[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Le krach pétrolier : causes et conséquences

Par Gaston Lefranc (21 avril 2020)
Tweeter Facebook

Article initialement publié sur le site du NPA.

La nouvelle a fait grand bruit lundi : le prix du pétrole serait devenu négatif ! Ce n’est pas le cas : le cours du baril (WTI : pétrole américain ou Brent : pétrole de la mer du Nord) a fortement chuté ces dernières semaines, mais il reste positif, désormais entre 15 et 20 $. C’est le cours inscrit sur un produit financier (un contrat à terme pour livraison en mai de pétrole WTI) à la bourse de New York qui est devenu négatif. Les détenteurs de ce titre financier sont des spéculateurs et n’avaient aucunement l’intention de se faire livrer des barils de pétrole en mai ! Du coup, ils devaient trouver des acheteurs physiques qui voulaient vraiment réceptionner le pétrole. Avec la crise, les acheteurs se font rares… et les spéculateurs ont, dans la panique (le contrat à terme expirant ce mardi), consenti à payer des acheteurs pour qu’il récupère le pétrole dont eux ne voulaient pas. Le cours du contrat à terme a plongé à -40 $, et il évoluait ce mardi encore en territoire négatif.

Crise économique et tensions entre producteurs de pétrole sont responsables de la chute des cours du pétrole

Lors de la conférence de l’OPEP élargie à la Russie le 6 mars dernier, aucun accord n’avait pu être conclu pour limiter la production afin de limiter la baisse des prix causée par la crise économique. La Russie et l’Arabie saoudite ont fait échouer un accord, chacun espérant que l’autre réduise sa production à son bénéfice. Depuis désormais près de deux mois, l’économie mondiale est à l’arrêt, entraînant un plongeon de la demande de pétrole. Puisque l’offre ne s’est pas ajustée à cette baisse, les stocks se sont accumulés et les prix ont plongé : ils sont passés de 60 $ le baril en février à moins de 20 $ aujourd’hui.

Un accord a finalement été conclu lors d’un nouveau sommet de l’OPEP élargi à la Russie dimanche 12 avril. L’ensemble de ces pays se sont engagés à réduire leur offre de pétrole de 10 millions de barils par jour à partir du 1ermai. C’est la plus grande baisse de production de l’histoire, et les États-Unis, premier producteur mondial (et non engagé par cet accord), ont bien entendu soutenu cet accord. Ils ont également promis de contribuer à la baisse de la production, mais de façon modeste (en diminuant leur production de 2 à 3 millions de barils par jour).

Cette baisse de la production a beau être historique, elle est largement insuffisante pour enrayer la baisse des prix : en effet, la demande de pétrole a baissé de 30 millions de barils par jour depuis le déclenchement de la crise. Les prix devraient encore continuer à baisser dans les prochaines semaines et pourraient devenir inférieurs à 10 $ le baril.

Des conséquences désastreuses pour les pays producteurs de pétrole

Les pays producteurs de pétrole avaient déjà été fortement ébranlés par la chute du cours du pétrole en 2014-2015, passant de plus de 100 $ le baril à 40 $. Le cours du pétrole s’était ensuite stabilisé depuis environ deux ans autour de 60 $. Les pays dominés fortement dépendants des exportations de pétrole (Venezuela, Iran, Nigéria, Algérie, Congo Brazzaville, Angola…) pour se procurer des devises nécessaires à leurs importations ont été frappés de plein fouet par cette baisse. Des plans d’austérité très durs ont été imposés aux travailleurs/ses pour leur faire payer le manque à gagner.

Cette nouvelle chute des prix du pétrole touche donc des pays déjà fragilisés. Elle va avoir des conséquences dramatiques, d’autant plus que ces mêmes pays sont frappés par une fuite des capitaux, qui fragilise leur monnaie et augmentera donc la charge de leur dette extérieure. Le prix de leurs importations va flamber, les exportations vont chuter : cela va se traduire par une explosion de l’endettement extérieur et une baisse du niveau de vie de la population.

Les États-Unis vont également être durement touchés, vue l’ampleur prise par le secteur du pétrole de schiste. Les investissements vont être stoppés et les licenciements vont être massifs.

En revanche pour les pays non producteurs, la baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle puisqu’elle va jouer positivement sur le taux de profit des entreprises. Néanmoins, cette baisse ne pèse pas bien lourd compte tenu de l’ampleur de l’effondrement économique. En outre, la chute des investissements dans les pays producteurs entraînera dans quelques trimestres une hausse des prix du pétrole quand l’économie mondiale commencera à redémarrer, freinant ainsi l’ampleur d’une reprise qui s’annonce de toute façon très fragile.

Télécharger au format pdf

Ces articles pourraient vous intéresser :

Podcast

Inflation : la comprendre, la combattre

Dans ce nouvel épisode, on revient avec Gaston Lefranc, économiste et militant de la TC, sur la poussée inflationniste qui touche les grands centres de l'accumulation capitaliste depuis la guerre en Ukraine. On analyse la structure de l'inflation en France, on présente les principales théories économiques de l'inflation et on essaie d'en proposer une analyse marxiste, qui reconnaît notamment dans la baisse des gains de productivité les racines structurelles de la dynamique inflationniste. L'inflation est encore une façon de faire payer aux travailleurs/ses la crise du capitalisme : on envisage donc pour finir certaines réponses politiques par lesquelles ces derniers/dernières peuvent se défendre contre cette nouvelle offensive.

  Lire la suite...

Télécharger en pdf Tweeter Facebook

Economie

Elections en Argentine : du peso au dollar ?

Les Argentins voteront aujourd’hui aux élections législatives, les deux partis traditionnels étant affaiblis par la succession de multiples crises économiques et défiés par un outsider libertarien, Javier Milei.

L’actuel président Alberto Fernández, du mouvement péroniste de centre-gauche, a choisi de ne pas se présenter à l’élection présidentielle après près de quatre ans au pouvoir. L’ancienne présidente et actuelle vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner, leader de l’aile gauche la plus radicale du péronisme, est également absente du scrutin. Au lieu de cela, le candidat péroniste est le ministre de l’Economie Sergio Massa qui est positionné à droite.
 

Lire la suite...

Télécharger en pdf Tweeter Facebook

Economie

Michael Roberts: Le taux de profit aux Etats-unis en 2021

Traduction du billet de blog de Michael Roberts du 18 décembre 2022, par Gaston Lefranc

Chaque année, j’analyse le taux de profit états-unien sur le capital. C’est parce que les données états-uniennes sont les meilleures et les plus complètes et parce que les États-Unis sont l’économie capitaliste la plus importante, préfigurant souvent les tendances du capitalisme mondial. Nous avons désormais les données pour 2021 (données nationales officielles les plus récentes).

  Lire la suite...

Télécharger en pdf Tweeter Facebook