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    L’autodestruction d’un parti de gauche au Kosovo

    Lien publiée le 2 février 2018

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://www.anti-k.org/2018/02/02/lautodestruction-dun-parti-de-gauche-kosovo/

    Philippe Alcoy – Wednesday, January 31, 2018

    Vetëvendosje : l’autodestruction d’un parti de gauche au Kosovo

    Pour info.

    Ci-dessou un article sur la crise au sein de Vertevendosje, la gauche radicale nationaliste kosovare, et aussi des messages qui m’ont envoyé des contacts, l’un d’Albanie et un autre du Kosovo (cadre de Vetevendosje), face à ma demande de plus d’infos sur la situation. C’est intéressant car c’est pratiquement le seul parti de gauche radicale dans la région qui a fait sa réputation avec un discours « anti-impérialiste », avec des actions « coup de poing et qui a réussi a gagner une grande popularité dans un pays détruit par la guerre et écrasé par le retard économique et la pauvreté.

    Depuis quelques années ils avaient modéré bcp leur discours, allant même à essayer de créer une alliance politique avec des forces ouvertement bourgeoises contre l’ancien premier ministre mafieux Thaçi. Ca a été un échec total. Bcp d’arrivistes sont rentrés aussi. Du coup, maintenant que le parti est (était ?) haut dans les sondages, une aile électoraliste, plus ouvertement social-démocrate, s’est formée. La « ligne fondatrice » autour du principal dirigeant, Albin Kurti, est critiquée pour bureaucratisme mais aussi trop de « radicalité ». Il s’agit en réalité d’un phénomène proche d’une sorte de néoréformisme balkanique.

    Ceux qui doivent être contents avec cette scission ce sont les dirigeants impérialistes de l’UE et des USA, ainsi que leurs clients locaux.

    P.

    ————————–

    Redi (Albanie):

    « Hi Philippe. From what i understand, I don’t think the chasm is created due to difference in political points, even though some people try to portray it as such, ultimately unsuccessfully. I think the problem is one of leadership. The trio of power in VV for many years has been Albin Kurti, Visar Ymeri and Dardan Molliqaj. After two terms as leader of VV, Kurti respected the party’s statute and stepped down in 2015. Ymeri was consensually elected in his place. Molliqaj was chief coordinator of the activists and gradually grew in influence among those activists who were integrated into the structures of the party and the communes where VV had won. This new « bureaucracy » strongly supported Molliqaj as successor at the head of VV. This was understood by Kurti, who resembling Mao during the cultural revolution, went back to « the roots » to tell the activists that the new bureaucracy and Molliqaj had deviant goals. This lunched, much like in China, a wave of lynching to that group considered as « wage-electoralists » as you say and « the roots » who view in Kurti the image of the eternal and unquestionable leader.

    I don’t know whose side to take in this mess. I hardly see any progressive side here. The trouble with VV is that the new « bureaucrats » were the most intellectually competent people of VV who had the most lefties perspective, whereas « the roots » is mainly that part of activists and supporters who fed on the nationalist rhetoric of VV.

    From the other hand, Molliqaj had wanted to steer the party towards a more moderate, electoralist path.

    Btw, Kurti was re-elected as leader of VV a few weeks ago ».

    Arber (Kosovo):

    « Hello Philippe, I am ok, I hope you are doing well too. The problem that we faced is more like a dispute between the “bureaucratist” and the “political activists”. It started in 2016, when we started to criticise, in our internal meetings, some behaviours and a certain “bourgesification” from some of the movements’ officials. They didnt accept the critic, and the dispute began. The “centrist” side of the parliamentary group, joined the “bureaucrats”. I dont know whether they will be followed by a large electoral mass. But they will try to gain the favours of the international presence in Kosova with their new subject, which apparently will differ from Vetevendosje in 3 major points. They will be less and less anti-colonial and anti-imperial, and will probably denounce Vetevendosje’s stance as “nationalist”; they will not criticise major local corporations (and the media they own); they will denounce Vetevendosje’s stance against islamophobia as “a flirt with islam”. With this they hope to receive support from the medias, corporations and international presence, all the while preserving a certain socialdemocratic, more and more centrist, populist rhetoric.

    The people that are splitting, some are old members, some are newcomers. What they have in common is that they appointed each other at the highest offices in VV organs.

    We will start an organizational reform, which will aim at more gender balance within VV organs, but also more internal decentralization, strengthening our local branches instead of focusing at the general secretariat in Prishtina, and also organizing our members by their profession, in proffessional councils, that will be a basis for a new syndicalism we hope. We will also try to start a network for organizing volunteers to help the poor and the disadvantaged. But we will not radicalise our rhetoric. »

    ——————–

    Vetëvendosje : l’autodestruction d’un parti de gauche au Kosovo

    ; target="_blank">Lapsi | Traduit par la rédaction | mardi 30 janvier 2018

    ; target="_blank">https://www.courrierdesbalkans.fr/Kosovo-L-implosion-de-Vetevendosje

    Première force d’opposition parlementaire au Kosovo, Vetëvendosje ! est sur le point d’imploser. Au sein du parti, les accusations croisées fusent : « dérive autocratique » de son chef Albin Kurti, culture politique « bolchevique » contre « infiltration d’espions serbes »… Et beaucoup de citoyens du Kosovo concluent amèrement : « le PDK a volé notre pain, Vetëvendosje ! est en train de détruire notre espoir ». L’analyse d’Andi Bushati.

