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À voir : Ceux qui travaillent, d’Antoine Russbach
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Film belgo-suisse, 1 h 42 min, sorti le 25 septembre 2019.
Si ce film nous parle du travail, c’est du point de vue de ceux qui l’organisent, qui dirigent. Nous sommes ici plongés au cœur de la bourgeoisie suisse. Violence des échanges en milieu fortuné.
Les gagnants de la mondialisation
On est donc à Genève, dans une famille qui vit très confortablement, parce que chaque mois le salaire de Frank Blanchet (Olivier Gourmet) permet d’entretenir la grande villa, les voitures haut de gamme, etc. Tout va bien pour eux.
Frank est cadre dans une entreprise de fret maritime. Et puis, un jour, seul face à une décision à prendre dans l’urgence, il fait un choix qui lui coûtera son poste. Un migrant s’est glissé sur un bateau. Faut-il faire demi-tour ou faire disparaitre l’intrus ?
Ce quinquagénaire cynique, dont la vie est toute vouée à son travail, se retrouve alors en crise.
Le film nous montre un héros pour lequel on ne parvient pas vraiment à avoir de l’empathie, pas plus qu’on arrive à aimer ses odieux enfants, et finalement rien de son monde où tous les problèmes se résolvent avec de l’argent. Mais c’est justement la force du film que de nous plonger dans ce milieu, celui des gagnants de la mondialisation.
Ceux qui travaillent nous plonge aussi au cœur de la globalisation des échanges. Frank et ses collègues gèrent du fret maritime depuis la Suisse, pays où c’est tous les jours marée basse.
Qu’il n’y ait pas de port, qu’ils ne voient jamais la mer, ne les empêche pas de gérer le fret maritime de centaines de bateaux, de milliers de containers.
Le film comporte quelques belles scènes : la séquence où le père entraine sa fille dans un road trip dans le nord de l’Europe, à travers les étapes de la distribution des denrées, depuis les ports du Nord jusqu’aux rayons des supermarchés en passant par les plateformes de distribution. On perçoit alors concrètement les enjeux de ce commerce et l’ampleur de ce qu’il représente dans nos vies quotidiennes.
L’une des forces du film, c’est qu’il n’essaye pas nous faire la leçon. Il pose une regard cru sur un monde sans pitié, sans autre morale que celle du bilan comptable.
Pierre Baton