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Effondrement du revenu des agriculteurs : -47% en deux ans !

Par Gaston Lefranc (20 janvier 2010)
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Le 14 décembre, à l’issue de la réunion de la Commission des comptes de l’agriculture, l’INSEE a révélé ses prévisions pour l’année 2009 : le revenu des agriculteurs (1) baisserait en 2009 de 34% ( 54% pour les producteurs de lait, –53% pour les producteurs de fruit, –51% pour les céréaliers), après avoir baissé de 20% en 2008, soit une baisse de près de 50% en deux ans ! C’est du jamais vu. Les agriculteurs, endettés jusqu’au cou, retrouvent ainsi leur niveau de revenu du début des années 1980.

Pourtant, ce ne sont pas les performances des exploitations agricoles qui sont en cause. En volume, la production agricole (hors subvention) augmente de 0,7%, alors qu’elle chute de 8,2% en valeur. Les prix chutent, en particulier ceux des céréales ( 23,9%) et ceux du lait ( 16%). En revanche, le prix des charges (poussés par la hausse explosive du coût des engrais) augmente de 2,3%. La conjonction de la baisse du prix des produits, avec la hausse du prix des intrants, est l’explication majeure de l’effondrement du revenu agricole. Les subventions, globalement stables, ne permettent pas aux agriculteurs de compenser leur manque à gagner.

Alors que les prix agricoles baissent (–18,5% en deux ans), les prix alimentaires augmentent (+4,5% en deux ans (2)). Autrement dit, ce n’est pas le consommateur qui « profite » de l’appauvrissement des agriculteurs (3). Les gagnants sont les capitalistes des industries agro-alimentaires et de la grande distribution, qui font leur beurre sur le dos des agriculteurs et des travailleurs. Asphyxiés par les banques, spoliés par les industriels et la grande distribution qui les obligent à vendre à perte, les petits agriculteurs (qui n’ont pour la plupart aucun salarié) ont intérêt à se battre aux côtés des travailleurs. Les producteurs de lait avaient d’ailleurs manifesté leur intention de se joindre à la grève des salariés routiers (prévue à partir du 13 décembre, et finalement levée suite à un accord salarial). Alors que la FNSEA défend les intérêts des capitalistes agricoles (en premier lieu les grands céréaliers), la défense des intérêts des petits agriculteurs passe par l’unité d’action entre travailleurs et paysans, dans le combat contre la classe capitaliste dans son ensemble.


1) Ce que la comptabilité nationale appelle « le revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié en termes réels ».

2) Les prix alimentaires augmentent plus vite que les prix moyens, qui n’ont augmenté que de 2,5% ces deux dernières années.

3) D’ailleurs, on note que la consommation de viande chute, exceptée celle de poulet ou de charcuterie (moins chères), ce qui tend à indiquer qu’avec la crise, de plus en plus de travailleurs ne peuvent plus se permettre de consommer les viandes les plus chères.

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