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La déforestation s’accélère : la forêt primaire a perdu 1,7 million d’hectares en 2020

écologie

Lien publiée le 9 avril 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://mrmondialisation.org/la-deforestation-saccelere-la-foret-primaire-a-perdu-17-million-dhectares-en-2020/

Au cours de l’année 2019, 4,2 millions d’hectares de forêts tropicales humides ont disparu, soit l’équivalent de la superficie totale des Pays-Bas. C’est le bilan sans appel du rapport annuel du Global Forest Watch. Alors que l’année 2020 était une date butoir au regard des nombreux engagements politiques et privés pris pour lutter contre la déforestation, ce rapport démontre que l’humanité est loin d’avoir atteint ses objectifs. Explications.

Les données récoltées par l’Université du Maryland et publiée par Global Forest Watch témoignent d’une augmentation continue de la déforestation dans le monde. En 2020, la perte de forêt primaire s’est accentuée de 12 % par rapport à l’année précédente et, pour la deuxième année consécutive, s’est aggravée dans les tropiques. Ces pertes sont « une urgence climatique, une crise pour la biodiversité, une catastrophe humanitaire et des opportunités économiques perdues », déplore Frances Seymour du World Resources Institute auprès du Monde. Et pour cause, ce sont au total plus de 12 millions d’hectares qui ont disparu sous les tropiques, dont 4,2 directement au sein des forêts tropicales humides. Des zones qui jouent pourtant un rôle majeur dans la lutte contre le dérèglement climatique de par leur grande capacité à stocker du carbone.

2,64 gigatonnes de CO2 libérées dans l’atmosphère

En plus de leur rôle de régulateur climatique, les forêts abritent également 80% de la biodiversité terrestre et permettent de subvenir aux besoins de 1,6 milliard de personnes dans le monde, en plus d’être les poumons verts de la planète. Mais aujourd’hui la tendance s’inverse : la disparition des forêts primaire en 2020 a libéré 2,64 gigatonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de 570 millions de véhicules. « Plus nous attendons pour stopper la déforestation, (…) plus nos puits de carbone naturels risquent de partir en fumée », a prévenu Frances Seymour.

L’Amazonie, poumon vert de notre planète, est la principale forêt victime de déforestation – Flickr.

Pourtant, leur destruction ne cesse d’augmenter alors que les causes de la déforestation demeurent principalement d’origine humaine. C’est en effet la culture des produits de base qui est le principal facteur de perte du couvert forestier en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, tandis que l’agriculture itinérante domine en Afrique tropicale et continue d’y faire des ravages. Mais ce sont aussi les incendies et d’autres phénomènes liés au changement climatique qui ont joué un rôle important dans les pertes désastreuses enregistrées ces dernières années.

L’Amazonie bientôt transformée en savane

Au Brésil, premier pays du classement, la déforestation n’a cessé d’augmenter depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. Bon nombre de zones nouvellement défrichées se situent le long des limites méridionales et orientales de l’Amazonie et le long des routes qui traversent la forêt. En 2019, la plupart des incendies s’étaient déclarées dans des zones déjà déboisées, dans lesquelles les agriculteurs préparaient les terres pour l’agriculture et les pâturages. Dans ces régions, il est déjà trop tard, la nature ne reprendra jamais ses droits. La situation est plus préoccupante encore en 2020, puisque une part importante des incendies a consumé l’intérieur même des forêts, les feux allumés par l’homme s’étant étendus au-delà du périmètre prévu, en raison de la sécheresse.

La technique du brûlis, qui consiste à défricher de nouvelles zones par le feu, engendre des incendies ravageurs. – Flikr

Au total, la forêt primaire a perdu 1,7 million d’hectares en 2020, soit une hausse de 25 % en un an, selon le rapport. « On peut craindre que les incendies et les émissions qu’ils provoquent augmentent à l’avenir, car le changement climatique et la poursuite de la déforestation assèchent les forêts et augmentent leur vulnérabilité aux incendies. La boucle de rétroaction positive ainsi déclenchée pourrait potentiellement transformer l’Amazonie en savane », expliquent les chercheurs. La même dynamique semble se reproduire un peu partout en Amérique du Sud, et c’est d’ailleurs la Bolivie qui monte sur la troisième marche de ce classement (derrière la République démocratique du Congo).

Une lueur d’espoir pour l’Indonésie ?

Une lueur d’espoir teinte toutefois ce rapport avec les progrès de l’Indonésie et de la Malaisie, qui réussissent à réduire le rythme de la déforestation sur leur territoire. L’Indonésie descend ainsi du podium pour la première fois depuis l’existence de ce classement. Les chercheurs pointent des conditions climatiques favorables à la réduction du nombres d’incendies dans la zone avec davantage d’humidité sur les dernières périodes.

Mais c’est aussi une action politique et un engagement de la part des industries de papier et de palmes en faveur de la préservation des forêts tropicales qui montreraient leurs premiers effets. Global Forest Watch appelle cependant à la prudence : « il est également possible que le climat régional et le contexte commercial aient réduit la pression sur les forêts – des conditions qui pourraient changer et, sans les bonnes mesures en place, annuler les progrès réalisés » .

En effet, même si le rapport pointe du doigt certains comportements dus à la crise sanitaire (exode rural ou absence de protection des forêts), « la façon dont les pays choisissent de reconstruire leur économie après la pandémie est peut-être encore plus importante que l’impact immédiat des confinements et des restrictions aux déplacements » . Si les pays de ce classement risquent en effet de recourir à l’abattage généralisé de ces forêts pour relancer la machine économique mondialisée d’après crise, il est au contraire aujourd’hui indispensable que ces dirigeants saisissent au contraire cette opportunité pour mettre au coeur de leurs politiques publiques la préservation de ces écosystèmes millénaires.

L.A.


Source : Rapport du Global Forest Watch :