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Pour les syndicats, ce samedi 11 février est déjà un tournant

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Lien publiée le 13 février 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

France-dossier. Pour les syndicats, ce samedi 11 février est déjà un tournant – A l'encontre (alencontre.org)

Par Pierre Jequier-Zalc et Zoé Neboit

«On fera le bilan le samedi 11 février, au soir. Pas avant.» Quelques heures après la manifestation du 31 janvier, Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, se voulait très claire. Avant de crier à l’essoufflement du mouvement – comme de nombreux éditorialistes n’ont pas hésité à le faire dès le soir du 7 février [voir sur le bilan du 7 février le dossier publié sur le site A l’Encontre le 8 février] – il vaudrait mieux attendre la fin de la semaine.

Pour cause, après deux journées massives de mobilisation, du 19 janvier et surtout le 31 janvier, où entre 1’272’000 et 2,8 millions de personnes ont défilé dans la rue – un record depuis 30 ans contre une réforme sociale – l’intersyndicale a légèrement changé de stratégie.

En annonçant deux journées de manifestations dans la même semaine, une le mardi et une le samedi, elle souhaite élargir le mouvement à un public plus large. «On veut être accordés avec le monde du travail. On a conscience que faire grève, perdre une journée de salaire, c’est parfois compliqué, surtout en ce moment. Cette journée du samedi permettra à des gens, bien souvent des invisibles, de se rassembler en dehors du temps de travail pour s’opposer à cette réforme. Les invisibles doivent pouvoir compter dans ce mouvement», souligne Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.

Une journée de mobilisation interprofessionnelle un samedi, l’intersyndicale n’en avait plus appelée depuis 2006 et la lutte, par ailleurs gagnante, contre le Contrat première embauche (CPE). L’objectif est clair: permettre au plus grand nombre, dans un contexte de forte préoccupation sur le pouvoir d’achat, de défiler dans la rue.

C’est la CFDT, notamment, qui a insisté pour fixer cette date. «Samedi 11 février, on veut élargir le mouvement social à un immense mouvement populaire», affirme Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste. «Je le dis à tous les citoyens qui ne pouvaient pas venir en semaine: venez! Venez avec vos amis, avec votre famille, avec vos enfants, ce sera cool, ce sera sympa!»

Avec de telles ambitions les yeux médiatiques et politiques seront rivés sur l’affluence de la rue ce 11 février. Surtout au lendemain d’une journée de manifestations [le 7 février] qui a légèrement moins rassemblé que les deux précédentes. C’est donc, pour les organisations syndicales, un premier tournant stratégique.

Arriveront-ils à marquer les esprits avec une mobilisation historique, encore plus importante que le 31 janvier? Ou à l’inverse, alors qu’une bonne partie du pays sera en vacances scolaires, la mobilisation marquera-t-elle doucement le pas? «On espère réussir cette journée. En tout cas, on est très unis et très confiants», commente Simon Duteil, co-secrétaire national de Solidaires.

Une confiance amplement partagée par Philippe Martinez. Pour le secrétaire général de la CGT, il faudra «additionner» les affluences respectives du mardi 7 et du samedi 11 car «ce n’est pas le même public qui manifestera d’un jour à l’autre, on le saitJe suis certain que quand on fera cette opération, les compteurs vont exploser. Plus haut que le plafond, directement sur la lune!», assure-t-il, souriant.

Durcir le mouvement?

Mais ce sourire cache tout de même un questionnement stratégique qui travaille l’intersyndicale depuis plusieurs jours. Comment réussir à faire céder un gouvernement qui paraît inflexible, hormis pour donner quelques gages aux députés Les Républicains (LR)?

Car le constat, partagé au sein de l’intersyndicale est là: les journées épisodiques de mobilisation ne semblent pas être à même de faire fléchir le gouvernement. «Si les mobilisations de rue ne suffisent pas, ce qui semble être le cas, hé bien les mouvements vont se durcir et on proposera aux salariés plus de journées de grèves ainsi que des grèves reconductibles», promet Philippe Martinez.

