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Naissance de la Première Internationale ouvrière (1864-1876)
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Comment au XIXe siècle, les ouvriers se sont-ils organisés pour lutter contre la mondialisation du capital et la mise en concurrence des travailleurs ? Et ce à l'échelle internationale ? L'historien Nicolas Delalande retrace la naissance en 1864 de l’Association Internationale des Travailleurs.
"Meilleurs voeux aux prolétaires" Carte de 1887 (Collection Labadie, Université du Michigan, Etats-Unis)• Crédits : Fine Art Images/Heritage Images - Getty
Comment au XIXe siècle, les ouvriers se sont-ils organisés pour lutter contre la mondialisation du capital et la mise en concurrence des travailleurs ? Et ce à l'échelle internationale ? Après plusieurs années de réflexions et de tractations entre militants socialistes européens – au premier rang desquels Marx et Engels - un congrès ouvrier européen vote à Londres en septembre 1864 la création de l’Association internationale des travailleurs (AIT). Si les militants étaient peu nombreux à croire en ce projet ambitieux à ses débuts, et si sa conceptualisation, comme sa mise en œuvre, furent chaotiques, conflictuelles et contradictoires, l'empreinte que cette Première internationale a laissée est néanmoins considérable.
Garibaldistes, Philhéllènes ou encore Européens solidaires de l’insurrection de 1830 en Pologne : au XIXe siècle la construction de sympathies révolutionnaires à l’échelle européenne s’opère sur le registre de l’émotion. Mais ces mouvements d’émotion collective ont-ils suffi à poser les bases de l’internationalisme ouvrier ?
Nicolas Delalande : En effet, si une conscience internationaliste commence à s’exprimer dès 1848 dans le Manifeste du Parti Communiste rédigé par Marx et Engels, apparaît dans les années 1860 le besoin de coordonner les formes d’action collective, les luttes, les conflits sociaux et de passer à une véritable organisation de l’internationalisme. Il s’agit de passer d’un « sentiment de solidarité » à une solidarité en actes. L’Association Internationale des Travailleurs fondée en 1864 va certes chercher à s’appuyer sur l’émotion, l’indignation collective parce qu’elles sont un ressort fondamental de l’identification à distance, et des facteurs de mobilisation. Mais il apparaît nécessaire à cette époque de s’extirper d’un certain romantisme de l’action. D’œuvrer pour que la solidarité à distance avec d’autres travailleurs ne soit pas seulement déclarative, liée au registre des émotions mais qu’elle s’inscrive dans des pratiques, des procédures, des formes de reconnaissances mutuelles qui, pour les fondateurs de la Première Internationale, sont une des conditions de l’efficacité même des soulèvements ouvriers.
Quelle est la base idéologique de cette Association Internationale du Travail ?
Nicolas Delalande : Il faut bien avoir conscience du caractère prométhéen de ce qu’ils étaient en train d’entreprendre : créer une association internationale il y a 150 ans avec les moyens de l’époque ! Alors oui la diversité est constitutive de l’association parce que dans un premier temps, si vous voulez réussir à réunir rapidement des milliers de militants pour construire un projet commun, vous êtes obligés d’être accueillant. Si elle avait été adossée à un projet politique restreint, l’AIT n’aurait pas pu agréger ces diverses personnalités : Marx, Engels d’un côté, des anarchistes comme Bakounine, des proudhoniens, et enfin les Trade Unions britanniques qui avaient leur propre ligne politique ! D’où un certain désordre idéologique en effet. Toutefois, il faut faire attention à ne pas juger ces clivages à l’aune de ce que nous connaissons aujourd’hui. Tous ces acteurs au début n’ont pas forcément conscience de leurs différences idéologiques, il ne faut pas leur prêter une trop grande lucidité théorique. Par exemple, en 1864 Marx n’a pas encore publié Le Capital. L’expérience de l’A.I.T. est créatrice et fondatrice en ce sens qu’elle va conduire à préciser les contours de l’anarchisme, du proudhonisme, du collectivisme marxiste, etc. Les différentes cultures de gauche ouvrière vont se faire jour à partir de ce moment, à partir de questions théoriques, mais aussi de questions pratiques qui vont se faire jour au sein de l’AIT, comme celle du financement de l’organisation, des cotisations, etc.
Très vite, les pouvoirs politiques vont se méfier de cette nouvelle organisation, participant de la construction du mythe d'une menaçante « pieuvre des travailleurs » en Europe…
Nicolas Delalande : En effet, cette Première internationale va donner lieu à de nombreux fantasmes qui vont continuer d’être très actifs jusqu’à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle à la fois dans l’opinion publique mais aussi auprès des forces de police, les autorités prenant au pied de la lettre les intentions manifestées dans les textes de l’A.I.T. Et les militants vont jouer de ce rapport de forces parce qu’ils veulent construire le crédit de leur institution, et ce crédit passe aussi par la capacité à faire peur, à impressionner. Mais quand on se penche sur les procès-verbaux du Conseil général de l’organisation ou sur les correspondances des militants, on découvre au contraire qu’ils ont une conscience aiguë de la difficulté de leur entreprise, et même de sa grande précarité !
BIBLIOGRAPHIE
La lutte et l’entraide : l’âge des solidarités ouvrièresNicolas DelalandeSeuil, 2019
Vertiges de la guerre : Byron, les philhellènes et le mirage grecHervé MazurelBelles lettres, 2013
INTERVENANTS
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chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po, il s'intéresse aux relations entre économie et politique et a notamment travaillé sur l'action philanthropique des Rothschild au XIXe siècle.