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A la manif de la CGT : «Plus on mobilisera, plus il y aura convergence»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Plusieurs milliers de manifestants ont répondu, ce samedi, à l'appel du syndicat, pour dénoncer le chômage et la précarité. Entre les cégétistes et les quelques «gilets jaunes» présents, les revendications s'entrecroisent.
Du rouge et du blanc. Telles étaient, ce samedi, les deux couleurs dominantes de la manifestation organisée par la CGT pour défendre les privés d’emploi. Mais dans le cortège qui a réuni 15 000 personnes selon les organisateurs et 2100 selon la police, le jaune, arboré par quelques manifestants, s’était aussi invité dans les rangs. À 14 heures, place de la République, avant le départ en direction de l’Unédic, l’organisme gestionnaire de l’assurance chômage, quelques intervenants se sont succédé à la tribune. «Nous sommes là pour dire la vérité sur la réalité des privés d’emploi et précaire», explique, au micro, Tenessee Garcia, secrétaire général du Comité national des travailleurs privés d’emploi et précaires qui organise depuis seize ans cette mobilisation annuelle.
«Répression à l’encontre des chômeurs», «niveau record du nombre de demandeurs d’emploi inscrits, soit plus de six millions de personnes», sans oublier les «11 millions de privés emploi», au total, en comptant les non inscrits : le jeune cégétiste prend soin de rappeler les messages portés par les précaires et chômeurs. Mais il parle aussi de «convergence des luttes», de «combat commun» et d'«arme syndicale» pour faire avancer les revendications. Un appel du pied à l’endroit des quelques «gilets jaunes» venus place de la République, et aux autres qui manifestent ailleurs.
Appel du pied
Il y a un mois, aux premières heures du mouvement des «gilets jaunes», la CGT avait fait le choix de garder ses distances. Dans un communiqué, elle dénonçait alors une «instrumentalisation de l’exaspération» des citoyens et des «ressorts obscurs». Depuis, le ton a changé. Dans son dernier communiqué la centrale a donc appelé «l’ensemble du monde du travail à se mobiliser […] quelle que soit la couleur du gilet» à l’occasion de cette manifestation du 1er décembre dont les revendications ont quelque peu été élargies, pour l’occasion, autour du pouvoir d’achat. «On ne veut récupérer personne, mais on pense qu’on peut faire des choses ensemble. Les "gilets jaunes", ils viennent avec nous, on va avec eux… L’essentiel c’est qu’on se respecte les uns les autres», explique le secrétaire général de la confédération, Philippe Martinez, entre deux selfies avec les militants. Avant d’ajouter : «Mais si on veut aboutir, il faut qu’on soit un peu organisé.» Second appel du pied.
Stéphanie, assistante maternelle de l’Oise, non syndiquée, est une de ces «gilets jaunes» venue se joindre à la manifestation de la CGT. Comme beaucoup de manifestants en jaune, cette quadra a choisi de venir ici pour éviter les gaz lacrymogènes qui l’ont fait pleurer le week-end dernier, sur les Champs-Elysées. «Ils nous ont fait acheter des voitures diesel il y a quelques années, et maintenant il faudrait qu’on change. Moi je n’ai aucun transport en commun dans ma commune rurale. Et puis ils sont mignons mais pour acheter une voiture hybride, faut de l’argent. J’ai déjà le crédit de la maison sur le dos et on ric-rac», explique-t-elle. Mais la taxe sur les carburants n’est pas sa seule préoccupation. Habituée à enchaîner plusieurs CDD et à pointer de temps en temps à Pôle emploi, elle s’inquiète de la réforme de l’assurance chômage en cours, qui doit, selon les attentes du gouvernement, modifier les règles de cumul entre indemnisation chômage et contrats de courtes durées. Pour elle il y a «un point commun entre tous les gens qui se mobilisent, ici ou ailleurs: c’est le ras-le-bol et le sentiment de ne pas être écouté.»
«S’ils ne veulent pas s’unir, ils vont perdre»
«Entre les premiers mots d’ordre sur Facebook et aujourd’hui, les revendications des gilets ont un peu bougé et elles ressemblent beaucoup aux nôtres, non ?», pointe de son côté Philippe Martinez. Gisèle, Françoise et Noëlle, retraitées de Seine-et-Marne sont, veulent-elles d’abord préciser, «surtout gilets jaunes». Mais elles le reconnaissent volontiers, «la CGT a les mêmes revendications que nous». Ensemble, elles dénoncent «les salaires des fonctionnaires qui n’augmentent pas et les retraites qui baissent».
Chez les militants CGT, on voit plutôt d’un bon œil l’arrivée de ces renforts. «On est d’accord sur certaines de leurs revendications, comme arrêter la hausse des prix des carburants ou se battre pour les salaires», souligne une membre de l’union locale de la CGT de Pithiviers, dans le Loiret. Pour elle, «plus la CGT mobilisera, plus il y aura convergence des idées et des luttes». «S’ils ne veulent pas s’unir, ils vont perdre. Mais pas question toutefois d’aller avec les casseurs et les fachos ou avec ceux qui sont contre toutes les taxes, y compris les cotisations sociales», prévient son voisin cégétiste.
«Ce n’est que maintenant qu’ils se réveillent les syndicats?»
Venue du Calvados, Martine, cégétiste à la retraite, veut croire que les divergences sont marginales. «J’ai vu des chasubles jaunes où il était écrit qu’il fallait faire payer les riches ou ne pas fermer des maternités», se réjouit-elle. Mais si certains espèrent une réunion de tous les cortèges du jour, d’autres ont bien du mal avec ce mélange des genres. C’est le cas d’une famille de «gilets jaunes» venue de l’Essonne qui, après avoir échoué à rejoindre les Champs-Élysées, vient de débouler, vers 15 heures, place de la Bastille. Et se retrouve, par hasard, en plein cortège cégétiste. La CGT? «Ne m’en parlez pas, je suis anti-organisations syndicales. Ils ne servent à rien. Regardez d’ailleurs, ce n’est que maintenant qu’ils se réveillent les syndicats? C’est un peu tard…», s’enflamme une femme du groupe. Un discours que Philippe Martinez a dû entendre à plusieurs reprises. Un peu plus tôt, dans la journée, il expliquait: « Les gens ne sont pas syndiqués car on ne va pas assez les voir. Partout où on n’est pas présent, les gens ne s’organisent pas ou font sans nous. Ce mouvement des gilets jaunes, c’est aussi le reflet de notre difficulté. C’est de notre responsabilité d’aller partout.»