Malgré cette menace, un durcissement du mouvement ne devrait pas avoir lieu dans l’immédiat. Au sein des organisations syndicales, l’idée est de frapper un grand coup samedi 11 février avant ce qu’on annonce être comme une petite période d’accalmie«Des grèves, ça ne s’organise pas avec un bouton magique. Il faut que les salarié·e·s s’emparent de ce moyen d’action et le décident. Pour l’instant, les conditions ne sont pas réunies pour partir en grève reconductible», note Murielle Guilbert, co-secrétaire national de Solidaires.

«Le sprint final commence le 6 mars»

Si une nouvelle journée de mobilisation a été annoncée le jeudi 16 février, c’est surtout à partir de la fin des vacances scolaires que les choses devraient s’accélérer. «Le sprint final commence le 6 mars», souffle Benoît Teste, secrétaire général de la FSU. «A partir de cette semaine-là, on aura la possibilité de remettre un coup d’accélérateur pour définitivement gagner. On va proposer quelque chose de très fort aux salariés», promet-il.

Une journée de manifestation est d’ores et déjà prévue le mardi 7 mars. Mais, c’est aussi le lendemain – le 8 mars – que plusieurs organisations syndicales envisagent de durcir le mouvement. A Solidaires, la question de la grève reconductible à partir de cette date sera débattue en conseil national lundi soir 13 février. Celle-ci s’articulerait alors avec la Journée internationale des droits des femmes, où des grèves féministes sont déjà prévues avec la CGT et la FSU.

Les syndicats plus «réformistes» suivront-ils le mouvement? «Aujourd’hui, ce n’est pas nous qui bloquons le pays. Le gouvernement est-il capable d’entendre cette colère populaire? D’entendre ce rejet? Si ce n’est pas le cas, on verra ce qu’il se passera. On avisera samedi soir», élude Laurent Berger.

Au sein des syndicats plus radicaux, on sait aussi que la présence de la CFDT reste primordiale et on se veut donc prudent. «L’unité de l’intersyndicale est essentielle. On ne veut pas faire comme en 2010 où un seul secteur était parti en grève reconductible et où on avait perdu, rappelle Simon Duteil. Il faut embarquer tout le monde avec nous

Conserver l’opinion publique de son côté

D’ici à cette échéance – encore assez lointaine – du 7 mars, la mobilisation risque d’être moins démonstrative. Sans pour autant s’effacer. «Ce mouvement est une lame de fond. Peu importe si c’est un peu moins fort pendant les vacances, des initiatives vont foisonner, des débats, des meetings, des banderoles, des marches aux flambeaux», assure Murielle Guilbert.

Une volonté, aussi, de permettre aux salariés de se reposer pendant les vacances, et aux Français d’en profiter, en évitant des  «blocages» qui agacent parfois, même si un sondage ODOXA pour Le Figaro et Backbone Consulting, rendu public hier, révèle que 66% des Français (en hausse constante depuis un mois) en rendraient responsable le gouvernement et non les syndicats.

Or, dans toutes les bouches des syndicalistes, le franc soutien de l’opinion publique au mouvement social actuel reste crucial pour espérer voir cette réforme être retirée. Murielle Guilbert de Solidaires conclut: «Cette petite période va permettre à tout le monde de reprendre son souffle pour mieux porter le coup final.» Mais pour cela, il faudra déjà réussir la journée de samedi 11 février. (Article publié sur le site de Politis, écrit le 9 février 2023)

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De Morlaix à Marseille, la rue rejette la réforme des retraites

Par rédaction de Politis

Ce samedi 11 février 2023 était la 4grande journée de mobilisation nationale, à l’appel de l’intersyndicale, contre la contre-réforme des retraites d’Emmanuel Macron, visant à faire passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Une date qui représentait un tournant pour les syndicats, comme expliqué ci-dessus, avec un rarissime appel à manifester et faire grève un samedi. Et qui fut donc un succès. Selon la CGT, ce sont 2,5 millions de personnes qui ont rempli les cortèges partout en France, en métropole comme outremer. Les autorités, elles, avancent le chiffre de 963’000 manifestants.

