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Les entreprises mondiales redressent la tête

Lien publiée le 13 août 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Comment vont les grandes entreprises ? De mieux en mieux. C'est ce que montre l'avalanche de chiffres trimestriels publiés par les grands groupes cotés en Bourse. Alors que la "saison des résultats" touche à sa fin (70 % des comptes sont désormais connus), le bilan global se révèle nettement positif.

En moyenne, les 2 600 poids lourds du monde entier, qui ont déjà fourni des données, affichent une hausse de leurs ventes de près de 2 % en rythme annuel, selon le recensement effectué par l'agence Bloomberg. Leurs profits ont grimpé de 12 % dans le même temps.

Croissance, meilleure rentabilité : les stigmates de la crise qui a tout fait basculer en 2008-2009 s'effacent lentement mais sûrement. Dans certains cas, ils semblent même avoir totalement disparu. Aux Etats-Unis, par exemple, la marge nette des cinq cents premiers groupes cotés culmine à 9,3 % du chiffre d'affaires, le même niveau qu'à son précédent sommet, en 2007.

Portés par leurs bons résultats, nombre de champions atteignent d'ailleurs des records historiques en Bourse. Du roi des alcools Diageo au leader des lunettes de soleil Luxottica en passant par Adidas et Plastic Omnium, les actions flambent. Ou encore les voitures électriques Tesla, dont la valeur à Wall Street a quintuplé en un an !

Mais cette amélioration globale cache des situations très disparates. Et plusieurs surprises. Tour d'horizon.

Le réveil des groupes japonais. Premier élément inattendu : c'est du Japon qu'est venue l'amélioration la plus spectaculaire. En moyenne, les profits trimestriels des ténors nippons de la Bourse ont presque doublé en un an !

Les comptes de Sony (technologies) et Toshiba (électronique et informatique) sont sortis du rouge, ceux de la holding financière Nomura se sont bien redressés. Panasonic (électronique) a multiplié son bénéfice net par plus de huit.

Le groupe de télécommunications SoftBank a publié des chiffres plus éblouissants que jamais. Et ce n'est qu'un début, à en croire son patron milliardaire, Masayoshi Son. "Le deuxième chapitre de notre histoire commence maintenant, vers trois cents ans de croissance, vers l'étranger, vers la place de numéro un !", a-t-il assuré, jouant plus que jamais les gourous.

Bien sûr, tous les dirigeants japonais n'osent pas promettre autant. Des groupes tels que Nikon (optique, photographie) ou le constructeur Honda ont, au contraire, annoncé de mauvaises nouvelles. Mais, dans l'ensemble, les entreprises semblent profiter des mesures de relance et d'assouplissement monétaire mises en place par le premier ministre, Shinzo Abe, pour sortir d'années de langueur et de déflation. La baisse du yen met de l'huile dans le moteur de grands exportateurs comme le constructeur automobile Toyota ou le fabricant de pneus Bridgestone.

Les banques plus en forme que prévu. Au Crédit agricole, la première surprise n'a pas été volontaire : par erreur, la banque a mis en ligne sur son site Internet, dès lundi 5 août au soir, les comptes qu'elle devait publier le mardi 6 ! Cela a laissé plus de temps aux investisseurs pour apprécier leur amélioration avec un résultat multiplié par 12. Quelques jours plus tôt, des chiffres également meilleurs que prévu avaient fait grimper de 10 % l'action Société générale. Outre-Atlantique, Goldman Sachs, Fannie Mae et d'autres ont aussi fait bien mieux qu'attendu.

Le mouvement est général : avec les services, la banque constitue le secteur dont les profits se sont le plus redressés ces derniers mois. Y compris donc en France, où le président, François Hollande, avait déclaré pendant la campagne présidentielle : "Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance."

Il s'agit, en partie, d'un rattrapage. Mises à mal par la crise, les banques partaient d'assez bas, leurs comptes des années précédentes ayant été amputés par une multitude de charges exceptionnelles. Les groupes financiers sont-ils pour autant tirés d'affaire ? Les pertes continues de Dexia, les provisions passées par la Commerzbank laissent planer le doute.

