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Contre-réforme des retraites : tous ensemble, engageons l’affrontement central avec patronat et gouvernement
Des campagnes mensongères, calomniatrices et abusivement techniques sont menées par la propagande du gouvernement (médias, experts…) à partir de calculs faux ou orientés pour pervertir les esprits et une nouvelle fois mettre en cause nos retraites et pensions. À cela s’ajoute l’orientation des directions syndicales engluées dans les négociations avec Sarkozy, qui refusent toujours l’affrontement en renouant avec les principes gagnants du syndicalisme de classe et de masse dont l’arme majeure est la grève générale. C’est dans ce contexte difficile que doit se mener la bataille pour la défense des retraites. Les 800 000 travailleurs qui ont manifesté le 23 mars et toutes celles et ceux qui ont fait grève ont montré leur disponibilité pour mener ce combat. Pour qu’ils soient encore plus nombreux et qu’ils aillent jusqu’au bout de cette lutte, il est nécessaire de leur proposer une orientation politique anticapitaliste conséquente.
Une attaque coordonnée au niveau européen : de « gauche » ou de « droite », les gouvernement au service de la bourgeoisie
C’est une véritable stratégie des forces du capital qui est coordonnée à l’échelle européenne (et même mondiale) pour faire payer la crise aux travailleurs. Nos retraites et pensions sont dans le collimateur. Le sommet de Barcelone en mars 2002, sous les auspices de Chirac et de Jospin, en avait signé la remise en cause en actant qu’« il faudrait chercher d’ici à 2010 à augmenter progressivement d’environ cinq ans l’âge moyen effectif auquel cesse, dans l’Union européenne, l’activité professionnelle ».
Sarkozy, en zélé serviteur du capitalisme, ne veut pas être en reste. Après avoir annoncé que tout serait réglé à la fin juillet, il a décidé que la loi sur les retraites serait prête « début septembre ». Pourquoi un tel report ? Sans nul doute la déroute prévisible des régionales a joué pour tempérer ses ardeurs belliqueuses de pourfendeur de nos acquis sociaux. Mais surtout, Sarkozy doit s’assurer du soutien d’un maximum de bureaucrates syndicaux, dont il ne peut être certain avant d’avoir mené un cycle de « concertations » avec eux.
Les principaux atouts de Sarkozy sont ceux qui sont censés s’opposer à lui : gauche bourgeoise, réformistes et bureaucrates. Il sait qu’il peut déjà compter sur le soutien sans faille du PS, qui approuve pour l’essentiel ses principales contre-réformes et qui ne veut même pas s’opposer à lui sur une question aussi cruciale que la remise en cause des retraites. Mais il doit plus encore poursuivre ses concertations avec les directions syndicales afin de canaliser au maximum tous risques de rébellion.
Parier sur la crise du mouvement ouvrier, sur l’absence de perspective politique globale du côté du prolétariat, sur le refus des organisations syndicales de s’engager dans la construction d’un mouvement d’ensemble, c’est-à-dire dans la grève interprofessionnelle, est un risque qu’il croit pouvoir assumer. D’une certaine façon, lui comme les autres chefs d’États bourgeois n’ont pas le choix : ils doivent liquider les acquis sociaux, augmenter le taux d’exploitation, pour contrecarrer les tendances à la baisse du taux de profit liées à la suraccumulation de capital. Afin de lui préparer le terrain, politiques, experts et médias essaient d’affoler en présentant des besoins de financement gigantesques car il est de bon ton de tomber dans le catastrophisme lorsqu’on évoque le financement des retraites pour tenter de justifier les sacrifices.
Les directions syndicales ont proposé une journée d’action le 23 mars, qui a connu un certain succès avec 800 000 manifestants. Mais s’en tenir à cette journée d’action sans revendications pour faire reculer Sarkozy dans ses funestes projets témoigne d’une compromission objective que les travailleurs doivent refuser. Or, au lieu de donner une suite à la mobilisation, Thibault a supplié Sarkozy dès le 23 au soir, de façon pathétique, de convoquer d’urgence un nouveau sommet social… Et les directions syndicales se sont réunies quelques jours plus tard pour nous annoncer une nouvelle journée de mobilisation... le 1er mai !
Pourtant il en est un pour lequel le droit à la retraite ne se discute pas : M. Henri Proglio. Ayant « cotisé pendant trente-huit ans dans l’ntreprise, il est normal de bénéficier d’une retraite », a t-il expliqué pour justifier le million d’euros annuel de retraite qu’il devrait recevoir à partir de cette année à soixante ans et demi. De son coté, Veolia, qui lui versera la coquette somme, précise que « l’ensemble des retraites perçues par Henri Proglio est limité à 50 % de sa rémunération brute au cours des trois derniers exercices » (Les Échos, 4 février 2010). Rappelons que, dans le privé, la loi commune que Sarkozy ambitionne d’appliquer à la fonction publique fixe les pensions sur la base des vingt-cinq meilleures années...
