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Ce que 2018 nous laisse, et ce qui vient en 2019 pour nos luttes.

Lien publiée le 2 janvier 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Ce que 2018 nous laisse, et ce qui vient en 2019 pour nos luttes.

Il est hors de doute que 2018 fut une année sous haute tension. L’impérialisme et les bourgeoisies nationales n’ont pas cessé leurs attaques et ont maintenu sans relâche leur intention de faire payer par la classe ouvrière et les peuples exploités du monde la crise économique qu’ils ont générée.i

Daniel Sugasti,27/12/2018

Cela fait plus de dix ans que le monde traverse une crise économique qui se traduit par une courbe descendante du système capitaliste dans son ensemble. C’est-à-dire que, malgré l’existence de récupérations faibles et éphémères dans l’un ou l’autre pays ou région, la tendance générale est que la crise s’approfondit, ce qui ne peut se traduire qu’en davantage de chômage, de misère, de crises migratoires, de guerres régionales, d’attaques frontales des gouvernements contre les droits historiques acquis par notre classe, etc. Bref, plus d’exploitation et de dégradation de nos conditions de vie.ii

Certains économistes prédisent même une possible récession mondiale dans un avenir proche, un fait qui aurait des conséquences imprévisibles sur le plan social et politique.

La classe ouvrière et les peuples résistent.

Mais il n’y a pas que les capitalistes qui agissent. Comme à d’autres occasions, la classe ouvrière et les peuples opprimés ont également démontré une grande volonté de se battre. Il y a eu des défaites et des victoires, des avancées et des reculs, mais en général, la classe ouvrière résiste aux plans qui consistent à décharger le fardeau de la crise sur ses épaules.

Ce panorama synthétise en dernière instance les hauts et les bas, les phases de l’affrontement fondamental entre la révolution et la contre-révolution, et il est normal que cela engendre une grande instabilité politique et une polarisation / radicalisation croissante de la lutte de classes, qui embrasse presque tous les pays et continents.

La guerre sociale que les capitalistes ont déclarée à la classe ouvrière n’a toujours pas de vainqueur. Ce combat est en cours. Il n’est pas possible de déterminer à l’avance le résultat de cet affrontement social et politique très dur. Mais si nous prenons en compte le cours de cette année qui se termine, nous pouvons supposer que, pour les principales batailles en cours, 2019 sera une année aussi mouvementée, si pas davantage, voire une année décisive.

En 2018, il y a eu de gigantesques mobilisations dont beaucoup se sont radicalisées. Au moment de la rédaction de ces lignes, nous avons été témoins, par exemple, de la force de combat des Gilets Jaunes français, qui ont fait face à la police à Paris au prix de dizaines de blessés et de détenus. Ces GJ ont déjà mis l’arrogant. Macron sur la défensive, l’obligeant à battre en retraite sur certaines questions. En outre, les manifestants bénéficient d’un soutien de 70 % de la population, y compris quand ils installent la guillotine en pleine avenue des Champs-Elysées.iii La lutte des GJ, qui est toujours en cours, a fait écho à Bruxelles, à Madrid et dans d’autres villes. C’est un encouragement important.

D’autre part, le peuple hongrois a récemment renvoyé dans les cordes le gouvernement d’extrême droite et xénophobe d’Orbán. Des milliers de gens se sont mobilisés pour mettre en échec le décret qu’ils ont appelé à juste titre « la loi de l’esclavage ».iv

Rappelons que l’année avait commencé avec l’impressionnante grève des métallos allemands pour la semaine de travail de 28 heures.v Au Portugal, les dockers et des dizaines d’autres secteurs sont en grève ou en lutte intense. En Albanie, les cris contre la hausse du coût de l’enseignement universitaire remplissent les rues. Et en Serbie, c’est contre la violence de l’Etat.

Des protestations en Hongrie

Aux Etats-Unis mêmes, au coeur de l’impérialisme hégémonique, il y a une instabilité politique. L’élection de Trump et le résultat des élections à mi-parcours de novembre dernier montrent, bien que de manière déformée, une importante polarisation politique et un revers électoral du gouvernement étasunien actuel.vi

En d’autres mots, cette situation de polarisation et d’affrontements majeurs entre les classes n’est plus l’apanage des seuls pays les plus pauvres, semi-coloniaux, mais elle touche également certains pays impérialistes centraux, bien que de manière inégale, évidemment.