    Par Andi Bushati

    Fin novembre 2017, ; target="_blank">Albin Kurti était une nouvelle fois emprisonné pour des raisons politiques, et c’est depuis la prison qu’il a annoncé sa candidature à la présidence du mouvement Vetëvondosje !, cette charge étant alors assurée par Visar Ymeri. La crise qui couvait depuis un an au sein du parti n’a pas tardé à éclater au grand jour. La première à claquer la porte a été la vice-présidente du parti, Aida Dërguti. ; target="_blank">Le 2 janvier, ce fut au tour de Visar Ymeri d’annoncer sa démission.

    Le 19 janvier, Albin Kurti a finalement été élu à la tête de Vetëvendosje !, mais à peine plus de 5000 militant.e.s ont pris part au vote, tandis que près de la moitié des 32 députés du parti devraient acter leur départ dans les prochains jours. Depuis, on assiste à un grand déballage sur le culte d’un dirigeant intouchable et les pratiques sectaires d’un parti au fonctionnement « bolchévique ». Dans le même temps, Albin Kurti et ses partisans multiplient suspicions et anathèmes, évoquant « l’infiltration d’agents étrangers », ou même des cas de « harcèlement sexuel », afin de discréditer leurs opposants.

    Après des années de militantisme acharné et épuisant et la montée en force de VV jusqu’aux portes du pouvoir, cette crise qui ressemble à un (très mauvais) feuilleton télé semble inévitable, voire presque normale. Le problème est de savoir comment le parti d’Albin Kurti y fera face. Est-il capable d’absorber un courant de pensée différent de celui des origines et de prendre en compte les critiques de dérive autocratique contre son fondateur ? Pour l’heure, les premiers signes ne vont pas dans ce sens et des militants zélés n’hésitent pas à dégainer, dans les médias et sur les réseaux sociaux, contre quiconque ose critiquer Albin Kurti. Des militants emprisonnés écrivent des lettres enflammées et traitent de « singes » ceux qui expriment leur désaccord avec la ligne du parti. Certains considèrent les journalistes comme des « ennemis ». Et tous chantent en chœur l’infaillibilité du chef.

    Ce climat délétère est la plus grande menace contre VV. Depuis sa création, le parti a assumé le choix de la radicalité. Dans la mémoire collective sont enracinées de façon indélébile les images du jeune Kurti, étudiant aux cheveux longs, se confrontant à la police de Milošević, ; target="_blank">le prisonnier au crâne rasé de Požarevac, l’homme aux slogans anti-Ahtisaari, ; target="_blank">le manifestant renversant les jeeps blanches d’Eulex, le patriote érigeant ; target="_blank">des barrages contre les camions transportant des marchandises serbes, l’éternel mécontent brisant les fenêtres du nouveau palais gouvernemental et jetant ; target="_blank">des lacrymos dans l’enceinte du Parlement.

    “Pour Albin Kurti, le moment est venu de dire « stop » à tous ceux qui l’idolâtrent et travaillent à l’édification de son culte de la personnalité, malgré lui.”

    Pourtant, au fil des élections, VV a su recueillir de plus en plus de voix. Les citoyens, dont beaucoup se sentent volés et humiliés, ont su faire la différence entre des actes illégaux et la détermination d’un groupe qui croit en ses idéaux. En quelques années, Albin Kurti et ceux qui partagent ses convictions ont réussi à mettre sur pied une véritable force politique sans jamais se corrompre. Ils sont parvenus à donner vie au seul parti albanais de gauche, se battant contre la politique des pots-de-vin, le néolibéralisme acharné, les privatisations frauduleuses et témoignant de leur intérêt sincère pour les couches de la population les plus démunies. Grâce à cet engagement sans faille et à une distinction très nette avec les autres partis politiques kosovars, beaucoup a été pardonné à VV. Souvent même, ces actions ont été perçues comme le seul palliatif à un système politique gravement malade.

    Mais aujourd’hui, bien peu pardonneront à VV l’importation de méthodes indignes des idéaux démocratiques que le parti entend porter, le lynchage public de ses opposants et les attaques brutales contre ceux qui ternissent le portrait du chef. Cette lutte qui déchire le parti est sans aucun doute le plus grand défi que VV devra relever. Il devra prouver sa capacité à écouter des voix divergentes et à survivre dans un environnement pluriel. Pour Albin Kurti, le moment est venu de dire « stop » à tous ceux qui l’idolâtrent et travaillent à l’édification de son culte de la personnalité, malgré lui. Ce n’est qu’ainsi qu’il parviendra à prouver que les gaz lacrymogènes et les cocktails Molotov étaient les armes non-conventionnelles d’un combat respectable et non les signes avant-coureur de l’impossibilité du parti à fonctionner démocratiquement. Ce n’est qu’ainsi qu’il calmera les esprits qui le considèrent encore et toujours comme un électron libre en guerre avec une bonne partie de la société.

    À la veille ; target="_blank">des élections de juin 2017, qui l’ont porté à des sommets électoraux jamais atteints auparavant, Albin Kurti s’est mis à communiquer une image différente de lui-même. Mais le port de la cravate ou les balades en ville avec sa fille pour se donner un air plus abordable et respectable ne seront efficaces que s’il parvient à éteindre le feu du radicalisme au sein de son parti. VV, qui vise le pouvoir au plus vite, doit savoir jouer l’apaisement. Un seul moyen : réduire au silence les extrémistes de ses rangs.