Depuis 1990, après le tournant que constituait le Livre blanc des retraites de Rocard (1990), plusieurs réformes ou tentatives ont eu lieu pour s’attaquer aux retraites des travailleurs :
Réforme « Balladur » de 1993 :
- Les pensions du privé sont calculées sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10 meilleures années ;
- Pour les salariés du privé, la durée de cotisations pour avoir une retraite à taux plein passe de 37,5 à 40 années de cotisations ;
- Les retraites sont indexées sur les prix au lieu des salaires (qui, normalement, augmentent plus vite que les prix si une partie des gains de productivité leur reviennent).
Tentative Juppé en 1995 de remettre en cause les régimes spéciaux, principalement celui de la SNCF. Après avoir semblé triompher, elle est rejetée par le mouvement social de l’automne, et notamment la puissante grève à la SNCF.
Loi Fillon sur les retraites (2003) :
- Allongement de la durée de cotisations à 40 ans pour les fonctionnaires en 2008, à 41 ans pour tous en 2012 ;
- Mise en place d’un système de retraite par capitalisation (Plan d’épargne retraite populaire) dans le prolongement de la loi Fabius de 2001 sur l’épargne salariale.
Loi Fillon sur les régimes spéciaux (2007) :
- Fillon parvient à faire ce que Juppé n’avait pas réussi : aligner les régimes spéciaux sur les régimes des fonctionnaires.
Pendant ce temps-là, on explique au commun des mortels que, pour notre bien à tous, pour sauver nos retraites, il va falloir travailler plus longtemps pour toucher moins. En Grèce, le gouvernement socialiste de Papandréou s’est engagé à reculer l’âge moyen de départ à la retraite de 61 ans à 63 ans et à réduire les pensions pour répondre aux diktats des gouvernements de l’Union européenne et des marchés financiers. L’Allemagne d’Angela Merckel parle de départ à 69 ans. L’Espagne du socialiste Zapatero a déjà décidé que ce serait à 67 ans au lieu de 65. Argument de poids avancé : « tout le monde le fait » en Europe. On assiste donc, partout dans le monde à la mise en place d’une thérapie de choc pour faire payer la crise aux travailleurs.
La fausse alternative
D’une manière générale, on nous présente l’alternative incontournable : soit augmenter la durée de cotisations pour toucher une retraite pleine ; soit diminuer le montant des pensions. En vérité, les gouvernements de droite comme de gauche font les deux ! Les travailleurs ont subi trois vagues de contre-réformes : Balladur en 1993, Fillon en 2003 et en 2007 (cf. l’encadré). Dans un premier temps, l’âge légal de départ n’a pas été modifié (60 ans), mais la durée de cotisations a été progressivement allongée : on atteindra 41 ans en 2012, au rythme d’un trimestre supplémentaire tous les ans. Au total, en quinze ans, le taux de remplacement (niveau de la retraite par rapport à son salaire) a baissé de 10 points, conséquence de la modification du salaire de référence et de l’indexation des retraites sur les prix (et plus sur les salaires). Après la flambée du nombre de travailleurs pauvres va s’ajouter celle des retraités pauvres (déjà 11 % des plus de 65 ans). Les mesures prises par Sarkozy pour sauver les banques et les grosses entreprises industrielles qui se chiffrent en milliards d’euros vont encore accentuer et développer les phénomènes de pauvreté, voire de misère.
Dans le même temps, les sociétés du CAC 40 se vautrent dans l’opulence. Les exonérations de cotisations sociales pour les entreprises représentent 30,7 milliards d’euros, le nombre de fonds spéculatifs a progressé de 19% alors que la moyenne des pensions se situe à 1 212€ (source DRESS), soit 1 598€ pour les hommes et 990€ pour les femmes. Mais, sur les 14 millions de retraités, 4 millions perçoivent le minimum contributif (579,85€ plus la retraite complémentaire autour de 100€) et plus de 5 millions entre 800 et 1 000€. La situation des femmes est encore plus difficile puisque 64% perçoivent moins de 900€ par mois et une sur trois moins de 700€. 12% de ces retraités pauvres ont recours à l’aide alimentaire. Malgré ce régime drastique, les caisses sont toujours en déficit : 10 milliards d’euros attendus en 2010.
