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La classe ouvrière entre en scène en Afrique
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La classe ouvrière entre en scène en Afrique | LIT-QI (litci.org)
13 janvier 2022
L’aggravation de la situation en Afrique avec l’augmentation de la polarisation de la lutte des classes indique que nous aurons devant nous de nouvelles et fortes confrontations. Cependant, il y a un élément différenciateur qui commence à apparaître dans les processus de rébellions et d’insurrections en Afrique : la classe ouvrière entre en scène.
Hundreds of NUMSA workers marched from the Mary Fitzgerald Square to the Metals Engineering Industries Bargaining Council office in Marshalltown to hand over the memorandum of their demans on Tuesday. It was part of the national strike by steel engineering workers who are demanding an 8% wage increase, among other things. (Photo: Masego Mafata)
Par : Cesa Neto et Asdrúbal Barboza
En analysant les luttes de juin-juillet 2021 jusqu’à début novembre en Afrique subsaharienne, nous avons vu d’importantes grèves de secteurs organisés de la classe ouvrière. Ces grèves, en général, correspondaient à trois enjeux majeurs : a) la défense de la santé pendant la pandémie ; b) questions de salaires; et c) des processus de conflits syndicaux, ce qui nous amène à penser à un processus de réorganisation. Voyons comment ces grèves se sont déroulées par pays.
Afrique du Sud : a) Grève Metrobus à Johannesburg, huit semaines, avec beaucoup de violence (deux morts) ; b) Grève Impala Platinum (Rustenburg), pandémie et conflit syndical; c) Nestlé, huit semaines, augmentation de salaires et conflit intersyndical ; d) Université de Rhodes (Makhanda/Eastern Cape), conflit de représentation syndicale ; e) Travailleurs du parti au pouvoir CNA, dans toutes les régions, en raison de trois mois d’arriérés de salaires ; f) Town Hill Hospital (KwaZulu-Natal) contre le harcèlement moral pendant la pandémie ; g) les travailleurs de SAKPRO Manufacturing (Nelspruit) réclamant 8 % et l’entreprise offrant 5 % ; h) Spot On Dry Cleaners, grève pour la reconnaissance d’une autre entité syndicale; i) First Automobile Works, grève dans cette usine d’assemblage de véhicules pour une augmentation de salaires et la reconnaissance de l’entité syndicale; j) Secteur public, important processus de mobilisation en marche, mais la majorité de la direction syndicale accepta une augmentation de 1,5 %, qui fut approuvée sans consultation des membres [1].
Entretemps, la grève la plus importante a été celle des métallurgistes qui arrêtèrent le travail pendant trois semaines, organisèrent de grandes manifestations, ne se laissairent pas intimidés par la répression gouvernementale et remportèrent une petite mais importante victoire.
Angola : Grève des médecins, des infirmières et des travailleurs de Sonangol, et ily à des signes d’une grève des travailleurs de l’eau et de l’assainissement.
Tchad : Les travailleurs d’Exxon au Tchad se mirent en grève en raison d’inquiétudes concernant l’emploi à la suite du projet de vente d’actifs locaux à l’entreprise britannique Savannah Energy.
Gambie : infirmières et sages-femmes en grève pour défendre les subventions et de meilleurs salaires pendant la pandémie.
Ghana : a) Hôpital psychiatrique de Pantang, grève pour la sécurité pendant la pandémie ; b) L’Université d’études commerciales et de développement intégré Simon Diedong Dombo (SDD-UBIDS) en grève pour divers problèmes administratifs et salariaux.
Guinée Bissau : a) l’UNTG convoqua une grève générale des employés publics pour exiger du gouvernement, entre autres, la démission des employés embauchés sans concours public, de meilleures conditions de travail, et un doublement du salaire minimum actuel de 50 000 francs CFA actuels (76 €) ; b) Des agents de la santé de différentes régions de la Guinée Bissau se mirent en grève fin septembre pour lutter pour l’amélioration du système de santé.
Lesotho : 40 000 travailleurs de la confection (principalement des femmes) au Lesotho se mirent en grève pour une augmentation de salaire de 20 %. Ce fut une longue grève, une fois de plus avec beaucoup de violence et de répression de la part de la police et de l’armée. Pour finir, elles furent victorieuses. Il y a eu des moments où des militants descendirent dans la rue et mirent feu à des propriétés chinoises, en représailles contre leurs employeurs, pour la plupart chinois ; b) Grève des infirmières pour non-paiement des salaires. Les infirmières embauchées dans le cadre de la campagne gouvernementale de lutte contre le Covid-19 se mirent en grève pour protester contre les arriérés de paiement de leurs salaires.