Au-delà des querelles de chiffres, un constat s’impose: dans les petites villes comme dans les grandes se sont mélangés tous les âges, jeunes comme retraités, habitués des mobilisations comme des personnes n’ayant jamais battu le pavé.

En cette journée d’importance, avant celle du 7 mars qui marquera une prochaine étape de poids – les syndicats, CFDT incluse, n’hésitent plus à évoquer des blocages et un pays à l’arrêt – les journalistes de Politis sont allés à la rencontre de manifestants, pour écouter leur colère et leur opposition.

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A Morlaix, «Macron t’es foutu, les Bretons sont dans la rue»

«Un immense succès». C’est par ces mots qu’Antoine Gauchard, délégué syndical de la FSU-Snuipp (Syndicat National Unitaire des Instituteurs), décrit cette quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Morlaix. Et pour cause: l’intersyndicale annonce que près de 15’000 personnes y ont défilé, 5000 de plus que le 31 janvier. Du jamais vu, tout simplement, contre une réforme sociale dans l’histoire de cette ville moyenne.

Dans le cortège, très bon enfant, de nombreuses personnes étaient venues en famille pour protester. Comme Céline, cette enseignante en primaire qui porte bien haut une pancarte sur laquelle on peut lire «Ne mettez pas à genoux ceux qui tiennent la France debout». Une référence au discours de la députée Rachel Keke [franco-ivoirienne, elle avait animé la grève victorieuse, après 22 mois, des femmes de chambre à Ibis Batignolles] dans l’Hémicycle lundi. «Quand j’ai vu sa prise de parole, ça m’a tout de suite marquée. C’est aussi pour ces gens-là que je me bats, pour ces personnes qu’on ne voit pas, pour ces femmes de ménage qui nettoient ma salle de classe tous les jours», glisse-t-elle.

C’est au son du biniou, cet instrument breton réputé, et sous un soleil de fin d’après-midi que le cortège finit sa boucle dans la zone commerciale de Saint-Martin-des-Champs, une commune adjacente. Pour cette quatrième manifestation, le parcours s’est éloigné du centre-ville, aussi pour toucher d’autres populations. Dans les discussions, on évoque la suite du mouvement.

Durcir? Pas tout de suite? Pour Renaud, retraité et ancien pêcheur, il faut tout bloquer. C’est triste à dire, mais c’est que comme ça que ça marche. En bloquant tout, voire en cassant. C’est qu’à ce moment-là qu’on nous écoute.» Sa vision radicale tranche avec la bonne humeur qui règne dans le cortège. Tous, pourtant, une fois la manifestation terminée, se donnent rendez-vous pour la prochaine. Car on sait que la lutte risque de durer. (Pierre Jequier-Zalc)

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A Lille, un cortège à l’ambiance familiale

Ils étaient 70’000 manifestants selon les syndicats, 10’000 d’après la préfecture, à arpenter les rues de Lille ce samedi 11 février, entre la Porte de Paris et la place de la République. Comme attendu, les manifestants étaient en tout cas plus nombreux que lors de la mobilisation du 7 février.

En tête de cortège, pour ce premier week-end de manifestation, une dizaine de gilets jaunes scandent à répétition le mot «Liberté». Plus loin, les deux cortèges étudiants et lycéens – encadrés par des membres de l’UNEF, du NPA et des Jeunes communistes du Nord – sont ceux qui donnent le plus de la voix. Leurs banderoles affichent des messages d’union: «Lycéen.nes, salarié·e·s, ne battons pas en retraite», «Unité lycéens, étudiants, travailleurs».

Quelques personnalités politiques étaient également présentes dans la manifestation. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, accompagnait les militant·e·s de la fédération du Nord du PCF. En retrait à l’arrière du cortège, loin derrière la banderole du groupe de La France Insoumise, le député du Nord Adrien Quatennens arborait son écharpe tricolore. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie–Les Verts, Marine Tondelier, conseillère régionale des Hauts-de-France, défilait aussi.