En vérité, l’alternative entre augmentation de la durée de cotisations et diminution des pensions n’en est pas une : c’est un carcan dans lequel la bourgeoisie veut enfermer les travailleurs. Pour les capitalistes, il n’est en effet pas envisageable d’adapter le niveau des cotisations sociales (payées par les patrons) aux besoins. Pire, depuis une vingtaine d’années, les exonérations de cotisations sociales qui assèchent les finances de la Sécu se sont multipliées. Le rythme de progression des exonérations est impressionnant : +13,1% en 2008 (après +13,5% en 2007, + 13,6% en 2006). La bourgeoisie creuse consciemment le trou de la Sécurité sociale, au nom de la défense de la compétitivité des entreprises françaises, afin de mieux justifier les attaques brutales contre les retraites des travailleurs. Contrairement à ce que nous expliquent les réformistes, la défense de la compétitivité des entreprises est inhérente à la logique capitaliste et n’est pas un « choix » de politique économique parmi d’autres : c’est pourquoi nous devons expliquer que la défense des retraites des travailleurs implique la destruction du capitalisme et la mise en place d’un gouvernement des travailleurs auto-organisés pour y substituer un autre mode de production.
Travailler plus puisque l’on vit plus longtemps ?
L’allongement de l’espérance de vie se conjugue avec une diminution du temps de travail et ce depuis un siècle et demi et pas seulement en France : « Le Royaume-Uni, le Japon, les États-Unis et la Suède sont caractérisés par une diminution du taux d’emploi des 55-59 ans de l’ordre de 10 % par rapport à la classe d’âge précédente », note l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Tout condamne une telle inversion de cette tendance. Pendant toutes ces années, l’économie s’est développée. Pourquoi devrions-nous travailler plus longtemps au prétexte que nous vivons plus longtemps ? C’est une bien singulière conception des progrès de la civilisation. Surtout que ceux qui le préconisent (politiques, experts, bureaucrates syndicaux ou journalistes) ne sont pas ceux qui subissent les conditions de travail les plus harassantes. Un ouvrier, lui, a une espérance de vie (à soixante ans) plus courte de sept ans que celle des cadres.
Alors, n’écoutant que leur audace, les faiseurs d’idées ou des politiciens comme la socialiste Martine Aubry, proposent d’avancer (un peu) l’âge de la retraite pour une partie de ceux qui ont un emploi reconnu « pénible », à condition de retarder celui de tous les autres. La droite et les « sociaux-démocrates » préconisent notam-ment la remise en cause des régimes spéciaux, tout comme la CGT qui « est décidée de porter la revendication d’une maison commune des régimes de retraite ». Ainsi Eric Aubin, chargé du dossier des retraites à la CGT dans le numéro de février d’Ensemble fait-il fi des travailleurs de France Telecom, par exemple, dont le travail n’entre pas dans la catégorie « pénible » (on ne va pas ergoter pour vingt-sept suicides en deux ans, cinq depuis le début de l’année !) ; ils perdraient leur régime spécial et entreraient dans la « maison commune » chère à la CGT. Cette fausse bonne « idée » est aussi vieille que la régression sociale ; y souscrire, c’est prendre à ceux qui ont un peu pour donner à ceux qui ont encore moins.
Retarder l’âge de départ ?
Encore faudrait-il avoir du travail. Actuellement, l’âge moyen de fin d’activité se situe à 58 ans et moins d’une personne sur deux occupe un emploi au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Les autres sont au chômage ou touchent des aides sociales. Dans la plupart des cas, elles ont été chassées de leur entreprise au nom d’un « plan de modernisation » ou autre plan dit « social ». Le taux d’emploi des 55-59 ans n’est que de 56,3 %. Pas un jour sans que l’on annonce des licenciements et des suppressions de postes, les cinquantenaires étant massivement touchés et pratiquement sans espoir de retrouver un emploi. Comment peut-on affirmer qu’il faut travailler plus longtemps alors que l’on est incapable d’interdire ces licen-ciements ? Du reste, s’ils ne sont pas en retraite, ces travailleurs seront au chômage (avec indemnités, elles aussi, de plus en plus réduites).
Allonger le temps de cotisations ?
