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Nuit debout : "La gauche telle que nous l’avons connue n’existe plus"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le politologue Gaël Brustier a analysé la genèse et les évolutions de Nuit debout. D'après ses observations, le mouvement est né d'une "passion démocratique" et contribue à la "lente maturation d'une réorganisation de la gauche".
Gaël Brustier, chercheur en sciences politiques au Cevipol (université libre de Buxelles) et membre de l'Observatoire des radicalités politiques de la fondation Jean-Jaurès, dresse un premier bilan de la mobilisation de la place de la République dans son livre "#Nuitdebout que penser ?" (éditions du Cerf). Selon lui, le mouvement citoyen constitue un défi pour la gauche de gouvernement qui est appelée à se repenser. Entretien.
En quoi Nuit debout est-il le signe que la refonte de la donne politique de notre pays est inexorable ?
- Ce mouvement révèle beaucoup de la situation politique de notre pays, de l'évolution de la gauche radicale mais aussi de la fragmentation des antagonismes sociaux. Nuit debout a montré, dès les premières heures, une réelle passion démocratique qui va de pair avec une non moins réelle défiance vis-à- vis des institutions et d’une partie des médias.
La place de la République est devenue un carrefour de parcours militants qui ont permis sa naissance, de familles politiques différentes qui se retrouvent autour de problématiques communes, mais aussi de nouveaux venus. Le maître mot est "l'horizontalité", qui caractérise nombre de mouvements sociaux dans nos sociétés. Nuit Debout dit également beaucoup de choses de la difficulté qu'il y a à porter un conflit social dans une société polarisée et fracturée comme la nôtre...
Le mouvement a-t-il connu des évolutions majeures depuis sa naissance, le 31 mars ?
- Le cœur du mouvement c’est la contestation de la loi Travail. Un rassemblement beaucoup plus large de gens qui veulent changer le monde et qui l'assument s’est opéré. Ils viennent avec le souhait de participer à l'évolution du débat auprès de collectifs aussi divers que Hôpital debout, Musées debout, Sciences debout. Le mouvement part d'un mécontentement du "salariat" mais est aussi porté par nombre d’autoentrepreneurs et d’"intellos précaires". Sa diversité et sa richesse est portée à la connaissance de tous sur son "wiki" .
Dans votre livre vous écrivez : "le vieux monde se meurt. Le nouveau ne parvient pas encore à naître." Pourquoi ce nouveau monde a-t-il tant de difficultés à éclore ?
- Nous vivons une période où la déconnexion entre notre modèle économique et la vision du monde des Français est béante. Quand les deux sont dissociés, c'est le moment paroxystique de la crise. Et la crise peut durer très longtemps. Dans le même temps, les grandes familles idéologiques évoluent, certaines déclinent et disparaissent, d’autres mutent. Nuit debout est un des moments de maturation à gauche, pour la gauche radicale, l’écologie politique, mais pas seulement...
Nuit debout met sur la table un certain nombre de sujets qui contribuent à la lente maturation de la réorganisation de la "gauche". La gauche telle que nous l’avons connue n’existe plus… c’est aussi une des causes du développement de ce mouvement.
Nuit debout est-il aujourd'hui en stagnation, en expansion ou en récession ?
- Nous sommes dans une tendance à la lente expansion, même s'il faut être très prudent, car c'est un mouvement aux multiples facettes. Le mouvement ne se développe pas de la même façon, ni évidemment au même rythme, dans Nord-Est ou dans le Sud-Ouest de la France, dans les grandes métropoles ou les petites villes industrielles, dans le centre des villes ou les banlieues.
Dès sa création il y a un mois, vous disiez que pour durer, le mouvement devrait universaliser son discours. A-t-il réussi à le faire ?
- Dès le départ, Nuit debout a été immédiatement conscient de ses propres limites, ce qui est très rare. François Ruffin(le rédacteur en chef de "Fakir" qui a donné son impulsion à la mobilisation, NDLR) dit par exemple depuis le début que la difficulté est de transporter le mouvement en banlieue, dans les zones rurales et dans les zones industrielles. Les membres du collectif essaient de s'adresser à une autre sociologie que la leur, ils ont du mal, ils l'assument, ils le disent. Pour l'instant, quand on regarde où le mouvement prend le plus d'ampleur, on constate qu'il se calque sur la géographie de l'électorat de gauche. Le mouvement grandit au cœur des "idéopôles", ces métropoles connectées à la mondialisation, et ses acteurs sont principalement de jeunes diplômés.
Autre condition à la pérennité du mouvement : bannir la violence. Or, les évacuations de la place de la République les 28 avril et 1er mai ont donné lieu à des altercations musclées entre policiers et casseurs...
- Prenons garde à ne pas faire se télescoper deux sujets : celui des casseurs qui viennent parasiter les mouvements sociaux et ce que révèlent ces mouvements sociaux de l’évolution de la France. En termes d'image, il est fâcheux que les hurluberlus qui cassent du mobilier urbain et agissent avec violence portent atteinte aux différents mouvements ou manifestations qu’ils parasitent.
Il faut cependant toujours garder le cap d’une analyse en profondeur de ce type de mouvement, en les restituant dans des processus plus globaux, plus longs. Dans une période de crise, il n’y a rien d’étonnant hélas à ce que des groupuscules correspondant aux "phénomènes morbides" inhérents à ce type de période minent ce genre de mouvement.
Vous soulignez que l'action de Nuit debout vise au-delà des appareils partisans. Le mouvement peut-il néanmoins s'inscrire dans la durée sans se transformer en parti politique ?
- Le temps de ce mouvement social n'est pas le temps d'une réflexion sur une stratégie électorale. Il serait intéressant néanmoins que le phénomène Nuit debout soit l'occasion d'une interrogation sur l'avenir de la "démocratie radicale" et sur la nécessité de "construire un peuple", selon les mots de la philosophe Chantal Mouffe et du numéro deux de Podemos en Espagne, Inigo Errejon. Le temps de Nuit debout n'est donc pas encore celui de la réponse politiquequi lui sera donnée.
"#Nuitdebout que penser ?" de Gaël Brustier, éditions du Cerf, 112 pages, 9 euros
Propos recueillis par Maïté Hellio le 2 mai 2016