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    L'Etat signe un chèque d'un milliard à Dassault pour le Rafale

    Lien publiée le 11 janvier 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Mediapart) L’État, qui porte le programme Rafale depuis son lancement, entend le moderniser dans l’espoir de l'exporter. La famille Dassault se contente d’empocher les dividendes, y compris politiques.

    Décidément, quelles que soient les circonstances, la famille Dassault reste la grande protégée de la République. Deux jours après avoir obtenu du Sénat de conserver son immunité parlementaire, Serge Dassault vient d’obtenir un nouveau cadeau du gouvernement. Lors d’un déplacement sur le site de Mérignac (Gironde) de Dassault Aviation, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a annoncé que l’État allait investir un milliard d’euros pour moderniser le Rafale.

     © Reuters

    « C'est un signal très clair de notre volonté d'investir sur le Rafale et sur tout un secteur stratégique, celui de l'aéronautique de combat, pour le maintenir au meilleur niveau mondial », a indiqué Jean-Yves Le Drian. « C'est également la garantie de disposer sur le long terme d'une ligne de produits qui répondront aux exigences de l'export », a-t-il expliqué.

    Cette décision intervient un mois après l’échec du Rafale au Brésil. En dépit d’une intense campagne de lobbying commencée dès 2009 par Nicolas Sarkozy, le Brésil lui a préféré l’avion de combat suédois Gripen, moins cher. La France espère encore pouvoir décrocher des contrats d’exportation du Rafale en Inde et aux Émirats arabes unis. Mais même si le Rafale a évolué depuis son lancement en 1985, l’avion de combat a besoin d’une modernisation poussée pour convaincre d’éventuels acheteurs. Lors des premières négociations avec les Émirats, ceux-ci demandaient une rénovation quasi complète de l’avion de combat. D’où ce programme de modernisation, le Rafale devant pouvoir transporter de nouveaux armements comme le nouveau missile air-air longue portée Meteor.

    Depuis son lancement, aucun Rafale n’a été vendu à l’étranger. Si le gouvernement se montre si pressant et volontaire, c’est qu’il a un besoin urgent de réussir à l'exporter. Alors que les commandes pour l’armée française sont en nette diminution – 26 avions seulement doivent être livrés à l’armée française sur les six ans à venir – l’État ne peut que parier sur les exportations pour essayer de rentabiliser sa mise et soutenir aussi tous les industriels et sous-traitants qui travaillent autour de ce programme.

    L’État, en effet, paie l’essentiel du programme du Rafale depuis le départ. Évalué à l’origine à 25,6 milliards d’euros, le programme a déjà coûté plus de 40 milliards. L’État a pris à sa charge plus de 90 % du développement de cet avion voulu par le groupe Dassault. Charles Edelstenne, P-DG historique de Dassault Aviation, l’avait d’ailleurs reconnu. Au moment où Nicolas Sarkozy jouait les commis voyageurs de la Libye au Brésil pour essayer de placer l’avion de combat, il déclarait que le Rafale était le problème de l’État, pas le sien.

    Ce nouveau milliard d’euros d’aides démontre une fois de plus que le groupe Dassault et la famille sont incapables de soutenir un tel programme de défense, bien que Nicolas Sarkozy lui ait fait un nouveau cadeau en lui apportant une participation de 27 % dans Thales. Alors que le groupe n’a conçu aucun programme innovant de défense depuis le Rafale, que la famille n’apporte aucun fonds et se contente de tirer le maximum de dividendes du groupe et de Thales au risque d’épuiser toutes les capacités de ce dernier, tout en voulant commander l’ensemble, il serait temps de tirer les conclusions de cet état de fait et de rappeler les règles élémentaires du capitalisme, si chères aux tenants du libéralisme : qui paie, commande. C’est l’État qui prend les risques et qui est de fait l’actionnaire du groupe.

    Plutôt que d’envisager une fusion entre Thales et Dassault Aviation et de confier les rênes à la famille Dassault, comme le convoite la famille dans l’espoir de s’enrichir un peu plus avant sans doute de revendre le tout, c’est à l’État, seul payeur, de reprendre la direction de l’ensemble, à un moment où les problèmes de succession et de direction embourbent l’avenir du groupe. Cela éclaircirait beaucoup de choses, y compris dans la gestion du cas de Serge Dassault : celui-ci est bénéficiaire depuis des années d’une immunité permanente en raison d’abord de son rôle de fournisseur des armées. Les chers bureaux d’études de Dassault ont déjà coûté bien trop cher à la République.