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USA: Plus d’argent pour l’armée ! Démocrates et Républicains sont d’accord sur ce point

USA

Lien publiée le 12 août 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

» Plus d’argent pour l’armée ! Démocrates et Républicains sont d’accord sur ce point (les-crises.fr)

Des divisions politiques font barrage à la plupart des législations, mais les deux côtés de l’échiquier sont ravis de continuer à nourrir la bête au Pentagone.

Source : Responsible Statecraft, Gordon Adams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Image : Dimj via shutterstock.com

Quelle sacrée semaine que la semaine dernière ! Les incendies de forêt et les inondations ont fourni la preuve de la marche inexorable et dévastatrice du réchauffement climatique.

— Des records d’inflation, avec en tête la hausse des prix de la nourriture et du gaz, continuent à frapper les portemonnaies des américains. (Je suis prêt à accepter l’augmentation du prix de l’essence si elle incite à passer plus rapidement aux énergies renouvelables, mais c’est un désastre financier pour les consommateurs, les agriculteurs et les compagnies de transport et un désastre politique pour les Démocrates à l’automne).

— Les mesures prises par la FED pour relever les taux d’intérêt laissaient entrevoir une récession et la fin des augmentations de salaires et du faible taux de chômage dont nous avions tant besoin.

— La Cour suprême a invalidé la décision Roe v. Wade et la loi sur le contrôle des armes à feu de l’État de New York, ce qui confirme que la Cour sera très conservatrice dans les années à venir.

— La famine menace dans le monde en développement, car les approvisionnements en céréales ukrainiennes restent bloqués par la Russie. Une augmentation des migrations ne manquera pas d’en résulter. La guerre se poursuit, aggravant les problèmes du marché pétrolier et tuant de 100 à 200 soldats ukrainiens par jour.

Alors que nous célébrons la naissance de notre nation (4Juillet), nous sommes en passe de devenir un peuple extrêmement divisé, comme l’a récemment souligné Ronald Brownstein dans The Atlantic. Les réalités et la sagesse semblent s’envoler comme des feuilles d’automne dans le vent.

Le flot de mauvaises nouvelles rivalise avec l’ouragan Katrina et me coupe le souffle. J’ai envie de me réfugier sous mon lit, de jouer de vieux airs des Beatles et des Rolling Stones, de câliner mon chat Doc, jusqu’à ce que la tempête passe.

Oh, mais attendez, il y a un grand accord politique que nous n’avons presque pas remarqué. Au beau milieu de toute cette tourmente, les commissions des services armés du Sénat et de la Chambre des Représentants ont convenu, à des majorités ahurissantes, que nous devions dépenser davantage pour la défense au cours de l’année fiscale à venir. Pas seulement plus, mais des dizaines de milliards de dollars de plus que les 813 milliards de dollars déjà demandés par le président Biden lorsqu’il a présenté son budget fin mars. La Commission du Sénat a ajouté 45 milliards de dollars, par un vote de 23 contre 3. La Commission de la Chambre des Représentants a été plus modeste, n’ajoutant que 37 milliards de dollars, par un vote stupéfiant de 57 contre 1, avec une seule dissidence, celle du représentant Ro Khanna (Démocrate-Californie).

Vous ai-je dit que les deux commissions sont présidées par des Démocrates ? Comme si cela avait la moindre importance.

  1. En tant que virtuose du budget, je reconnais que les commissions des services armés sont des « autorisateurs ». Ils ne disposent pas de l’argent réel que le ministère de la Défense peut dépenser ; ils autorisent seulement le montant concerné. Si les approbateurs, qui s’occupent de l’argent réel, veulent aller de l’avant, ils le feront. Mais si cela vous laisse espérer que le train des dépenses militaires peut être ralenti, il vous suffira de regarder le budget militaire actuel, où les approbateurs ont approuvé pour cette année une augmentation de 29 milliards de dollars par rapport à la demande de Biden.

Le budget militaire est en hausse et tout le monde semble l’accepter, comme on le fait depuis des années. Un rare moment d’unité bipartite.

Il s’agit moins ici de défense nationale que d’une question politique. Les Républicains tiennent un discours musclé et les Démocrates cherchent à se couvrir politiquement pour ne pas être accusés d’être « faibles » en matière de sécurité nationale. C’est l’argument que Nixon, Reagan et tous les Républicains ont utilisé pour taper sur la tête des Démocrates, depuis que George McGovern s’est fait laminer en 1972.

Prenons l’exemple de ce qui s’est passé dans le Maine. L’augmentation de la Commission de la Chambre était soutenue par Jared Golden, démocrate, vétéran de l’armée américaine occupant le siège violet dans le 2e district [un district violet est un district incertain, c’est à dire qui pourrait passer du bleu (républicain) au rouge (démocrate) ou vice versa, NdT], face à un solide adversaire républicain.

Je suis assez régulièrement déçu par Golden, mais je vis dans la première circonscription, alors pourquoi cela devrait-il lui importer ? La 2e est économiquement pauvre, blanche, blindée de supporters de Trump ( à deux reprises le vote est allé à Trump). Le contrôle des armes y est anathème, l’utilisation des masques y est contestée, et l’armée y est sacrée. Personne ne va traiter Golden de « mou » en matière de sécurité nationale, du moins pas s’il peut l’éviter.