C’est pénaliser particulière-ment les jeunes, qui entrent plus tard sur le marché du travail et sont confrontés à la précarité à tel point que plus de 80% d’entre eux se demandent aujourd’hui s’ils toucheront une retraite demain. C’est la même chose pour les femmes qui subissent de plein fouet le temps partiel, la discontinuité des carrières. Toute augmentation du nombre d’annuités se traduira mécaniquement par un départ à la retraite plus tardif, si l’on veut bénéficier d’une pension à taux plein, ou par l’acceptation d’une amputation de ses revenus, si l’on veut partir à 60 ans (si ce droit existe encore à l’avenir). À moins de cumuler retraite et emploi pour éviter une chute de son pouvoir d’achat. Le gouvernement Fillon et sa majorité parlementaire ont d’ailleurs fait sauter le verrou et instauré des sortes de « contrats seniors » sur le modèle de ceux en vigueur pour les jeunes. Les employeurs bénéficient alors d’une main-d’œuvre moins chère (salaires réduits, cotisations parfois partiellement exonérées) et qualifiée. Les jeunes, eux, resteront encore plus longtemps aux portes de l’emploi.
Créer un système de comptes individuels notionnels, à la mode nordique ?
C’est la nouvelle recette-miracle avancée. Le terme est technique, barbare à souhait, le système tout autant. Pour résumer, les sommes cotisées au cours d’une carrière constituent un « capital virtuel » ; le montant annuel des pensions est calculé en divisant cette somme par l’espérance de vie de la génération à laquelle appartient le retraité. Plus on liquide ses droits tardivement, plus la pension est élevée. On reste dans un système de répartition, mais un système de répartition qui se comporte comme un système à cotisation définie et non plus à prestation définie. Sont pris en compte l’espérance de vie mais aussi l’ajustement aux recettes du moment, de façon à conserver l’équilibre financier au lieu de chercher un financement pour maintenir le niveau des pensions. Dans ces conditions, il n’y a plus de déficits mais des pensions tronquées.
Selon un schéma classique, les partisans de ce système partent d’une réalité : les inégalités de traitement. En effet, les ouvriers, qui vivent moins longtemps, paient proportionnellement plus que les autres. Mais, au lieu de diminuer l’âge de départ en retraite pour les ouvriers, on pousse les autres à rester en place ou à renoncer à une bonne retraite. Ainsi, avec ce système notionnel, un ouvrier pourrait sans doute toucher (un peu) plus qu’aujourd’hui, mais une caissière, un employé ou un cadre moyen toucheraient moins, sauf s’ils décidaient de partir plus tardivement. Par exemple, ceux qui sont nés en 1980 auraient de toute façon moins que ceux nés en 1970 (dont l’espérance de vie est un peu plus courte). Au total, « le régime verserait des pensions en moyenne moins élevées », note l’étude du Conseil d’orientation des retraites (COR), dans son dernier rapport.
En revanche, dans les régimes par points (comme les régimes complémentaires du secteur privé ARRCO/AGIRC), les cotisations ne servent qu’à acheter des points. La pension est égale au nombre de points acquis multiplié par la valeur du point à cette date. Dans ce cas également, il s’agit d’un système à cotisations définies et à prestation indéfinie.
Il faut tordre le cou à l’idée que la baisse démographique serait la cause de tous les maux
Comme d’habitude, les chiffres les plus effrayants sont brandis pour faire accepter l’inacceptable. En 1960, nous dit-on, il y avait 4 actifs pour 1 retraité ; en 2000, 2 actifs et en 2020, 1,5. C’est vrai. Mais ces deux actifs de 2000 produisent une fois et demi plus que les quatre d’il y a cinquante ans (en raison des gains de productivité du travail). À l’horizon 2050 — avec une hypothèse modérée de productivité à hauteur de 1,7% par an —, un actif produira plus que les deux d’aujourd’hui. Il y aura donc plus de richesses produites sans pour autant qu’il soit nécessaire de différer l’âge de départ à la retraite. À condition que les « actifs » puissent l’être dans les faits sans que le chômage explose.
Ce n’est le cas ni pour les jeunes, qui passent de stages (non rémunérés et donc sans cotisation) en contrats précaires (sous payés et parfois avec des cotisations patronales réduites), ni pour les plus de cinquante cinq ans éjectés de leur travail, ni pour une part importante des femmes cantonnées dans des emplois à temps partiel. Le système actuel assis sur le travail n’est évidemment pas viable s’il ne s’appuie que sur une frange de la population, les 35-50 ans, seuls reconnus aptes à travailler à plein temps. En décembre 2008 (dernier chiffre connu), le nombre de personnes à temps partiel souhaitant un travail à temps plein s’élevait à 1,2 million, soit 4,8 % des actifs, dont les trois quarts sont des femmes. Quand on sait qu’un million d’emplois à plein temps supplémentaires repré-sentent 20 milliards d’euros de cotisations vieillesse de plus en moyenne, on comprend qu’avant de faire travailler plus longtemps, il faut faire travailler tout le monde (5 millions de chômeurs). Cela passe par le partage du travail et des revenus, une autre répartition de la richesse produite pour répondre aux besoins de justice et de solidarité. Or la baisse de la part des salaires et des cotisations sociales dans la richesse produite se poursuit : en vingt ans, elle a chuté de 10 points, passant de 70 à 60 % (180 milliards d’euros de perte chaque année). Et la richesse produite devrait quasiment doubler en quarante ans, à moins que des crises financières à répétition ne contredisent cette prévision.
