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Inflation : #BrunoDemande et Bercy brassent du vent
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Inflation : #BrunoDemande et Bercy brassent du vent - L'Humanité (humanite.fr)
Face aux multinationales de l’agroalimentaire qui engrangent des profits en pleine flambée des prix, le ministre de l’Économie hausse le ton mais ne propose aucune mesure structurante.
Il a promis de « veiller sur les prix comme le lait sur le feu ». Et dans le monde merveilleux de Bruno Le Maire, quand le ministre de l’Économie demande, les grandes multinationales s’exécutent. Dans son esprit, c’est exactement ce; target="_blank" rel="noreferrer noopener" style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-bottom: 0px;" target="_blank"> qui s’est passé avec Total Énergie. Après « une semaine de discussion » au cours de laquelle Bruno le Maire a demandé au pétrolier de prolonger en 2024 le plafonnement du litre d’essence et de diesel à 1,99 euro, la multinationale a annoncé mardi qu’elle promettait de le faire dans ses 3 400 stations, tant que les prix resteront élevés.
Pour le locataire de Bercy, pas de doute : cette “méthode” est gagnante car elle permet de; style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-top: 0px;" target="_blank"> “partager; style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-bottom: 0px;" target="_blank"> le fardeau de l’inflation”. Et si ça marche pour les carburants, pourquoi ne pas faire de même avec l’alimentaire ?
À y regarder de plus près, cette façon de faire ressemble à un grand brassage d’air. Rien d’étonnant venant de celui qui n’a pas vu venir le choc de l’inflation et se refuse à reconnaître l’existence des superprofits. En juin dernier, pour parer la flambée des prix dans les rayons, Bruno Le Maire avait déjà demandé à 75 récalcitrants de l’agro-industrie, suspectés de ne pas suivre la baisse des cours de l’énergie et de certaines matières premières, de modérer la valse de leurs étiquettes. Sinon, le ministre les menaçait de recourir à la fiscalité pour “récupérer leurs marges”. À l’époque, rien s’est passé, ni côté prix, ni côté sanction.
21 % d’augmentation sur l’alimentaire en deux ans
Après l’annonce d’une nouvelle hausse des prix au mois août, tirée par l’alimentaire (+11,1 % sur un an, +21 % sur deux ans), Bruno le Maire est remonté au créneau début septembre. Cette fois, il a menacé les distributeurs et industriels d’agir directement sur les prix en bloquant, ou baissant, ceux de 5 000 produits; style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300;" target="_blank"> en magasin -soit un quart des références —, de « 5 %, 10 %, 15 % selon les produits concernés », et ce « tout de suite ». Là encore, Bruno Le Maire laisse le soin aux industriels et distributeurs de sélectionner les produits qui figureront dans la liste qui devrait être transmise “très prochainement à Bercy”, nous précise-t-on.
À charge ensuite à ; target="_blank" rel="noreferrer noopener" style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-top: 0px;" target="_blank">la Direction générale de la concurrence, de la consommation; style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-bottom: 0px;" target="_blank"> et de la répression des fraudes (DGCCRF) de réaliser les contrôles. Les enquêtes consistent à analyser l’évolution du prix des produits concernés et de vérifier si les engagements pris par les distributeurs volontairement impliqués sont respectés.
5 % des supermarchés contrôlés
La répression des fraudes a depuis un an une autre mission. Celle-ci consiste à vérifier le poids et la quantité des produits mis en rayon, pour s’assurer que les entreprises n’en profitent pas ; target="_blank" rel="noreferrer noopener" style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-top: 0px;" target="_blank">pour vendre au même prix des quantités plus faibles ( « shrinkflation; style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300;" target="_blank"> »). Selon Bercy, les contrôles auraient été effectués dans « 300 supermarchés », soit seulement 5 % des établissements présents sur le territoire. Quarante et une « anomalies » auraient été détectées. De quoi, explique la DGCCRF, « constater la réalité de cette pratique, (…) mais son absence de caractère généralisé ».
Si cette administration « veille à la loyauté et au bon équilibre des relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs », celle-ci prévient qu’elle n’a pas vocation à analyser les marges, car « les prix sont fixés librement ». Pourtant, il faudra bien s’intéresser aux marges des entreprises si on veut faire baisser l’inflation, car ce sont elles qui tirent les prix à la hausse depuis au moins un an. Le Fonds monétaire international (FMI) avait révélé le pot aux roses dans une étude parue récemment. Selon l’institution financière internationale, au premier trimestre 2023, les profits des entreprises de la zone euro ont contribué à hauteur de 49 % à la hausse des prix, devant les salaires, les coûts de l’énergie, etc. En France, le tableau est identique. « Au deuxième trimestre, les marges des entreprises ont été le premier moteur de l’inflation en France », confirme Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade (Les Échos, du 7 septembre).
48 % de taux de marges
Les industriels de l’agroalimentaire sont parmi les grands gagnants de la période, avec des taux de marge ahurissants de 48 %, au premier trimestre, selon l’Insee. Il y a quelques mois, Bruno Le Maire brandissait un index accusateur à l’endroit des industriels qui ne joueraient pas le jeu des baisses de prix, menaçant de dévoiler la liste des mauvais élèves. La liste, jamais publiée, doit dormir dans un tiroir de Bercy. Le ministre s’est borné à laisser filtrer les noms de Unilever, Nestlé et Pepsi. Et à annoncer sa volonté d’avancer les négociations annuelles entre les industriels et la grande distribution, qui doivent déterminer les niveaux des prix dans les mois à venir.
Pourtant, l’exécutif pourrait faire bien plus. Un nombre croissant d’économistes et de responsables politiques ; target="_blank" rel="noreferrer noopener" style="box-sizing: inherit; background-color: transparent; color: rgb(241, 60, 71); text-decoration: none; line-height: 25.2px; font-size: 1.125rem; font-weight: 300; margin-top: 0px;" target="_blank">plaident pour un blocage général des prix, même s’il ne suffit pas de le décider dans un ministère pour le rendre effectif. « Un blocage administratif ne suffira pas, alertait l’économiste communiste Denis Durand dès le printemps 2022. Il faut agir sur la formation des prix et la fixation des marges là où elles se décident, dans les entreprises. Les mieux placés pour en avoir connaissance, pour signaler les abus au public et, le cas échéant, pour en saisir l’administration, sont les salariés de ces entreprises eux-mêmes. »
Cela exige deux conditions, poursuivait l’économiste : « Un renforcement des effectifs et des moyens des services de Bercy, et l’exercice de nouveaux droits d’accès à l’information économique par les institutions représentatives du personnel, avec de nouveaux pouvoirs d’intervention et de décision pour imposer des changements dans la politique de prix de l’entreprise. »
Autre solution qui a le vent en poupe, l’indexation des salaires sur la hausse des prix, en vigueur en France jusqu’en 1983. Les libéraux s’y opposent, officiellement pour ne pas enclencher une boucle prix-salaires, qui voit la hausse de salaires alimenter l’augmentation des prix. Reste que l’argument ne marche pas. « Il y a un consensus entre analystes pour expliquer qu’aujourd’hui, l’inflation n’a pas tirée par les hausses de salaires, confirme Sylvain Billot, statisticien économiste. On pourrait donc tout à fait indexer les salaires sur les prix, à condition évidemment de fixer un plafond pour que la mesure ne profite pas aux très hauts salaires. »