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Arthrose : des injections bientôt déremboursées
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Un autre traitement de l'arthrose se voit déremboursé. La visco-supplémentation à base d'acide hyaluronique devrait être radiée de la liste des produits pris en charge.
Le déremboursement des traitements de l’arthrose s’accélère. Après plusieurs années destatu quo autour de la prise en charge par injection d’acide hyaluronique, les autorités sanitaires ont tranché. Au mois de juillet 2016, la Direction générale de la Santé (DGS) et la Direction de la Sécurité sociale (DSS) ont envoyé une « lettre d’intention de déremboursement » des visco-supplémentations aux laboratoires qui les commercialisent. Informée de ce mouvement, la principale association de patients, l’AFLAR (1) tape du poing sur la table. Car ce n’est pas la première fois qu’un traitement de l’arthrose est déremboursé, malgré les contestations de patients et d’une partie des rhumatologues.
De moins en moins de solutions
Voilà quatre ans que l’AFLAR milite pour le maintien du remboursement de la visco-supplémentation dans l’arthrose du genou. I s'agit d'injections dans l’articulation d'acide hyaluronique pour la lubrifier et ainsi améliorer la mobilité et la douleur.
La Haute Autorité de Santé (HAS), qui a réévalué l’ensemble des dispositifs médicaux, a tranché en 2015 : « service attendu insuffisant ». La conséquence a tardé à suivre, mais elle frappe un coup dur pour les patients. Les laboratoires n’ont disposé que de 30 jours pour répondre à la lettre d’intention de la DGS.
Si la procédure poursuit son cours, tous les traitements par acide hyaluronique seront à la charge des patients. Ou presque. « Le Hyalgan risque de passer de 75 % à 15 % de remboursement. Il est considéré comme un médicament, alors que les autres sont des dispositifs médicaux », indique le Dr Laurent Grange, président de l’AFLAR contacté parPourquoidocteur.
Pour cette association de patients, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Car avec le déremboursement des visco-supplémentations, c’est le geste médical qui l’accompagne qui sera aussi à débourser. Trop cher pour de nombreux foyers. « A Grenoble, où j’exerce, certains patients qui gagnent 800 euros par mois parviennent à faire leurs courses grâce à ce traitement », souligne Laurent Grange. Avec le déremboursement des anti-arthrosiques d’action lente (AASAL), le budget commence à devenir conséquent.
Un coûteux déremboursement
L’AFLAR ne nie pas l’efficacité modeste de la visco-supplémentation. Cette approche est d’ailleurs indiquée dans l’arthrose du genou après échec des antalgiques et des anti-inflammatoires. Le Dr Grange reproche plutôt à la HAS, et aux autorités sanitaires, une vision à court terme. Car l’acide hyaluronique n’est pas moins efficace que le paracétamol. L’effet des traitements, souvent associés, varie selon les patients.
« Notre problème, c’est la prise en charge de l’arthrose avec un reste à charge raisonnable, en attendant une molécule plus efficace, rétorque-t-il. On propose d’en évaluer l’impact médico-économique, mais le ministère de la Santé affirme que c’est impossible en France. »
Le déremboursement pourrait pourtant s’avérer coûteux, d’après les estimations citées par l’AFLAR. L’association de patients s’appuie sur une étude espagnole, et estime qu’en France, la visco-supplémentation éviterait 190 000 poses de prothèses par an. Sans compter les reports vers d’autres molécules remboursées, comme le paracétamol. La moitié des patients arthrosiques comptent agir ainsi. « A priori, le surcoût devrait être supérieur aux 20 millions d’euros d’économie avancés », chiffre le président de l’AFLAR.
Mais surtout, le déremboursement pérennise ce que Laurent Grange qualifie de « prise en charge made in France ». A savoir un savant mélange d’approches médicamenteuses et non médicamenteuses. Des recours sont donc prévus, en l'attente d'un calendrier officiel. L’association a demandé à rencontrer les commissions spécialisées de la HAS, afin de revoir leur évaluation. « Une méta-analyse est parue après l’avis de la HAS. Nous demandons qu’elle soit prise en compte », explique Laurent Grange. Une pétition a aussi été mise en ligne. Elle a recueilli plus de 500 000 signataires.