Droit au travail... et droit à la paresse
En France, la retraite à 60 ans est un droit et non une obligation : chaque travailleur peut ou non l’exercer. Donc changer la loi pour permettre à ceux qui le veulent de poursuivre leur activité n’est pas nécessaire. Par contre, la loi permet à un salarié de rester à son poste (jusqu’à 70 ans). Pour la grande majorité des travailleurs, ceux qui ont un poste usant physiquement, ceux qui subissent une pression inhumaine, une intensification du travail allant jusqu’au harcèlement physique et moral..., fuir l’entreprise devient une opération de survie. C’est donc toute la chaîne du travail, des rapports sociaux qu’il faut repenser. Cela passe impéra-tivement par la nationalisation des moyens de production et d’échanges sous contrôle ouvriers et — pourquoi pas ? — revendiquer le droit à la paresse...
Porter et partager de bonnes revendications...
- Préservation et consolidation du système par répartition : les régimes de base, les régimes complémentaires et les régimes spéciaux. Rejet des fonds de pension, abrogation de la loi Fabius sur l’épargne salariale,
- Retraite à 55 ans, 50 ans pour les travaux pénibles, sans condition de trimestres, et dans l’immédiat 37,5 ans de cotisations maximum pour tous (abrogation des décrets Balladur et des lois Fillon).
- Validation comme années de cotisation les années d’études, de formation, d’apprentissage, de recherche d’emploi.
- Indexation du niveau des pensions de retraites sur celui des salaires, fixation de leur minimum sur celui des salaires.
- Porter le taux de remplacement à 75% au moins du salaire net d’activité (y compris les primes) sur les six meilleurs mois dans le public comme dans le privé.
- Arrêt et remboursement des exonérations de cotisations patronales.
- Arrêt des licenciements.
- Augmentation des salaires, pensions et allocations, le SMIC à 1500€ net, 300€ pour tous.
- Refus de tout allongement du temps de travail : travailler moins pour travailler tous et vivre mieux !
- Pour l’égalité hommes/fem-mes, contre toute discrimination : égalité des droits.
Avec la campagne pour la défense, voire l’amélioration de nos retraites, l’occasion nous est donnée d’y associer l’emploi, les salaires, la régularisation de tous les sans-papiers. Agissons ensemble pour défendre les revendications de l’ensemble des salariés, celles qui permettent de faire l’unité privé/public, occupés/privés d’emploi, français/immigrés, hommes/femmes !
Comment lutter ?
L’enjeu des retraites est un enjeu de classe : pour les capitalistes et leurs représentants politiques, les retraites sont des charges qui augmentent le coût du travail, grèvent la compétitivité et le profit. Le seul moyen crédible, efficace pour que leur désir ne devienne pas une réalité, c’est d’user des méthodes gagnantes et démocratiques de la lutte de classe : l’unité et l’indépendance des organisations du mouvement ouvrier sur la base d’une plate-forme de revendications claire, l’auto-organisation des travailleurs en lutte (AG, comités d’action, comités de grève...), le combat pour la grève générale...
Dans l’immédiat, il s’agit donc de préparer de toutes nos forces l’affrontement central avec le gouvernement et le patronat :
- Il faut lancer une grande campagne nationale d’infor-mation et d’explication en direction des travailleurs, afin de démonter le discours par lequel la bourgeoisie tente de justifier sa contre-réforme, au moyen de tracts, de réunions publiques, de réunions dans les entreprises et les établissements et d’initiatives diver-ses mettant au centre le l’actualité la question des retraites et de l’indispensable affrontement avec le gouvernement.
- Il faut dénoncer et combattre politiquement et frontalement la politiques des directions syndicales et de leurs amis du Front de gauche, exiger qu’elles cessent de se concerter avec Sarkozy en vue d’un « diagnostic partagé », censé faire accepter la prétendue « nécessité » de la contre-réforme, et qu’elles cessent de nous balader avec des « journées d’action » sans perspective.
- Pour construire le rapport de forces, il faut mettre en place dans les entreprises, les établissements et les localités des comités de défense des retraites pour permettre l’auto-organisation des travailleurs, forger immédiatement les conditions de la lutte et la mener jusqu’au bout dès qu’elle partira.