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La défiance croissante des habitants de l’Est ukrainien envers l’armée de Kiev
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
LE MONDE | 08.09.2014 à 11h31 • Mis à jour le 08.09.2014 à 11h46 | Par Benoît Vitkine
Quand Olga est rentrée de l'école, vendredi 5 septembre, la fillette a froncé les sourcils et demandé à sa mère : « Maman, pourquoi est-ce qu'on nous donne encore des leçons d'ukrainien ? » A 11 ans, elle fait partie des rares écoliers de Louhansk à avoir repris l'école, le 1er septembre. Dans cette ville qui compte en temps de paix 500 000 habitants, seules cinq écoles – celles disposant de solides abris – ont ouvert leurs portes.
Louhansk est une ville morte, épuisée par deux mois de bombardements. Les magasins sont fermés, les rues désertes. Ici, on ne trouve ni eau, ni essence, ni réseau téléphonique. L'électricité fonctionne par tranches de quelques dizaines de minutes.
PARTOUT DANS LE DONBASS, LA MÊME RANCŒUR
Chaque jour à la sortie des cours, Olga fait à pied le trajet qui la conduit à sa nouvelle maison, le petit espace qu'elle occupe avec sa mère dans l'abri souterrain de l'usine de locomotives de la ville. Depuis un mois et demi, 80 personnes vivent là, à cinq mètres sous terre, dormant sur des fauteuils ou des matelas de fortune, s'éclairant à la bougie, sursautant au bruit des bombes qui s'abattent alentour. Cent trente sont tombées sur le terrain de l'immense usine, selon les comptes scrupuleux de Svetlana, la responsable de l'abri.
Dimanche 7 septembre, quarante-huit heures après la conclusion d'un cessez-le-feu entre Kiev et les séparatistes de l'Est ukrainien, cinq de ses occupants ont quitté l'abri. Les autres ont essayé de les dissuader : « Comment peut-on faire confiance aux Ukrainiens ? Ils vont profiter du cessez-le-feu pour se réorganiser et tout va reprendre ! »
Partout dans le Donbass, la même défiance, la même rancœur, se font entendre contre l'armée ukrainienne et son commandant en chef, le président Petro Porochenko. Les bombardements de zones habitées ont poussé dans les bras des séparatistes de nombreux habitants de la région et fait basculer une partie de ceux qui se disaient « neutres ». Le nombre des tués est encore imprécis – plus de 2 600 selon l'ONU, mais ce chiffre est probablement sous-estimé et mêle pertes civiles et militaires ukrainiennes –, mais les habitants de l'Est ont encore en tête la promesse faite par le président ukrainien, début juillet, de ne pas bombarder les agglomérations.
« GÉNOCIDE »
Quelques kilomètres au sud de Louhansk, la petite ville de Loutougino, reprise par les séparatistes à l'armée au début du mois, a subi le feu des deux camps. Ses derniers défenseurs ukrainiens se sont retranchés dans l'usine de machines-outils, principal employeur et fierté de la ville depuis cent dix-sept ans. L'usine est une ruine, un amas de métal calciné. « On leur en a mis plein la gueule », se vante le commandant des séparatistes locaux, un Russe du Kazakhstan qui se fait appeler « Che Guevara ». Pourtant, ouvriers et habitants ne semblent retenir de ces bombardements successifs que ceux venus de la partie ukrainienne.
C'est le signe le plus flagrant que le divorce entre Kiev et une grande partie des habitants du Donbass est consommé – en tout cas dans les zones touchées par les bombardements. L'armée ukrainienne n'y est vue que comme une armée d'occupation, et quand bien même elle compte de nombreux soldats des régions russophones, on l'accuse de perpétrer un « génocide ». Puisqu'ils sont les « défenseurs » des populations de l'Est, les rebelles et leurs soutiens russes auraient, eux, le droit de bombarder ; ou celui de tirer depuis des quartiers d'habitation, provoquant une réplique inéluctable. Ceux qui pensent différemment se taisent ou ont été contraints à l'exil.
Un sentiment plus profond encore s'exprime. Celui que Kiev cherche délibérément à détruire le tissu économique et industriel qui fait la fierté du Donbass. Des mines et des usines ont été touchées ; les infrastructures – routes, aéroports, chemins de fer – ont souffert. « C'est une punition collective, assure un ouvrier de Loutougino, qui regarde des larmes dans les yeux son usine détruite. Ils savent qu'ils vont perdre cette région, alors ils veulent nous tuer et nous étouffer le plus possible avant d'être obligés de partir. »