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Le gouvernement britannique propose une hausse de 11 % du salaire minimum

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Lien publiée le 18 janvier 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) « Une reprise pour tous. » Tel est désormais le souhait de George Osborne, le ministre britannique des finances, qui s'est engagé, vendredi 17 janvier, en faveur d'un relèvement du salaire minimum horaire de 11 % d'ici à 2015. A l'écouter, ce passage de 6,31 livres à 7 livres (soit de 7,60 à 8,40 euros) par heure doit de fait «assurer qu une reprise pour tous et que le travail paie toujours ».

Après la rigueur donc – celle qu'a mise en œuvre le gouvernement de coalition conservateur libéral démocrate de David Cameron depuis 2010 – l'heure serait désormais à la détente.

En ce début 2014, le Royaume-Uni affiche une bonne santé économique. A son palmarès, une prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,4 % pour 2014, une inflation domptée à + 2 % au mois de décembre 2013 et un taux de chômage à 7,4 % de la population active en octobre, en recul constant.

Cette réussite s'est toutefois accompagnée d'une baisse du salaire moyen en termes réels de 8 % depuis 2008. Comme l'indique Michael Saunders, expert de l'économie britannique chez la banque Citigroup, « la baisse des salaires en termes réels a surtout touché les bas revenus, prêts à accepter des réductions, le temps partiel ou des conditions de travail plus dures pour conserver leur emploi, ce qui a aggravé le fossé entre les riches et les pauvres ». D'autant que, en 2013 – et pour la cinquième année consécutive –, l'inflation a été supérieure au revenu moyen hebdomadaire.

ORGANISATION FLEXIBLE DU TRAVAIL

Et, « à l'inverse des récessions passées, en 2008-2009, les employeurs ont eu tendance à conserver leurs salariés, quitte à réduire les salaires, plutôt que de leslicencier », ajoute James Plunckett, du centre d'études Resolution Foundation.

La Low Pay Commission, l'organisme indépendant qui, chaque année en février, fait ses recommandations au gouvernement en matière de salaire minimum, doit bientôt remettre ses conclusions.

De l'avis général, au-delà des inquiétudes des milieux d'affaires britanniques, en particulier des petites entreprises, les effets sur le coût unitaire du travail d'un relèvement substantiel seraient limités.

Ne serait-ce que parce que le salaire minimum ne concerne que 4 % des salariés outre-Manche. Et la plupart d'entre eux (1,4 million) travaillent dans les services – l'entretien, la distribution, l'hôtellerie… – qui, contrairement aux secteurs porteurs de l'industrie ou de la finance, sont peu exposés à la concurrence.

Par ailleurs, la productivité, qui au troisième trimestre de 2013 a baissé de 4,4 % par rapport au niveau de 2008, devrait remonter, au fur et à mesure que l'économie s'améliore, pour absorber une telle augmentation.

Le Royaume-Uni peut se targuer d'une organisation du travail flexible. En période de récession, les entreprises licencient sans états d'âme ou baissent les salaires. En période de croissance, elles embauchent à des tarifs basés sur la loi du marché. Sous la houlette de M. Osborne, la flexibilité est allée de pair avec la baisse des charges sociales et de l'impôt sur les sociétés.

UN VÉRITABLE REVIREMENT

Dans ce contexte, l'appui du chancelier de l'Echiquier à une appréciation du salaire minimum constitue un véritable revirement. Il faut se rappeler que les conservateurs s'étaient autrefois opposés à son instauration, en 1999, par le gouvernement de Tony Blair.

A l'époque, le salaire minimum britannique était de 3,60 livres par heure. Depuis 1999, il a donc augmenté de 75 %. Une hausse bien supérieure à l'inflation et à la progression du salaire moyen sur cette période dont, de l'avis général, l'emploi n'a pas pâti.

Reste que la proposition de M. Osborne n'est pas dénuée d'arrière-pensées politiques. A ses yeux, elle doit en effet adoucir le tour de vis budgétaire qu'il a annoncé le 6 janvier pour l'après-2015, c'est-à-dire après les prochaines élections législatives prévues, au plus tard, à la mi-2015 (Le Monde du 9 janvier).

De plus, son soutien à un relèvement du salaire minimum coupe l'herbe sous le pied de l'opposition travailliste, qui a fait de la chute du niveau de vie son cheval de bataille en prévision du prochain scrutin.

En aidant les « smicards », le chancelier de l'Echiquier espère bien « capturer » une partie du suffrage des travailleurs les plus pauvres, en particulier ceux du nord de l'Angleterre, où la popularité des tories reste faible, malgré l'embellie économique.

Il n'en demeure pas moins que, même revalorisé, le salaire minimum demeure insuffisant pour assurer un niveau de vie convenable dans les villes chères que sont Londres et les métropoles du sud du pays, voire des Midlands.

C'est pourquoi le mouvement associatif milite en faveur de son remplacement par un living wage (salaire décent) plus élevé qui refléterait davantage le coût de la vie. Plusieurs mairies du royaume, tout comme certaines institutions financières de la City, ont d'ailleurs déjà adopté ce mode de rémunération qui est fixé actuellement à 7,65 livres l'heure.