Quant aux pays semi-coloniaux, nous avons été témoins en 2018 de véritables insurrections contre des régimes dictatoriaux et assoiffés de sang. A la fin de 2017, un processus insurrectionnel contre le dictateur Juan Orlando Hernández (JOH) a débuté en Honduras, qui a continué en 2018, marqué par des actions de masse et par une représentation sanglante.vii

En avril de 2018 a éclaté au Nicaragua un autre processus révolutionnaire, contre la dictature corrompue de Daniel Ortega et de Rosario Murillo, un processus qui, bien que brutalement réprimé, n’est pas mis en échec.viii En fait, l’Amérique centrale a été au centre des événements politiques latino-américains en 2018, soit à cause de ces processus insurrectionnels, soit à cause de la répression sauvage exercée par les dictatures mises en cause par la rue, soit à cause de l’énorme crise migratoire qui a entraîné des milliers de personnes à entreprendre une caravane sans précédent jusqu’à la frontière mexicaine avec les Etats-Unis,ix dont le résultat reste à voir.

L’Argentine mérite également que l’on s’y intéresse sérieusement, après les journées de lutte de décembre 2017 contre les plans d’ajustement du gouvernement de Macri. Le pays fut une référence pour le monde entier dans la lutte contre l’oppression des femmes. Des milliers de femmes argentines sont bravement descendues dans la rue pour exiger la légalisation de l’avortement et le droit de décider de leur propre corps. Ce processus a inspiré des femmes d’autres pays de la région. En fait, les femmes qui combattent la dictature au Nicaragua, qui protestent en Iran, en Irlande et au Chili, et celles qui luttent pour l’avortement légal en Argentine font partie d’une montée généralisée des luttes contre l’oppression.x Dans cette montée prennent place aussi les innombrables luttes des Noirs et des LGBTI, toutes soutenues sans condition par la LIT-QI.

Marche de femmes à Buenos aires, le 4 mai dernier

Il y a un processus de fortes luttes en Amérique latine. Et l’on pourrait dire qu’il y a également un processus de réorganisation, bien que de façon plus inégale. La récente victoire de la liste ORO aux élections du syndicat des mineurs de Huanuni, en Bolivie, contre tout l’appareil du MAS d’Evo Morales, en est un exemple. Ces gens sceptiques – ou carrément défaitistes – concernant la classe ouvrière, qui passent leur temps à se lamenter d’une prétendue vague conservatrice, ne regardant que certains résultats électoraux, se retrouvent à contresens de la réalité.

En Afrique, des luttes intenses ont eu lieu en République centrafricaine. D’autre part, en août, au Zimbabwe, le dictateur Mugabe est tombé suite à un important processus de mobilisation populaire, bien que la lutte pour mettre un terme définitif au régime dictatorial dans ce pays soit toujours en cours.xi En Afrique du Sud, il y a une bonne nouvelle récente. Dans les premiers jours de décembre fut créé le Parti socialiste révolutionnaire des Travailleurs, avec la participation de représentants de notre courant. Il s’agit sans aucun doute d’un pas en avant dans le processus de réorganisation politique, dans un pays d’une grande importance pour le continent africain.xii

Au Moyen-Orient, la polarisation s’est manifestée principalement dans les dures confrontations lors de la Marche du Retour, qui a été marquée cette année par une référence spéciale au 70e anniversaire de l’occupation israélienne.

Cela a généré un processus important et radicalisé de mobilisation, avec des centaines de morts parmi les Palestiniens qui, une fois encore, ont fait preuve de courage en affrontant le pouvoir de l’Etat sioniste d’Israël avec des pierres et des pneus enflammés.xiii

Ceux d’en haut répriment et l’extrême droite gagne du terrain.

Cette lutte des peuples, tantôt à l’offensive, tantôt sur la défensive, a eu – et aura – évidemment sa contrepartie : elle a donné lieu à une résurgence de l’extrême droite et à une recrudescence de la répression et de la criminalisation de la contestation sociale.

