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Politique monétaire : rapide rappel historique

Lien publiée le 17 novembre 2011

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://restructuration-sans-fin.eklablog.com/politique-monetaire-rapide-rappel-historique-a23759180

Ce qui suit n'est qu'un résumé trés incomplet de la question... Sur le même sujet, voir le texte Crise, la fin des rafistolages dans le dernier numero (138) d’ Echanges ( Bp 241 75866 Paris cedex 18 et www.mondialisme.org)

La politique monétaire constitue en quelque sorte l’Everest de la mystification économique : l’inintelligibilité y atteint son summum. Pourtant si on la considère sans œillères objectivistes, c’est à dire comme moment d’un rapport social, on peut percevoir comment elle a participé et participe d’une stratégie de la classe capitaliste.

Petit récapitulatif préalable: l’accord de Bretton woods, qui consacrait le dollar comme monnaie d’échange mondiale garantie sur l’or, était le pivot de l’équilibre international du capitalisme des « trente glorieuses » puisqu’en assurant la fixité des taux de change, il limitait les déplacements de capitaux et par la création d’institutions tels le FMI pouvant faire crédit aux pays dans le besoin, pérennisait le cadre national dans lequel le compromis fordien, symbolisé par l’indexation des salaires sur la productivité, assurait la conjonction « harmonieuse » entre production de masse et consommation de masse.

Mais dés 67, les patrons américains, voyant l’économie ralentir du fait de l’aggravation, par les luttes, du différentiel entre le salaire horaire des ouvriers américains et celui des ouvriers allemands ou japonais et arguant d’une sous-évaluation des monnaies étrangères, demandent à suspendre la convertibilité dollar-or pour faire tourner la planche à billet : de 69 à 71 les sommes en dollars présentes sur les marchés financiers doublent et les hausses de salaires sont compensées par l’inflation. Avec l’abandon définitif du vieux régime de change (71/73), on passe du système papier au système papier-papier, au dollar flottant; remise en cause qui conduit au choc pétrolier (les pays pétroliers augmentant unilatéralement leurs prix pour être sur de n’être pas payé en monnaie de singe) et « casse » la croissance mondiale. Dans un article paru en octobre 1976 dans la revue Zerowork La monnaie dans la crise mondiale : la nouvelle base du pouvoir capitaliste Christian Marazzi a bien analysé les implications stratégiques de l’inconvertibilité du dollar : « Le défi lancé par les Etats-Unis en 71 avec l’inconvertibilité est le point de départ de la contre-attaque du capital dans la crise actuelle (.) depuis le début de cette contre-attaque, le capital international a utilisé la monnaie comme une de ses principales armes contre la classe ouvrière ; (..) La vague internationale de lutte qui a commencé au milieu des années 60 signifiait l’écroulement de tout le système de stratification internationale de la domination sur le travail vivant, sur lequel la convertibilité or-dollar était basée. (…) l’inconvertibilité ne peut être comprise qu’en termes politiques, elle pose les bases stratégiques d’une réorganisation du capital par la crise- une crise planifiée contre la classe ouvrière globale par la manipulation de la monnaie. »

En effet, le fameux choc pétrolier et la récession qui s’ensuivit, permit de commencer à renverser le rapport de force aux USA, d’en finir bientôt avec l’indexation des salaires sur la productivité et, dans un même temps, la volatilité du dollar et la fin des restrictions à la mobilité des capitaux permettront de déjouer les effets de taux de change et faciliter l’émergence d’une nouvelle division internationale du travail en supprimant les délimitations des espaces classiques de valorisation. Avec la fin de Bretton Woods, la classe capitaliste reprend l’initiative en commençant à s’extirper du carcan social, géographique du compromis fordiste, le dollar flottant étant le premier jalon d’une contre-offensive fondée sur la mobilité du capital.

Cette mobilité, et la centralisation qu’elle suppose à moyen terme, impliquait que les prix des marchandises tendent a être fixé au niveau mondial, première impulsion à la financiarisation, le développement du financement par l’actionnariat ou l’émission d’obligations plutôt que par les banques facilitant dans le même mouvement les prises de risques au niveau international, le « cash-flow » nécessaire étant fourni par l’afflux de pétrodollars produits de la hausse des cours du pétrole.

Mais c’est en 79, au moment ou la restructuration semble patiner que cette stratégie de la crise va encore plus concrètement s’affirmer : pour lutter contre l’inflation qui, couplée à la baisse persistante du taux de profit, commençait a sérieusement éroder les revenus de la classe capitaliste, Volker président de la réserve fédéral américaine, et actuel conseiller d’Obama, augmente d’un coup ses taux d’intérêt de 1% ( le taux d’intérêt est le loyer de l’argent, une augmentation brusque provoque un assèchement de la demande de crédit et donc un ralentissement plus ou moins brutal de l’investissement) rompant ainsi avec le consensus de plein emploi et précipitant une récession mondiale (second choc pétrolier en avril 80, « Le coup de 79 prolongea les effets de la crise, notamment le chômage et contribua à l’endettement des Etats et d’une fraction des ménages déjà fragilisée par le ralentissement de la croissance, le chômage et la précarité » (Dumenil et Levy Crise et sortie de crise)). Cette chute du dollar fut, on le sait, une catastrophe dans les pays du tiers monde qui s’étaient beaucoup endettés dans les années 70 (Mexique), leur débiteur effrayé par la chute du billet vert demandant des remboursements immédiats. On a beaucoup glosé sur le « machiavélisme » de ces manœuvres américaines ( qui interviennent à un moment d’affaiblissement économique et stratégique : Iran, Nicaragua,etc.), elles correspondent en tout cas à un seuil nouveau de la stratégie de la crise puisque cette récession ouvre la voie à une grande vague de restructuration aux Etats-Unis, avec, bientôt, l’aide d’un Etat offensif, Reagan brisant au début des années 80 la grève des contrôleurs aériens ( Il les fait tous licencier pour les réembaucher avec des salaires moindres).

Face a ces fluctuations du dollar qui mette a mal toute la planification économique classique, le chancelier Helmut Schmidt, soucieux d’assurer à l’Allemagne un marché stable en Europe, propose en 79 de créer le serpent monétaire européen (SME) et ouvre ainsi un nouveau seuil de la restructuration sur le vieux continent par l’intégration/homogénéisation européenne. L’entrée dans le SME suppose que les différents Etats abandonne l’arme classique de la dévaluation au profit de la rigueur monétaire commune et impose la lutte contre l’inflation, c’est à dire l’attaque contre les salaires, comme objectif premier de la politique économique. La création concomitante d’un Fond monétaire Européen, qui accorde des crédits aux pays en difficulté en contrepartie d’un certains nombres de réformes structurelles va compléter le dispositif : le prêt accordée à l’Italie en 79 prépare la contre-offensive qui s’engage dans la péninsule après l’échec de la grève chez Fiat l’année d’après comme le prêt du FMI la même année à la Grande Bretagne annonce le grand roll back thatchérien suite au « Winter of discontent ».