de la Grèce, en Crète ou sur la petite île de Kéa, à deux heures de la capitale grecque.

    "RÉGRESSION ENVIRONNEMENTALE PLUS IMPORTANTE QUE JAMAIS"

    Les groupes Temes, Lokros ou Dolphin Capital sont les principaux investisseurs – grecs et étrangers – à l'initiative de ces projets gigantesques. Des réalisations qui bouleversent les côtes grecques mais dont les retombées économiques semblent justifier tous les ajustements législatifs nécessaires aux yeux d'un Etat grec en quête désespérée de recettes. La protection de l'environnement n'a jamais été une priorité gouvernementale en Grèce, mais, depuis le début de la crise, la situation se dégrade rapidement. Athènes continue de sabrer dans les dépenses publiques.

    Selon le quotidien grec Enet Eleftherotypia, le budget de la sécurité civile a été réduit de 25 % en 2013 par rapport à 2012, entraînant une réduction du personnel et un gel des investissements en matériel. Dans un pays où éclatent chaque été des dizaines d'incendies, cela n'est pas sans conséquences pour l'environnement. Depuis le début de la semaine, des dizaines d'hectares sont ainsi partis en fumée, dont une oliveraie surnommée "plaine sacrée", plantée d'arbres de plusieurs siècles, à quelques kilomètres du site archéologique de Delphes.

    Dans son rapport annuel, publié mardi 6 août, le Fonds mondial pour la nature (WWF) dénonce une "régression environnementale plus importante que jamais" en Grèce, conséquence des "engagements pris par le pays d'appliquer la politique d'austérité". L'ONG regrette notamment la "dissolution du système des zones protégées" et les "grands investissements touristiques qui défient le droit environnemental". Elle estime à 2,5 % la réduction des sommes destinées annuellement à l'environnement. En février, WWF avait interpellé la "troïka" (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) sur la crise environnementale. Sans succès.