Des centaines de combattants ont été assassinés au Venezuela, en Honduras, au Nicaragua et en Palestine, pour ne citer que quelques exemples. Le massacre par l’axe Assad-Poutine-Hezbollah-Iran contre le peuple syrien se poursuit. Chaque jour, des centaines de personnes meurent au Yémen, dans le contexte d’une agression sanglante de la dictature théocratique de l’Arabie saoudite contre le pays le plus pauvre du Moyen-Orient. En Europe, des centaines de personnes ont été arrêtées en France et en Hongrie.

En Argentine, la lutte contre les plans d’austérité a renforcé la répression exercée par le gouvernement de Macri. Notre parti, le PSTU, y est sérieusement persécuté. Depuis le début de 2018, notre camarade Sebastián Romero est poursuivi par l’Etat pour le simple fait d’avoir participé, en décembre 2017, à une manifestation en défense des pensions ;xiv et pour la même raison, notre camarade et dirigeant ouvrier, Daniel Ruiz, a été arrêté et est toujours en prison.xv

Cependant, cela ne nous intimide pas et cela ne met pas en sourdine le mouvement social dans son ensemble, et la lutte en Argentine se poursuit. Cela a été démontré lors de la manifestation contre le G20 qui a occupé Buenos Aires en décembre, en dépit de la vaste opération de répression policière et militaire, mise en place par le gouvernement de Macri et ses invités « d’honneur », les plus grands bandits impérialistes de la planète.

Nous étions fiers de participer dans cette lutte contre le G20 en tant que LIT-QI, dans la rue, coude à coude avec les travailleurs argentins.xvi

La polarisation sociale et politique ; l’instabilité et les crises d’en haut ; les trahisons du réformisme et des traditionnelles bureaucraties syndicales pourries ; ainsi que le manque d’une direction politique révolutionnaire fortement enracinée dans la classe ouvrière ; tout cela a donné lieu à l’émergence de nouveaux phénomènes, qui ont provoqué de grands débats dans la gauche.

Au Brésil, une grève de la classe moyenne et de travailleurs indépendants a paralysé le pays, suite à la hausse constante du prix des carburants. La dénommée grève des camionneurs est un fait nouveau qui ressemble beaucoup à ce que nous avons vu en France.xvii

L’énorme crise ouverte avec le processus des gigantesques mobilisations de 2013, et qui s’est aggravée au cours des dernières années, s’est exprimée électoralement en octobre dernier dans la victoire de l’ancien militaire d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Non pas parce que la majorité des travailleurs ou de la classe moyenne en ruine au Brésil ont maintenant rejoint l’extrême droite, ou sont devenus tout à coup « fascistes » – comme le disent certains secteurs adeptes de la théorie de la « vague conservatrice » – mais parce que la majorité de la population a carrément rompu avec les gouvernements du PT, qui ont trahi de manière grotesque tout l’espoir qu’une grande partie du peuple brésilien avait déposé dans ce parti.

Le PT de Lula a gouverné le pays pendant 13 ans, sans rien changer à la structure et en s’empêtrant jusqu’au cou dans des affaires de corruption scandaleuse. Le vote pour Bolsonaro était dans une large mesure un vote de châtiment contre le PT et, dans un certain sens, contre « tout le système » brésilien corrompu. Il a exprimé surtout une crise énorme de la décadente « démocratie » bourgeoise et de ses institutions. Il a aussi montré, malheureusement, le manque d’une direction révolutionnaire ayant un poids décisif dans la classe ouvrière et dans les secteurs populaires.xviii

La classe ouvrière au Brésil, la plus importante d’Amérique latine, voit donc son niveau de vie attaqué constamment. En fait, les contre-réformes néolibérales ont été promues par tous les gouvernements du PT, puis par Temer – qui, ne l’oublions pas, était le vice-président de Dilma -, et il est maintenant très probable qu’elles vont être renforcées par le gouvernement d’ultra-droite et ultra-néolibéral de Bolsonaro, qui a incorporé plusieurs ministres militaires dans son cabinet.

Mais la classe ouvrière et le peuple brésiliens ne sont pas vaincus. Et des affrontements décisifs s’annoncent pour l’année prochaine. C’est la lutte de classes qui donnera le verdict.

