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A Marseille, les grévistes de la SNCF organisent la «convergence des luttes»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
L'union départementale CGT avait appelé les salariés des hôpitaux, les étudiants ou encore les retraités à rejoindre les cheminots. Ils étaient près de 600 dans une gare Saint-Charles survoltée.
Le mégaphone crache Antisocial, boosté par l’effet «caisse de résonance» de la verrière en ferraille. «Y avait longtemps !», hurle, hilare, un militant CGT. Mercredi à Marseille, les cheminots en grève avaient décidé de mettre de l’ambiance dans la gare Saint-Charles. Désert la veille, au premier jour du mouvement, le hall grouille de monde en cette fin de matinée : plusieurs centaines de personnes, salariés du secteur public (hôpitaux, télécoms, Poste, portuaires), mais aussi étudiants, chômeurs et retraités, avaient répondu à l’appel de l’Union départementale CGT pour venir renforcer les rangs des grévistes de la SNCF. Un début de prémisse de «convergence des luttes», sous le regard médusé des quelques voyageurs parqués dans un coin, dans l’attente illusoire d’un train qui n’arrivera jamais. La veille, seul 3% du plan transport a été assuré, avec des taux de grévistes atteignant 85% chez les exécutants. «Ça n’a jamais existé nulle part !», s’enthousiasme Rémy Hours, délégué CGT, posté sur une tribune improvisée dans le hall de la gare. Signe encourageant, les cadres de l’entreprise se sont aussi mobilisés, avec des taux atteignant 30%.
«Ça devient compliqué pour la direction»
Un peu plus tôt dans la matinée, c’est avec ces chiffres encourageants que les représentants syndicaux ont accueilli leurs troupes lors des différentes assemblées générales. Philippe, conducteur de TER depuis vingt ans, ressort de l’assemblée des mécanos gonflé à bloc. «Je sens que tout le monde est concerné, relève le quarantenaire. Avec un taux de mobilisation comme ça, ça devient compliqué pour la direction.» Au départ, ce syndiqué FO n’était pas très favorable au calendrier de grève soumis par la CGT, préférant une grève à l’ancienne, reconductible chaque jour. «Quand un mouvement démarre fort comme ça, on aime bien garder l’énergie, explique-t-il. Mais on sait maintenant que sur le long terme, ça se délite. Là, je sais que le 8 et le 9 avril, on sera encore aussi forts.» Même SUD Rail, qui a déposé un préavis illimité, a décidé de jouer le collectif. «On a des divergences sur la méthode, mais elles ne doivent pas prendre le pas sur l’envie de faire ensemble, insiste Frédéric Michel, secrétaire régional du syndicat. On reprend demain, on continue à informer les cheminots et on rouvre une séquence de grève les 8 et 9 avril. Mais on garde notre préavis pour pouvoir éventuellement rester en grève le 10, quand l’Assemblée nationale va discuter de la SNCF. Et aussi pour accompagner d’éventuelles autres mobilisations.»
La «convergence», c’est désormais le premier objectif affiché par les organisations syndicales. C’est le sens du rassemblement organisé ce mercredi dans la gare par l’UD CGT. «L’attaque du gouvernement est généralisée dans les hôpitaux, les facs, sur les retraités, martèle à la tribune Olivier Mateu, secrétaire départemental CGT. Il nous faut travailler à l’unité des travailleurs, du public comme du privé, car c’est une des conditions de la gagne.» D’ores et déjà, les syndicats ont programmé deux journées de mobilisation commune, les 14 et 19 avril. Histoire de se faire la main, les quelque 600 militants mobilisés mercredi ont décidé de marquer le coup en sortant en cortège de la gare.
Décorer les murs
Quelques fumigènes et rues bloquées plus tard, la cible est connue : les locaux de la représentation régionale de la Commission européenne, derrière le Vieux-Port, se retrouvent en quelques minutes envahis de manifestants déchaînés. Le temps de décorer les murs à coups d’autocollants CGT et les troupes sont déjà devant le bureau vitré de la commission, à l’intérieur de l’enceinte. Il est midi, personne n’est en vue. «Oh Juncker, ouvre !», se marre un manifestant, alors qu’une équipe tambourine à la porte. «Comme on ne comprend pas tout, ironise Olivier Mateu au mégaphone, on est venu leur demander en quoi leur politique de privatisation sert l’intérêt général. Il va falloir qu’ils nous répondent !» Finalement, le représentant local de la Commission accepte de recevoir une délégation, si les locaux sont évacués. Les manifestants cèdent la place. Dans le cortège qui se replie, un jeune cheminot traîne la patte. «Et dire que demain, il va falloir retourner bosser…»