L'industrie européenne à la peine. L'embellie dont profitent les exportateurs japonais et les banques, les industriels européens n'y ont pas droit. Peter Löscher en sait quelque chose. Jeudi 25 juillet, le patron de Siemens annonçait que, compte tenu de la détérioration de ses marchés, le colosse allemand ne pourrait pas atteindre l'objectif de marge qui constituait un pilier de son plan de relance. Enorme déception en Bourse. Trois jours plus tard, M. Löscher était évincé...

Le conglomérat de Munich n'est pas seul à souffrir. BASF (chimie), Beiersdorf (cosmétiques), la compagnie pétrolière Shell, les groupes miniers français Eramet et allemand Salzgitter, aussi. De nombreux industriels, en particulier européens, ont présenté des comptes trimestriels décevants, ou prévenu que les suivants seraient moins bons qu'espéré, à l'image des laboratoires Sanofi et de Lanxess (chimie).

Certains groupes sont même en perte, comme le constructeur automobile français PSA, STMicroelectronics, le fabricant de câbles Nexans, le spécialiste de l'électroménager Indesit, l'industriel de la défense Rheinmetall ou encore ArcelorMittal, le numéro un mondial de l'acier.

En cause, pêle-mêle, le marasme en Europe, le ralentissement économique de pays comme la Chine, le Brésil ou l'Inde, les surcapacités de production persistantes, les clients qui reportent des projets...

"Tous les indicateurs économiques commencent à s'améliorer, quoique lentement", a déclaré Lakshmi Mittal, le PDG d'ArcelorMittal, en précisant : "Nous pensons que la consommation d'acier a touché un point bas." Mais, clairement, les entreprises du Vieux Continent n'en ont pas fini avec la crise.

Des consommateurs infidèles. Même les secteurs a priori les moins cycliques peuvent réserver de mauvaises surprises. Témoin, les produits alimentaires. Nestlé, le numéro un mondial, reste une des mécaniques suisses les mieux huilées, et dégage des marges à faire pâlir d'envie.

Mais, pour le quatrième trimestre d'affilée, le groupe de Vevey a publié des ventes inférieures aux attentes. Alors que c'était l'un des ingrédients-clés de son succès, le groupe n'a pu relever ses prix que de 0,8 %, "le taux le plus bas depuis plus de dix ans", selon les analystes de Bernstein.

D'année en année, les consommateurs se montrent décidément plus regardants. Ils deviennent économes et infidèles. Deux grands noms américains en ont fait les frais récemment : Mattel, victime de la mévente de ses poupées Barbie, et, surtout, WeightWatchers. Le champion des régimes diététiques a perdu 20 % de son poids en Bourse après l'annonce de chiffres médiocres, les clientes se tournant davantage vers les applications sur mobile ou sur Internet.

Investissement : frilosité en plein été. Apathie en Europe, croissance molle aux Etats-Unis, doutes sur les émergents : autant de motifs qui incitent les entreprises à investir avec parcimonie. "La caricature s'observe au niveau de certaines entreprises américaines qui distribuent à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d'actions plus que leur trésorerie disponible", relèvent les analystes d'Aurel BGC. Pour ces poids lourds, ajoutent-ils, "la priorité n'est pas dans la croissance du chiffre d'affaires, mais dans les marges et la rémunération de l'actionnaire".

Une exception notable : Amazon. Son patron, Jeff Bezos, n'a pas hésité à annoncer une perte là où le marché misait sur une hausse du bénéfice. Le prix à payer, sans doute, pour préparer le futur, en créant des entrepôts et en musclant son informatique, afin que le distributeur de livres devienne un prestataire de services à l'offre beaucoup plus large. L'étonnement passé, Wall Street n'en a pas voulu à M. Bezos. L'action Amazon reste proche de ses sommets.