Comme nous l’avons montré, cette situation de polarisation ouvrira non seulement des crises dans les partis réformistes traditionnels ; elle donnera aussi lieu à de plus grands espaces pour des positions plus radicales, de la gauche révolutionnaire à l’extrême droite la plus rance.xix Et, nous insistons, rien n’est défini. Tout dépendra de la lutte de classes.

La crise du néo-réformisme et l’espace pour les révolutionnaires

Avec la crise économique sans perspective de solution à court terme, le réformisme et le néo-réformisme ont démontré de moins en moins de capacité à tromper les gens et à contenir les mouvements sociaux, ou à « contrôler » les nouveaux phénomènes, la plupart spontanés.

Il n’y a plus la même « graisse à brûler » ni le même espace pour faire des « concessions » comme auparavant. Le réformisme classique, l’ancienne démocratie sociale, s’est incorporé depuis belle lurette de manière non critique à l’appareil d’Etat bourgeois et à la gestion directe des plans d’austérité ; et le néo-réformisme (Syriza, Podemos, PSOL, etc.) ne propose ni ne fait quoi que ce soit de différent.

Cela a généré une énorme crise dans ces courants, ces dernières années. La crise du PT brésilien ; le démasquage de Syriza, qui a pris en charge le gouvernement en Grèce pour appliquer les mêmes plans d’ajustement que la droite traditionnelle, aux ordres de la Troïka ; la déflation de l’éphémère phénomène Podemos en Espagne,xx qui soutient désormais le gouvernement de Pedro Sánchez ; ou encore la répression sanguinaire exercée par Maduro et Ortega en Amérique latine ; voilà quelques signes de cette crise et du discrédit croissant que suscitent ces appareils.

Les partis réformistes ou néo-réformistes, qui sont de plus en plus discrédités et ont plus de difficultés à contenir les luttes – quand ils ne gouvernent déjà pas directement pour attaquer la classe – ouvrent chaque jour plus d’espace pour les organisations révolutionnaires, comme notre courant. Bien sûr, il n’y a pas d’avenue triomphale. Mais il y a plus d’espace et un public plus large pour des propositions révolutionnaires visant à sortir de la crise.

Cependant, nous ne sommes pas les seuls – et nous ne le serons pas – dans cette lutte pour la conscience de la classe ouvrière. Outre le vieux et le nouveau réformisme, il y a le phénomène de certaines expressions d’extrême droite qui se développent également, arborant souvent des drapeaux généralement abandonnés par le réformisme et le castro-chavismo, tels que la rupture avec l’UE, en Europe, ou la lutte contre les atrocités des dictatures de Maduro et Ortega, en Amérique latine. De cette façon, ces expressions facilitent finalement l’avancement des secteurs les plus réactionnaires et amplifient la campagne de diffamation menée par ceux-ci face à la classe ouvrière contre « la gauche » et contre « le socialisme ». La lutte contre l’extrême droite doit être implacable, dans tous les domaines.

La seule issue : construire une direction révolutionnaire mondiale

La seule façon de résoudre cette crise économique et sociale en faveur de la classe ouvrière et des peuples opprimés passe – outre l’affrontement aux gouvernements et à leurs agents, dans la rue et à partir de nos organisations – par la construction d’une direction politique révolutionnaire, ouvrière, socialiste et internationaliste. Il n’y a pas d’autre chemin.

Cela signifie la construction de partis nationaux, en tant que partie d’une Internationale révolutionnaire et centralisée démocratiquement, fortement enracinés dans la classe ouvrière industrielle et ancrés dans la théorie marxiste. La construction de partis forts et d’une Internationale, avec la stratégie de la prise du pouvoir par la classe ouvrière et la construction du socialisme à l’échelle mondiale.

Nous sommes bien conscients de nos limitations de tout genre, mais pour nous, cette Internationale est et sera la LIT-QI, qui, à son tour, n’a jamais été conçue comme un fin en-soi, mais comme un outil pour la reconstruction de la Quatrième Internationale, fondée il y a 80 ans par le révolutionnaire russe Léon Trotski, comme embryon du parti mondial de la révolution socialiste.xxi

C’est la grande tâche, camarades. Pour un 2019 de luttes et de victoires nombreuses pour notre classe !

Notes :

iVoir notre rétrospective de 2018 dans la vidéo du programme spécial de Marxismo Vivo (en espagnol, sous-titré en anglais) :

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