De plus, le complexe militaro-industriel du Maine, qui a perdu de son importance, possède encore une industrie navale, avec des navires qui sont construits à Bath Iron Works, à 12 km de chez moi, et réparés à Kittery (et à Portsmouth NH, de l’autre côté de la rivière). Tous les politiciens du Maine apportent leur soutien au projet : la libérale Chellie Pingree, le sénateur indépendant Angus King et la Républicaine Susan Collins (qui a été « induite en erreur » par Brett Kavanaugh).

Les Démocrates n’ont pas envie de paraître « timorés ». Les industries et leurs bases électorales sont des composantes importantes. Et vous pouvez parier que l’industrie de la défense défend âprement ses intérêts. Les forces armées en veulent toujours plus. Dans un livre que j’ai écrit il y a 40 ans, j’ai appelé cela le « Triangle de fer » : le système opérationnel qui relie les forces armées, le Congrès et l’industrie (et les communautés). Pour appuyer ces efforts, nous sommes tous assaillis de publicité et d’appels au patriotisme (il suffit de regarder Top Gun : Maverick – une pure fiction – si vous voulez la dernière version hollywoodienne de la propagande militaire).

Bien sûr, la logique officielle derrière toutes ces dépenses est que la Chine, la Russie et ces satanés terroristes arrivent. Aujourd’hui, l’armée américaine surpasse de loin les capacités de la Russie. Les capacités de la Chine sont à présent surévaluées et présentées comme une menace, bien que l’armée américaine dépasse aussi très largement les capacités de la Chine. C’est une inflation de la menace, tout comme l’armée soviétique était mise en avant pendant la guerre froide. Je ne dis pas que ces capacités n’existent pas, mais simplement que le ministère de la Défense sous-estime continuellement ce dont nous disposons, et surestime ce dont eux, ils disposent.

Telle est la réalité du monde de Top Gun. Tout est question de pouvoir politique, d’influence locale, de contributions aux campagnes, de rhétorique stratégique et de la volonté de mystifier la nation, bien au-delà de ce qui est nécessaire ou même de nos vrais intérêts. Ce système est s’auto-entretient. Exagérer la menace, obtenir des fonds et des systèmes pour y faire face, et recycler continuellement le besoin de toujours plus au Congrès et auprès du public.

J’ai souvent écouté ces surestimations et j’ai observé le triangle de fer pendant cinq ans lorsque je travaillais à la Maison Blanche et que je m’occupais des budgets de sécurité nationale.

Pourquoi le budget militaire est-il si important, m’a-t-on demandé ? Il s’agit d’être un gendarme du monde, voilà la réponse. J’avais pris l’habitude de me trimballer avec des graphiques explicatifs dans l’aile ouest, prêt à m’asseoir avec toute personne intéressée.

Cela montrait que nous avons la seule armée au monde qui peut déployer des forces terrestres (armée de terre et Marines) dans le monde entier. La seule armée qui fait naviguer des navires de guerre dans toutes les mers. La seule armée qui peut fournir une puissance aérienne au niveau mondial. Pour rendre ces opérations possibles, nous sommes le seul pays à disposer d’une infrastructure mondiale de bases militaires (750 dans le monde), d’un système de communications militaires, d’un réseau de transport (maritime et aérien) et d’un réseau d’opérations de renseignement militaire et civil. Il est déployé pratiquement partout dans le monde.

Une armée mondiale coûte beaucoup d’argent. Elle enrichit beaucoup de gens. Elle rend la vie de certains pays plus difficile (pensez à l’Irak et à l’Afghanistan). Elle gaspille beaucoup d’argent (ces véhicules militaires que nous avons laissés derrière nous pour les talibans, par exemple). Et surtout, elle nous attire des ennuis (aujourd’hui, nous déployons l’armée américaine en Afrique, sans grand débat public ; nos guerres futures).

Il est diablement difficile de défier ce mastodonte. D’après mon expérience, il n’existe que deux raisons qui entraînent une baisse du budget militaire. Première raison : nous sortons d’une guerre et avons subitement besoin de dépenser moins. Deuxième raison : la défense se retrouve coincée dans une phase de réduction du déficit. La seule façon pour les Démocrates et les Républicains de se mettre d’accord pour réduire les dépenses fédérales est de tout mettre sur la table : les Républicains veulent réduire les dépenses domestiques ; les Démocrates veulent réduire les dépenses de défense. Cela s’est produit en 1985, 1990 et 2011. Il est peu probable que cela se reproduise de sitôt.

Nous avons bien du mal à nous mettre d’accord sur quoi que ce soit d’autre dans ce pays : race, changement climatique, droit à l’avortement, réforme pénitentiaire, immigration, protection de l’enfance, contrôle des armes à feu, vous pouvez citer votre désaccord fondamental préféré. En ce qui concerne les budgets, nous établissons ces priorités chaque année. Le budget militaire sort gagnant de manière bipartite, la plupart du temps.

Source : Responsible Statecraft, Gordon Adams, 02-07-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises