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    Retraites: bilan de la journée d'action

    Lien publiée le 10 septembre 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://social.blog.lemonde.fr/2013/09/10/retraites-la-journee-dactions-cgt-fo-fait-pschitt/

    Il faut avoir des lunettes très grossissantes pour se satisfaire, comme l'ont fait, mardi 10 septembre, Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly, les secrétaires généraux de la CGT et de FO, de la journée d'actions, organisée avec la FSU, Solidaires, l'UNEF - et l'appui du Front de gauche et du Nouveau Parti anticapitaliste - contre la réforme des retraites. Les perturbations provoquées par les appels à la grève ont été quasi-inexistantes, pour ne pas dire invisibles. La mobilisation a été plus que modeste, à peine supérieure à la manifestation, dont l'ampleur avait été faible, que les mêmes syndicats avaient lancé en mars contre l'accord sur la sécurisation de l'emploi. Se livrant à des approximations au doigt mouillé, Thierry Lepaon a pronostiqué "300 000, 400 000, presque 500 000 manifestants dans toute la France" - avant de s'arrêter en fin de journée sur le chiffre de 360 000 -  et Jean-Claude Mailly, après avoir pris soin de concéder que "ce n'est pas une déferlante" a jugé qu'elle avait "dépassé le cercle militant". Une langue de bois qui masque mal le fait que la mobilisation a fait pschitt. De son côté, la police  a compté 155 000 manifestants dans 170 rassemblements. A Marseille le chiffrage oscille entre 6 300 et 50 000.

    Pour juger de cette déconvenue syndicale, il faut se rapporter à la précédente réforme des retraites, celle initiée en 2010 par Nicolas Sarkozy et François Fillon, qui avait donné lieu à une forte mobilisation avec pas moins de neuf journées interprofessionnelles d'actions. Le 7 septembre 2010 - preuve que ce n'était pas la première fois que les syndicats appelaient à manifester aussi tôt à la rentrée -, six syndicats (CGT, CFDT,  CFTC, UNSA, FSU, CFE-CGC) avaient appelé à "une mobilisation de haut niveau des salariés". FO, qui réclamait le retrait du projet de réforme, et Solidaires, qui prônait une grève générale illimitée, ne s'étaient pas associées à l'appel mais avaient participé aux manifestations. Résultat: les syndicats avaient gagné leur pari. Ils avaient réussi à mobiliser davantage que le 24 juin, avec 2,7 millions de manifestants, selon eux, et 1,1 million selon la police. Au lendemain de cette journée, Nicolas Sarkozy avait lâché un peu de lest sur la pénibilité sans convaincre les syndicats de relâcher leur pression. Ils avaient de nouveau manifesté le 23 septembre et poursuivi leur harcèlement jusqu'à la fin de l'année. Au final, ils avaient bénéficié d'une adhésion majoritaire de l'opinion mais avaient échoué à empêcher l'adoption de la réforme.

    Trois ans après, il n'y a rien de comparable même si l'échec, prévisible, du 10 septembre est dû à plusieurs raisons. Cette mobilisation a été décidée après la publication du rapport Moreau et avant même les décisions de Jean-Marc Ayrault. Or l'écart entre les deux est important. Le gouvernement a soigneusement écarté tous les chiffons rouges : pas de remise en cause de l'âge légal de départ à la retraite; allongement à 43 ans de la durée de cotisations renvoyé en 2035 ; pas de modification du mode de calcul de pensions pour les fonctionnaires; pas de mesures spécifiques pour les régimes spéciaux. Cette réforme à minima a évité tout ce qui était susceptible de fâcher (et donc de mobiliser) la fonction publique et les entreprises publiques. La CGT et FO ont même salué comme une "avancée" ou un"progrès" la création d'un "compte pénibilité". Et les syndicats se gardent bien de demander le retrait du projet et visent essentiellement son amélioration.

    Même si l'exécutif est impopulaire, l'histoire montre qu'il est toujours plus difficile de mobiliser contre la gauche que contre la droite. Thierry Lepaon s'est employé de surcroît à récuser la thématique de Jean-Luc Mélenchon pour qui François Hollande mène la même politique que Nicolas Sarkozy, voire pire. Le leader de la CGT, qui a toujours besoin d'asseoir son autorité sur sa centrale, a modéré ses propos et ce qui devait être au départ une journée sur les retraites s'est élargi à l'emploi et aux salaires. Dans un contexte de crise économique et sociale, où le chômage poursuit son ascension, la combativité reste faible et fait souvent place à de la résignation. S'y ajoutent aujourd'hui les tensions internationales autour de la Syrie. Un ensemble qui n'est pas très mobilisateur.

    Enfin, la division syndicale a fortement joué. A la différence de 2010, trois syndicats - CFDT, CFTC, CFE-CGC - sont restés en dehors de la contestation. Les deux premiers portent une appréciation globalement positive sur la réforme même si la CFDT attendait du gouvernement plus d'audace. Et la nouvelle présidente de la CFE-CGC, Carole Couvert, a déclaré drôlement que son organisation n'avait pas l'intention de "bloquer le pays"... comme si elle en avait les moyens. La CGT et FO assurent qu'elles n'en resteront pas là et qu'il y aura d'autres mobilisations mais en dehors de leur travail classique de lobbying auprès des parlementaires, lors du débat en octobre, elles y regarderont à deux fois avant de prendre le risque d'une nouvelle journée interprofessionnelle d'actions. En tout cas, la sagesse le leur commanderait. C'est comme si la contestation de la réforme Ayrault commencée le 10 septembre semblait avoir pris fin le même jour.