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    La guerre des graines

    Lien publiée le 21 novembre 2011

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Une version raccourcie se trouve sur le site du NPA : ICI

    Depuis toujours les agriculteurs semaient et échangeaient des semences. Cette pratique restait donc en dehors du marché et ne générait pas de profit. Dès le début du XXème siècle les sélectionneurs de semences ont fait des efforts considérables pour contrôler les semences. La création du mais hybride est essentiellement due à cette guerre silencieuse. Par un artifice technique, légitimé par un besoin en rendement, chercheurs et sélectionneurs créaient ensemble un mais impossible à ressemer. Cette idée est centrale, et il faut la retenir.

    Tout au long de ce bras de fer entre paysans, défenseurs de l’environnement et firmes semencières, l’obsession sera la même : comment faire en sorte que les agriculteurs payent à chaque fois qu’ils ressèment. Là où une solution technique sera impossible à mettre en œuvre, ça sera un arsenal juridique qui sera adopté. C’est pourquoi tout au long du XXème siècle la liberté paysanne sera limitée : inscription des variétés homogènes, stables et distinctes dans un catalogue officiel, protection des droits obtenteurs par un COV (certificat d’obtention végétale) qui permet de recueillir des royalties quand des semences certifiées sont réutilisées.

    Progressivement, les agriculteurs sont donc obligés de se servir dans ce catalogue et évidemment payer en échange. L’argument pour légitimer tout ce dispositif est de dire que des variétés homogènes et stables sont nécessaires, et qu’à partir de là il serait impensable de ne pas payer ceux qui rendent ce service, c’est à dire les firmes semencières.

    Mais cette argumentation est orientée.

    Premièrement, ces semences certifiées ne sont nécessaires que dans le cadre d’une agriculture industrialisée tournée vers le productivisme. Evidemment, pour une production hyperspécialisée, structurée en filières, générant des monocultures, il est nécessaire d’externaliser la sélection et la production des semences, et faire en sorte que leurs caractéristiques soient homogènes et stables (càd uniformes) et les rendements élevés (la conséquence ce sont peu de variétés commercialisées, sélectionnées selon les besoins des agro-industries, une érosion sans précédent de la biodiversité et une diminution de la rusticité des cultures). Pour pouvoir circuler dans un marché, les semences doivent être un produit inerte.

    Deuxièmement, le travail de sélection ne doit pas être nécessairement confiée uniquement à des acteurs extérieurs au monde paysan. Depuis des siècles ce sont les paysans et les paysannes qui l’ont assuré. Evidemment il s’agissait d’une sélection faite de manière locale et collective, selon les besoins réels des populations et les possibilités de l’environnement et non pas pour générer des profits. De plus, à aucun moment ces multinationales n’ont payé les communautés paysannes pour les semences qu’elles puisaient chez elles. Encore aujourd’hui, ces entreprises semencières ou pharmaceutiques pratiquent la biopiraterie…

    A la marge de ce système verrouillé, les semences de ferme, garantissaient une marge de liberté. Cette pratique jusqu’alors tolérée pour certaines variétés est remise en cause par la loi qui passe en ce moment à l’Assemblée nationale. Les firmes semencières soucieuses d’augmenter encore leurs profits veulent faire payer les agriculteurs en taxant les semences de ferme.

    Mais ressemer les semences issues de la récolte et pouvoir les échanger est un droit des agriculteurs. C’est sur ce droit, reconnu par les traités internationaux, que se fonde l’indépendance paysanne, que se construit la souveraineté alimentaire et la biodiversité cultivée. Si cette loi est votée, c’est encore un rempart contre la marchandisation et l’industrialisation du vivant qui saute, c’est encore les profits de quelques uns qui sont privilégiés face aux droits de la majorité de la population.

    Pour exiger le retrait de cette loi venez tous le 19 Novembre à Angers à 09h place du Pilori, aux rencontres paysannes et fermières d’Anjou ! Et prochainement retrouvons-nous devant l’Assemblée Nationale, pour rappeler aux députés que les droits des agriculteurs, le droit à la souveraineté alimentaire et la préservation de la biodiversité sont plus importants que les profits des agro-industriels !

    Pour plus d’infos : http://www.semonslabiodiversite.com/