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Haïti : Solidarité ouvrière et populaire avec le peuple opprimé (Déclaration de la FT-QI)

Par FT-QI (15 janvier 2010)
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Nous publions ci-dessous la déclaration des camarades de la FTQI (Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale, orga-nisation avec laquelle la Tendance CLAIRE du NPA est en discussion) après la catastrophe en Haïti. (Traduction de Pauline Mériot.)

Le tremblement de terre qui a dévasté Haïti a produit une véritable catastrophe dans le pays le plus pauvre du continent [sud-américain, NdT]. D’après l’ONU, trois millions de personnes, soit presque un tiers des 10 millions d’habitants, ont été directement touchées, alors que le gouvernement haïtien affirme lui qu’il y aurait entre 30 000 et 100 000 morts. L’ONU a aussi averti du fait que le nombre de victimes risquait de se multiplier à cause des épidémies et des infections qui pourraient se déclencher à cause du manque d’eau et de l’état de décomposition des cadavres.

Un pays occupé et pillé

Haïti est occupé depuis 2004 sur ordre des États-Unis et avec l’accord de l’ONU. Cette occupation prend la forme d’une mission militaire commandée par le Brésil et composée de plusieurs pays d’Amérique latine. Sous l’argument d’une prétendue « mission humanitaire » baptisée Minustah (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti), des troupes brésiliennes, uruguayennes, argentines, chiliennes, boliviennes, paraguayennes et équatoriennes entre autres, ainsi que le personnel politique de plus de trente pays, maintiennent le pays occupé pour garantir les affaires des capitalistes alors que le peuple haïtien est soumis à la misère la plus absolue.

Les organisations populaires d’Haïti ont dénoncé à plusieurs occasions les violations des droits de l’homme opérées par les forces d’occupation. Ces violations peuvent aller de persécutions et de détentions jusqu’à des assassinats politiques, des massacres dans les quartiers les plus pauvres de la capitale ou même le viol de femmes et de jeunes filles.

L’extrême pauvreté de ce petit pays est le résultat du pillage impérialiste et des plans économiques pilotés par la Banque Mondiale et le FMI. Depuis les années 80, en exigeant une « ouverture économique » et une restructuration pour en finir avec les barrières commerciales, la banque mondiale et le FMI ont rendu l’économie haïtienne déjà à genoux encore plus dépendante. À titre d’exemple, soulignons qu’aujourd’hui plus de 80% du riz est importé, alors que c’est l’un des aliments de base de la population.

Sur la frontière avec la République dominicaine, les entreprises multinationales, avec l’aval du gouvernement et sous la protection de la police haïtienne et de la Minustah, ont converti le cordon industriel de la zone franche en un véritable centre d’esclavage où les travailleurs n’ont aucun droit et où les troupes des gouvernements « progressistes » d’Amérique latine leur assurent leurs profits en effrayant les travailleurs afin qu’ils ne s’organisent pas.

Au cours des dernières années, la situation du peuple haïtien n’a fait qu’empirer. Sous l’occupation de l’ONU, et pendant que les multinationales se remplissaient les poches, les travailleurs et le peuple pauvre d’Haïti ont vu la santé, l’éducation et l’infrastructure du pays se réduire en miettes alors que 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et ça, ce n’est pas le produit de catastrophes naturelles mais bien celui d’une politique orchestrée par les multinationales et la bourgeoisie dont le plan est de transformer le pays en une grande « maquiladora » (1) et de s’en accaparer les terres, n’hésitant pas pour cela à expulser (comme au cours des dernières années) des centaines de milliers de paysans vers les misérables zones urbaines, converties en un réservoir de main-d’œuvre bon marché et semi-esclave, où la faim conduit certains à manger des « galettes de boue » pour survivre.

Une catastrophe annoncée

Au cours des années postérieures à l’occupation, plusieurs ONG avaient déjà prévenu et dénoncé la situation de crise de l’infrastructure qui laissait des millions d’Haïtiens à la merci des catastrophes climatiques. D’après Camille Chalmers, directeur de la Plate-forme pour le développement alternatif d’Haïti (PAPDA), « le peuple frère d’Haïti se retrouve noyé dans une crise profonde, avec l’absence de moyens et de services basiques pour le développement de la vie humaine [...] les inondations et les cyclones ont laissé un solde de 3000 morts, quelque 300 000 personnes ont perdu leur foyer et des populations entières se sont retrouvées isolées, privées de communication, sans aliments, eau et médicaments ».

Aujourd’hui le gouvernement haïtien parle d’un tremblement de terre imprévisible, ou d’une catastrophe « inimaginable », mais c’est en fait par refus d’assumer la responsabilité de la mort de centaines de milliers de personnes qui, vivant dans des conditions de précarité absolue, étaient la cible certaine d’une catastrophe comme celle qui a secoué le pays. La « solidarité » d’Obama, qui a dit suivre attentivement la situation, n’est rien de plus qu’une marque de cynisme impérialiste. C’est ce qu’il a démontré en disant qu’il allait « suspendre temporaire-ment » la déportation d’immi-grants « illégaux » provenant d’Haïti. Depuis l’occupation en 2004, la dette externe d’Haïti a continué de croître et la Banque Mondiale et le FMI ont continué à en toucher les intérêts ponctuellement. Au cours des dernières années, les pays impérialistes ont annoncé avec hypocrisie une remise partielle, mais cela ne saurait masquer que la dette du pays le plus pauvre du continent a augmenté plus de quarante fois au cours des 34 dernières années, passant de 40 millions de dollars en 1970 à 1,6 milliard en 2008. À l’heure où les gouvernements impérialistes dépensent des centaines de milliards pour sauver les banques, il n’est pas dans leurs projets de sauver de la misère le pays le plus pauvre du continent ! De son côté l’ONU consacre plus 600 millions de dollars par an pour garantir l’occupation : un chiffre supérieur au total des exportations du pays.

