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Comment les "yellow vests" sont vues à l’étranger

Gilets-jaunes

Lien publiée le 22 novembre 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.lexpress.fr/actualite/medias/comment-les-yellow-vests-sont-vues-a-l-etranger_2049656.amp.html

Révolution digne de 1789 ou mouvement digne des forconis, en Italie... Partout dans le monde, les gilets jaunes font parler d'eux.

"Les mouvements de protestation en France font invariablement écho à la lutte des classes et à la révolution de 1789. Les gilets jaunes, qui ont réussi à mobiliser 290 000 personnes en France samedi, sans organisation et sans leader, ne font pas exception."  

Pour le Irish Times, dans un article paru le 20 novembre, le mouvement, qui vise - entre autres - à lutter contre la hausse du carburant en France, est une sorte de bataille entre les élites et le peuple. Une réaction à un Emmanuel Macron "super éduqué", "super cultivé", venu des grandes écoles, comme ses "acolytes". "Quiconque a été horrifié par les insultes de Donald Trump envers les femmes, les minorités ethniques, les journalistes et les Européens, les sorties de Macron semblent inoffensives. Mais pas aux Français à fleur de peau." 

Les Français, protestataires-nés

Très prolixe sur le sujet des gilets jaunes, le site d'information française écrit en anglais The Local, prévient le président Emmanuel Macron dans un billet d'opinion intitulé : "Attention, le mouvement des gilets jaunes ne va pas s'estomper si facilement." "Le gouvernement devrait traiter les gilets jaunes comme la rébellion sociale qu'il représente. [...] Il devrait annoncer son envie de prendre des mesures pour régler les problèmes plus larges existant dans les zones rurales et les banlieues éloignées, du transport, aux impôts et aux services de proximité."  

Dans un autre article, "sobrement" intitulé "voleurs, racistes, anarchistes ou juste des gens normaux ? Qui sont les manifestants des gilets jaunes ?", une journaliste de The Local tente de démêler le vrai du faux concernant l'identité des protestataires. Elle relativise et parle d'un esprit finalement très français. "Qu'ils soient taxis, cheminots, étudiants, ils aiment se montrer et causer le plus de problème possible. Ce qui semble anarchique, comme brûler des barricades et se battre avec la police, c'est seulement la manière dont les manifestations se déroulent souvent en France." 

Des "gilets jaunes" manifestent le 17 novembre 2018 à la Porte d'Auteuil près de Paris

Le Guardian(qui nomme le mouvement "les gilles jaunes" dans l'une de ses vidéos) n'est pas très impressionné non plus. Dans un article paru le 16 novembre, la journaliste Kim Willsher rappelle que "la France a un lourd passif de citoyens qui descendent dans la rue pour forcer la main des gouvernements successifs ces 50 dernières années."  

"La plus grande expression du rejet" de Macron

Aux États-Unis, le webmagazine CityLab, lancé en 2011 par The Atlantic, s'interroge sur le mouvement. "Il n'y a pas de consensus médiatique sur les causes des protestations [des gilets jaunes] hormis la hausse du carburant", écrit le journaliste Feargus O'Sullivan. "S'étant organisées via les réseaux sociaux depuis mai, les 'yellow vests' surgissent un peu de nulle part. [...] Le journal Le Mondeest peut-être celui qui s'est le plus rapproché de la signification du phénomène, le qualifiant de "mouvement de protestation de la classe moyenne." 

Sur le site de la radio britannique BBC, on se questionne sur les suites pour le président français. "Les manifestations, malédiction ou bénédiction pour Emmanuel Macron ? "Peut-être que le gouvernement a raison de ne pas avoir l'air paniqué, estime la correspondante Lucy Williamson. Le succès des gilets jaunes la semaine dernière était basé sur de la spontanéité qu'il est difficile de maintenir." 

Et ailleurs en Europe alors ? Le quotidien national espagnol El Mundo(on y appelle les gilets jaunes "chaleco amarillo") juge que cette vague de gilets jaunes est sans aucun doute "la plus grande expression de rejet à laquelle Emmanuel Macron a dû faire face depuis le début de son quinquennat. Au Spiegel, en Allemagne (où l'on parle de "gelb Westen"), Georg Blume voit dans les gilets jaunes un événement inédit. "Ce pourrait être une scène de manifestation parisienne normale, mais c'est le début de quelque chose de nouveau," écrit-il. "Ce qui est exactement revendiqué n'est pas clair. Mais il s'agit de beaucoup plus que d'une taxe trop élevée sur le carburant. [...] Les préoccupations d'aujourd'hui sont moins motivées par des considérations politiques, mais elles sont plus profondes. Ce sont des craintes de perte de richesse, qui en France ne sont plus capturées par aucune force démocratique." 

Et en Italie, on pense aux "forconi"

Comme le souligne Courrier International à l'aide d'une interview de l'analyste Leonardo Bianchi, c'est encore en Italie que la presse semble le mieux comprendre de quoi les gilets jaunes sont le nom. Il explique ainsi, sur le site du site français. "Elles m'ont rappelé, d'une façon surprenante, le mouvement des forconi [les "fourches"] qui a surgi en Italie il y a cinq, six ans. C'est un mouvement qui n'était lié ni aux syndicats ni aux partis représentés au Parlement, qui est né principalement sur les réseaux sociaux, et qui avait une série de revendications très larges et très confuses." En 2013, les "forconi" avaient bloqué la Sicile pendant une semaines, avec des revendications touchant les taxes, le coût de la vie ou les élites. 

"Ni de droite ni de gauche", des milliers de manifestants venus défendre "les Italiens qui ne tiennent même pas jusqu'à la troisième semaine du mois", ont réclamé mercredi à Rome la fin de l'austérité et le départ du gouvernement d'Enrico Letta

C'est ainsi que la version italienne de Vice publie un article intitulé : "Qui sont les 'gilets jaunes', la version française des forconi ?" "Il y a eu, au cours des dernières années, une manifestation très similaire à celle qui secoue la France, écrit ce même Leonardo Bianchi. Et nous l'avons vécu sur notre peau : la prétendue "révolution" de décembre 2013, passée à la postérité sous le nom de "Forconi". "Et de souligner que "le profil socio-économique des participants est largement superposable à celui des 'gilets jaunes' [...] : le petit commerce, les marchands, les banquiers, les vendeurs, la logistique à la minute, c'est-à-dire les propriétaires, les chauffeurs de camion, une multitude de métiers appartenant à un modèle économique en train de disparaître." 

Ailleurs dans le monde, en Australie, en Chine ou au Japon, le mouvement des gilets jaunes reste encore plutôt discret, et les journaux locaux se contentent d'articles plutôt factuels. Même si, sur le site chinois Storm, on ironise sur la politique Macron : "Promouvoir l'énergie verte peut aussi déclencher une tempête ! La manifestation française 'gilet jaune' contre l'augmentation de la taxe sur les carburants a fait un mort et plus de 500 blessés." Depuis le 20 novembre, on compte désormais deux morts.