Mais ce sont surtout des familles qui sont venues grossir le cortège lillois cet après-midi. Bien emmitouflés, Côme et Marceau manifestent avec leur père Benjamin, chanteur. Dans l’impossibilité de venir manifester en semaine, Benjamin se réjouit de pouvoir enfin se joindre à la mobilisation: «Déjà que quand on est intermittent la retraite n’est pas importante, mais là si je veux être à taux plein il faudrait que je travaille jusqu’à 67 ans. Etre musicien jusqu’à 67 ans c’est pas évident.»

C’est aussi la première manifestation contre la réforme des retraites pour Priscilla, Maxime et leurs deux jeunes enfants. Maxime, enseignant, avoue avoir été rassuré par l’ambiance familiale annoncée dans les cortèges ce samedi: «J’ai été gréviste lors des deux dernières journées de manifestation, j’avais mes enfants avec moi et j’ai hésité à les emmener manifester. J’ai choisi de ne pas le faire par peur des débordements». Arthur, en classe de CE2, a, quant à lui, «un peu la flemme de marcher» mais sait pourquoi il est là: «Ils veulent qu’on travaille plus, mais nous on n’est pas d’accord». (Par Rose-Amélie Bécel)

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A Paris, ce que fait le gouvernement est «ahurissant»

Partis ensemble vers 14h de la place de la République, les cortèges se sont séparés entre les boulevards du Temple et l’avenue Voltaire, pour mieux se retrouver place de la Nation. A l’arrivée, difficile de percevoir le large disque de béton, tellement il est piétiné par les manifestants, rassemblés en rangs serrés.

Si la CGT annonce 500’000 personnes à Paris, le ministère de l’Intérieur fait chuter le nombre à 93’000. «Il y a autant de monde qu’au 31 janvier», estime quant à lui Théo, 24 ans, intermittent du spectacle, avant de filer rejoindre la batucada qui s’improvise. La bataille des chiffres a démarré dès le milieu d’après-midi. Mais la participation à Paris est en nette hausse.

Ce premier samedi de manifestation a permis à des familles de garnir les rangs des opposants à la réforme des retraites. C’était tout l’enjeu du jour, avaient promis les syndicats. Collègues de travail dans le social, Eric, 54 ans et Laurence, 52 ans, ont apprécié cette atmosphère de fin de semaine. «Il y avait des parents avec leurs enfants, les gens étaient calmes», observent-ils.

Lui ne peut pas promettre d’être présent si des grèves reconductibles se lançaient, début mars, dans son secteur. De son côté, Laurence pourrait se déclarer gréviste pour deux ou trois jours consécutifs. «Ça commence à être difficile dans le même mois», explique-t-elle devant son fils, Elliot. Etudiant à la fac de Nanterre, lui déplore le manque de mobilisation dans son université. «Il va falloir que vous preniez le relai !», lui rétorque sa mère. Il lui répond: «Oui, on vise tous la convergence des luttes».

Vers 17h30, les grappes de personnes se détachent, laissant apparaître des lignes de CRS à chaque artère de la place. Le jour faiblit. «La CGT nous a dit de partir pour nous reposer en prévision de jeudi», glisse Djim, 29 ans, amusé devant cette organisation millimétrée.

Andrée observe la foule disparate. «J’espère que la mobilisation tiendra et que les gens vont pas être dépités devant ce gouvernement qui ne recule pas», observe-t-elle alors que des manifestant·e·s ont escaladé la statue du Triomphe de la République. «Parce que ce qu’il fait, c’est ahurissant», annonce-t-elle, alors que quelques gilets jaunes chantent: «Le 16, le 7, on sera là!». Andrée sourit, rassurée.

Réunis avant la manifestation, les syndicats ont lancé un «avertissement» au gouvernement: ils sont prêts à «durcir le mouvement». «Si le gouvernement ne sort pas de sa posture de silence, on lui promet qu’on répondra présents», affirme François Hommeril, de la CFE-CGC. Le 16 février, ce sera la dernière manifestation du mois. Le prochain rendez-vous est prévu le 7 mars. D’ici à là, si les soutiens au texte «restent sourds à la contestation populaire», l’intersyndicale appellera à mettre «la France à l’arrêt dans tous les secteurs».