Tout cela montre que les responsables de la situation terrible que vit le peuple haïtien sont non seulement le gouvernement haïtien, mais en outre tous les gouvernements latino-américains qui soutiennent les forces d’occupation ainsi que les pays impérialistes qui continuent de piller le pays. Et pendant ce temps, au beau milieu de cette situation catastrophique, les Forces Armées de tous les pays qui composent la Minustah — avec des gouvernements tant « progressis-tes » que « nationalistes » comme ceux de Lula, Kirchner ou Bachelet, en passant par Evo Morales et Mujica — tous nous annoncent que les casques bleus sont en train d’accomplir des actions de sauvetage et de mission « humanitaire ». Sous couvert des missions de l’ONU, ces dirigeants occultent les crimes qu’ont commis leurs troupes.

La véritable mission des armées d’occupation est la répression du peuple haïtien, comme l’ont prouvé les déclarations des différents présidents de la région, en montrant que leur préoccupation était de « prévenir » les pillages et le désordre. Ces gouvernements, même dans des situations d’urgence, dévoilent leur vrai visage de défenseurs des intérêts de la bourgeoisie. Le rôle des troupes est de contrôler la population et de militariser le pays. C’est déjà le cas avec le contrôle de l’aéroport et les postes médicaux par l’armée états-unienne.

Toussaint Louverture
Toussaint Louverture (1748-1803), dirigeant de la révolution haïtienne à la fin du XVIIIe siècle

Haiti n’est pas que misère : ses cris libérateurs ont inspiré l’Amérique et le monde

Comme ils le font toujours pour justifier leurs plans interventionnistes, les impérialistes et les gouvernements bourgeois du monde nous assomment avec les statistiques de la misère qu’ils ont contribué à créer avec leurs plans de surexploitation, faisant d’Haïti un des pays les plus pauvres du monde. Mais Haïti ne se résume pas à ça. Le pays a été un exemple pour le monde entier : c’est le premier Etat d’Amérique latine à être devenu indépendant, en établissant une république noire ; c’est le pays où a eu lieu l’une des rares rébellions d’esclaves qui s’est soldée avec succès. La rébellion noire où Toussaint-Louverture joua un rôle majeur a été un coup porté contre toutes les puissances colonialistes. Elle a mis un terme à l’aventure coloniale de la fameuse armée napoléonienne en Amérique, dans ce qui était alors la colonie française de Saint Domingue. C’est cet exemple-là qu’on veut nous faire oublier depuis lors, depuis que le président nord-américain Thomas Jefferson a refusé de reconnaître l’indépendance du pays. Il a ainsi ouvert une longue période d’isolation internationale, que les puissance européennes et états-unienne soutenaient fonda-mentalement parce qu’elles refusaient d’admettre l’existence d’une nation gouvernée par des anciens esclaves, parce que cette nation représentait une menace pour leur propres systèmes esclavagistes.

Troupes impérialistes et Minustah : dehors !
Pour une grande campagne internationaliste de solidarité avec le peuple d’Haïti !

Le tremblement de terre à Haïti était certes un phénomène naturel inévitable, mais ses conséquences et la manière dont elles ont été affrontées, elles, ne le sont pas. La réponse de l’ONU face à cette catastrophe est une « distribution militarisée », qui exige le maintien de l’ordre et la patience d’attendre les dons. Cela montre bien le rôle des forces d’occupation : répression de ceux qui ont été contraints de piller des magasins pour se nourrir. Comme si à elle seule la catastrophe qui vient d’avoir lieu ne suffisait pas : il faut en plus que le peuple d’Haïti subisse le contrôle des fusils de la Minustah

Dans le même sens, Aramick Louis, ministre de la santé, a déclaré que « des bandes armées ont commencé à prendre le contrôle des rues » et que « la préoccupation majeure du gouvernement se concentre maintenant sur une possible explosion de violence », préparant ainsi le terrain pour une répression. Ce ne sont donc ni les troupes étrangères ni le gouvernement servile d’Haïti, entièrement livré à l’impérialisme et aux multi-nationales qui pourront offrir une issue aux pénuries que subit le peuple. Seuls les travailleurs et le peuple haïtien sont capables d’administrer les aides sous leur propre contrôle.

Face à la catastrophe que subit aujourd’hui le peuple haïtien, la FT et ses sections en Amérique latine appellent à l’organisation d’une grande campagne unitaire des organisations de travailleurs et des organisations politiques qui défendent les intérêts populaires, pour qu’ensemble nous nous mobilisions pour exiger des multinationales la mise à disposition et la distribution gratuite et immédiate de tous les biens nécessaires pour affronter la catastrophe comme les combustibles, les médicaments, les aliments...

  • Dehors les troupes de la Minustah !
  • Yankees, hors d’Haïti et de toute l’Amérique latine !
  • Que les profits des capitalistes servent à affronter la catastrophe !
  • Que les ressources reçues soient gérées par les organisations des travailleurs !
  • Annulation de la dette externe d’Haïti !

1) Ce sont des usines exonérées de droits de douane, liées à des multinationales ; on n’y fabrique rien, mais on y assemble des pièces avec un coût de main-d’œuvre très bas et dans des conditions d’exploitation d’une dureté sans nom. (NdT).

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