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Les deux gilets jaunes tourangeaux accusés de vols au Fouquet’s témoignent
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ambre et Franck ont été accusés d’avoir participé au pillage du Fouquet’s à Paris lors du 18e samedi de mobilisation des gilets jaunes le 16 mars. Ils sont finalement ressortis libres du tribunal de Tours et témoignent pour la première fois.
Présentés devant le tribunal de Tours le 23 mars, Ambre et Franck sont finalement ressortis libres de l’audience, sans même que les faits aient été discutés. Tous deux ont bénéficié de plusieurs vices de procédure. Un soulagement pour ces deux gilets jaunes de la première heure.
Engagés dans le mouvement depuis le 17 novembre, ils se mobilisent chaque samedi, à Tours mais aussi parfois à Paris.
"Prenez ce que vous voulez"
Comme ce 16 mars 2019, où ils disent manifester pacifiquement dans la capitale : "On était en bas des Champs-Elysées. C’est quand on a entendu dire que le Fouquet’s avait été pillé qu’on a décidé d’aller voir." raconte Franck. Devant le célèbre restaurant, Ambre constate l’ampleur des dégâts : "Y’avait plus rien. Tout avait été pillé. Tous les produits de valeur étaient partis."
Franck aperçoit alors des personnes qu’il identifie comme "les agents de sécurité" du célèbre restaurant parisien. Ces derniers distribuent des couverts aux badauds : "J’ai demandé si on pouvait prendre le tabouret qui se trouvait dehors sur le trottoir, si ça dérangeait pas. Et ils nous ont dit mot pour mot : "Vu dans l’état où c’est maintenant, allez-y, prenez ce que vous voulez".
Ambre et Franck ont donc emporté avec eux le fameux tabouret mais aussi quelques couverts : "Pour moi c’était un souvenir du Fouquet’s parce que j’imagine que dans quelques mois, il sera complètement diffèrent, ils vont changer tout le mobilier (..) Ce n’est pas symbolique, c’est juste un souvenir personnel" explique Franck.
Soupçonnés d'avoir participé au pillage
L’anecdote aurait pu s’arrêter là, mais quelques jours plus tard, les deux gilets jaunes sont interpellés à leur domicile et conduits à Paris où ils sont placés en garde à vue.
On leur reproche d’avoir volé ces objets, mais on les soupçonne aussi d’avoir participé au saccage du Fouquet’s. "En gros, on nous a accusé d’avoir pillé le Fouquet’s alors que toutes les vidéos sur internet le montrent : c’est une des personnes qui travaillait au Fouquet’s qui a fait la distribution des objets qui étaient là-bas."
Tous deux passent trois jours en garde à vue : "J’ai eu l’impression d’être un terroriste ! (..) C’était démesuré !" estime Franck, qui évoque des mesures de géolocalisation de son téléphone portable et des surveillances téléphoniques de la part des policiers. "Comme si on était fichés S et qu’ils s’attendaient à ce qu’on fasse un attentat !" déplore-t-il.
Une géolocalisation qui finalement, aurait aussi permis de démontrer qu’ils ne pouvaient pas avoir participé au saccage du restaurant, puisqu’ils se trouvaient à l’opposé au moment des faits.
"Merci la géolocalisation ! Mais de quel droit on se permet de géolocaliser mon téléphone, alors que je suis une citoyenne comme tout le monde" s’indigne Ambre. "Est-ce que pour quelques fourchettes et un tabouret, que toutes les forces de l’ordre m’ont vu transporter toute la journée, ça méritait trois jours de garde à vue et une enquête aussi poussée ?"
Poursuivis à nouveau ?
Le 23 mars, après un court passage en comparution immédiate, tous deux sont libérés mais le tribunal se réserve la possibilité de poursuivre à nouveau les deux gilets jaunes.
"C’est devenu une affaire d’Etat, alors que les gens qui ont pris des couverts chez Flunch, je ne suis pas sure qu’ils finissent trois jours en garde à vue à Paris" sourit Ambre.
"Pendant qu’on est en garde-à vue-on regrette. On se dit : mon dieu !J’ai commis un acte impardonnable ! J’ai volé des fourchettes, j’aurais jamais dû faire ça de ma vie ! Et quand on sort et qu’on voit le ridicule de la situation, on a presque pitié pour la France que les forces de l’ordre se mobilisent sur ça."
Malgré cette éprouvante aventure, Franck et Ambre ne comptent pas raccrocher leurs gilets jaunes. Franck évoque les travailleurs "qui bossent 40 heures par semaine pour le smic et n’ont plus rien le 15 du mois". Il attendait un mouvement comme celui-ci pour, dit-il : "faire changer les choses".
Ambre, aide-soignante, se dit sensible à l’humain et a été touchée par la solidarité du mouvement. "Tout ce qu’il nous reste, c’est la fraternité, donc on ne va pas la lâcher !"