Malawi : Malawi Post Corporation (MPC), deux semaines de grève des postiers, en raison de retards de paiement.
Namibie : Grève des employés de la chaîne de télévision nationale, Namibian Broadcasting Corporation (NBC), pour de meilleures conditions de travail, pur de l’équipement et pour que les travailleurs contractuels aient un emploi permanent. La grève dura un mois.
Nigéria : Des médecins résidents se mirent en grève pendant neuf semaines en raison de plusieurs mois de salaires et d’autres avantages dus et d’être mal équipés et mal dotés pour le travail, en plus des conditions épouvantables dans les hôpitaux publics.
Kenya : a) Les travailleurs de la Chemelil Sugar Company arrêtèrent la production en raison d’arriérés de salaire. Il y a 600 travailleurs effectifs et 469 travailleurs contractuels ; b) Des professeurs de 35 universités paralysèrent leurs activités en raison du non-respect du CCT 2017-2021.
République démocratique du Congo[2] : a) Grève de médecins en raison d’arriérés de salaires et d’une augmentation. Elle dura trois semaines; b) Grève des enseignants en raison des salaires, des primes et de l’âge de la retraite ; c) Les travailleurs du port se mirent en grève en raison de 38 mois d’arriérés de salaire. Une grève très radicalisée. Un exemple de radicalisation se produit lorsque des centaines de travailleurs de la société portuaire d’État de la République démocratique du Congo envahirent son siège social, brisant des vitres, brûlant des meubles et se heurtant à la police pour des salaires qu’ils disent impayés depuis plus de trois ans. Cette grève attire notre attention sur le changement d’humeur des travailleurs en période de pandémie. Ils ont attendu 38 mois pour leurs salaires et quand ils sont entrés en lutte, ils l’ont fait de manière très radicale.
Sénégal : Grève de la Poste (Post Sénégal) pour non-paiement des droits. Les travailleurs accusent le gouvernement de Macky Sall de gardent pour eux des titres de la société d’État.
Zimbabwe : Grève des 1 500 travailleurs de l’entreprise chinoise Afrochine Smelting. Selon le syndicat, « nous travaillons dans la peur, sans sécurité d’emploi et humiliés tous les jours. Vous êtes battu par des superviseurs de nationalité chinoise et, si vous le dénoncez à la police, vous êtes injustement licencié avant la conclusion de l’affaire ».
Il y a eu plusieurs grèves assez emblématiques ces derniers mois. La première qui saute aux yeux est la grève des métallurgistes en Afrique du Sud [3]. Ceci est important en raison de sa radicalisation, en raison de son extension, dans la mesure où elle inclut une partie substantielle des entreprises métallurgiques du pays, et parce qu’elle se produisit immédiatement après la vague de pillages. Une autre grève importante fut celle des couturières au Lesotho. Bien que ce pays n’ait connu aucun processus d’instabilité ces derniers mois, il y eut beaucoup de radicalisation dans la grève, avec divers affrontements avec la police et l’armée. C’est un syndicat composée principalement de femmes, qui étaient prêtes à affronter les effets de la crise économique, ses attaques, et avec un resentiment contre les entreprises chinoises et leurs méthodes analogues au travail des esclaves. Attaquer des propriétés commerciales appartenant à des Chinois est également une forme de répudiation de la violence avec laquelle les patrons chinois traitent les travailleurs en Afrique. Les pratiques vont du refus de reconnaître les syndicats à l’agression physique signalée au Zimbabwe, au Congo et au Lesotho.
Une autre grève emblématique est celle des dockers du Congo. Ces travailleurs passèrent plus de trois ans sans recevoir de salaire ! Ils attendirent patiemment. Pourquoi n’ont-ils explosé qu’après la pandémie ? À notre avis, cela a à voir avec l’énorme polarisation que nous commençons à vivre après la période la plus intense de la pandémie.
Si le radicalisme est une marque de ces grèves, il y a une autre caractéristique qui s’exprime dans de nombreux pays : le renforcement des organisations syndicales ou l’émergence de nouvelles organisations qui contestent l’ancienne bureaucratie syndicale.
Il faut aider les travailleurs à étendre leur lutte. Trouver des alliés pour leurs grèves, dans le pays en question et à l’étranger. Nous avons l’obligation de faire preuve de solidarité et de soutenir la lutte de nos frères africains.
Notes:
[1] What about the workers? The public sector wage agreement was signed without grassroots consultation –