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Le mécontentement persiste en Bosnie

Bosnie international

Lien publiée le 10 février 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

  SARAJEVO, 10 fév 2014 (AFP) - Le mécontentement social restait entier en Bosnie et les appels à des élections anticipées se multipliaient après les violentes manifestations de vendredi, sans précédent depuis la guerre intercommunataire de 1992-95.

      De nouvelles manifestations sont attendues lundi, notamment à Sarajevo, où les protestataires réclament la démission du gouvernement de l'entité croato-musulmane, qui ensemble avec une entité serbe, forment la Bosnie après le conflit qui a fait 100.000 morts. 

      La veille, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la capitale devant l'immeuble incendié de la présidence tripartite du pays, réclamant la démission des autorités.

      Sous la pression de la rue, depuis le début mercredi de ces manifestations, les chefs de quatre administrations régionales de la Fédération croato-musulmane ont présenté leurs démissions.

      L'accord de paix de Dayton (Etats-Unis), a imposé à la Bosnie des institutions politiques extrêmement compliquées, au sein desquelles le pouvoir est partagé entre Musulmans, Serbes et Croates et les décisions doivent être adoptées avec l'accord des trois communautés.

      L'entité croato-musulmane est formée de dix cantons, chacun avec son propre gouvernement. Cette administration est pléthorique avec quelque 180.000 salariés pour un pays de 3,8 millions d'habitants.

      Dimanche, plusieurs dirigeants et partis politiques ont appelé à la tenue d'élections législatives anticipées pour calmer la gronde populaire.

      Normalement, ces élections doivent avoir lieu en octobre.

      Après le membre musulman de la présidence collégiale bosnienne, Bakir Izetbegovic, et le Parti social-démocrate (SDP, allié au pouvoir), le membre croate de la présidence, Zeljko Komsic, a également proposé d'organiser rapidement ce scrutin.

      "Peut-être que les élections anticipées sont un remède pour faire cesser" les violences, a-t-il déclaré.

      Parti de Tuzla (nord-est), jadis la plus importante ville industrielle de Bosnie, où des milliers de salariés se sont retrouvés au chômage à cause des échecs en série des privatisations de leurs usines, le mouvement a gagné la capitale et plusieurs autres grandes villes, notamment Mostar (sud) et Zenica (centre).

      Il s'agit toutefois des villes où les Musulmans sont majoritaires. Le mouvement n'a pas embrasé les régions peuplées par des Serbes et des Croates. Sauf à Mostar, une ville divisée entre Croates et Musulmans, où des manifestants des deux communautés ont saccagé vendredi ensemble l'immeuble abritant les autorités régionales.

      Quelle que soit la date des prochaines législatives, les violences de vendredi qui ont surpris et choqué les Bosniens ont alimenté les dissensions entre les principaux partis musulmans.

      Ainsi, Bakir Izetbegovic, le dirigeant du principal parti musulman (SDA), a accusé le ministre de la Sécurité, Fahrudin Radoncic, et leader d'une autre formation alliée au pouvoir, de n'avoir pas mis en place un dispositif pour protéger les institutions de l'Etat.

      "Est-ce qu'il qu'il est le président d'un parti que cette situation arrangerait (...) ou bien est-il le ministre de la Sécurité qui doit agir pour protéger les édifices et les gens?", s'est interrogé M. Izetbegovic à l'adresse de son adversaire.

      Ancien homme d'affaires entré dans la politique il y a quatre ans, M. Radoncic, leader de l'Union pour un meilleur avenir (SBB), s'est défendu en assurant que la mise en place d'un dispositif pour coordonner les forces policières ne relevaient pas de ses fonctions.

      Il n'a pas hésité à exprimer son soutien aux manifestants en dénonçant "un pouvoir incompétent qui dirige depuis vingt ans" le pays. 

      "J'avais dit il y a quelques mois que si l'Etat ne provoque pas un tsunami contre la corruption, alors on va avoir un tsunami citoyen. Et bien, c'est ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.

      L'analyste politique Srecko Latal estime toutefois qu'aucune force politique ne se trouve derrière ces manifestations.

      "Le principal message que cette violence a envoyé est que les citoyens en ont assez de la classe politique et qu'ils ne font aucune différence entre les partis politiques", dit M. Latal.

      Pour sa part, l'analyste politique Tanja Topic, a fait valoir qu'"en ciblant le débat sur les violences, les politiciens tentent de jeter le discrédit sur les raisons réelles du mécontentement social".