Pas question, cependant, de rester les bras croisés entre ces deux dates. «Ce n’est pas une respiration», confirme Philippe Martinez. Les syndicats vont mettre la pression sur les parlementaires. «Il faut que ça change à l’Assemblée. La majorité relative du président doit prendre la mesure de ce qu’il se passe dans le pays». Non loin de là, Benoît Teste, de la FSU, promet une séquence active. «On va cibler des parlementaires, organiser des rassemblements devant les permanences, lancer des rassemblements. Beaucoup de choses se passeront sur le territoire, tous les jours», promet-il.

Jusqu’à la grève reconductible? «Depuis le départ, on dit que seules les grèves peuvent faire basculer le gouvernement», explique Murielle Guilbert, co-déléguée nationale chez Solidaires. «Nos modalités d’actions ne sont pas toujours les mêmes, mais on se respecte. Le gouvernement ne veut rien entendre, donc on réagit aussi».

Son collègue, Simon Duteil, insiste sur l’autonomie du mouvement social. Surtout devant des débats à l’Assemblée qui virent au chahut. «On voit un cirque parlementaire. Mais c’est la responsabilité du gouvernement. En décidant que tout devait être plié en quelques semaines, il ne crée pas une situation favorable au débat».

Pour Laurent Berger, de la CFDT, «le seul moyen, pour le gouvernement de sortir de l’impasse, c’est de faire une pause dans ce projet, de le retirer, et de se mettre autour de la table. Je ne comprends pas qu’on reste sourds à un mouvement social de cette ampleur», explique celui qui indique n’avoir eu aucun contact récent avec Elisabeth Borne.

Lui n’envisage pas le mois de mars comme le mois des grèves reconductibles. «Le 7 mars, c’est la possibilité de s’exprimer et de montrer sa détermination, selon ses réalités professionnelles», tient-il à préciser. Pour un mouvement massif? Une chose est sûre, selon lui, «on est en train de redémontrer la centralité du syndicalisme». (Par Hugo Boursier)

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(Photo Zoé Neboit)

A Marseille, «on a battu le PSG, on peut vaincre Macron»

«Macron mange tes morts sur le Vieux Port»«On a battu le PSG, on peut vaincre Macron.» Entre références au tube de rap «Bande organisée» et à l’OM (Olympique marseille), les pancartes reflétaient bien l’ambiance du cortège cet après-midi à Marseille. Festive mais remontée, avec moins de drapeaux syndicaux que les trois précédentes journées, et une plus grande diversité de profils, unis par les mêmes revendications.

140’000 manifestants (12’000 pour la préfecture), c’est autant que le 19 janvier et un peu moins que les deux autres actes. Toutefois, plusieurs petites et moyennes villes de la région ont enregistré de très bons chiffres – 7000 à Manosque, 20’000 à Avignon: du jamais-vu depuis 20 ans.

Roxane, Lise, Armelle, Margot et Nina, cinq amies du lycée revenues pour les vacances ont toutes des pancartes à la main : «On nous dit qu’en étant jeunes, on n’est pas concerné, mais il s’agit de notre futur et de celui de nos familles» expliquent-elles.

«On n’a pas l’habitude de manifester» confient plus loin Nicolas et Lise-Marie, couple de fonctionnaires quinquagénaires dans les télécoms. En semaine «c’est financièrement trop compliqué», confie-t-elle. Mais ce samedi, ils sont venus sans hésitation depuis la région d’Aix-en-Provence «pour donner plus de force au mouvement». Son mari précise: «Cette réforme me met en colère rien que d’en parler.»

La colère, c’est également un sentiment qui envahit «J-C de Bandol», un gilet jaune aguerri. Autre particularité de cette journée: ils étaient environ 300 sur le port. «Il faut bloquer le pays pour que le gouvernement ait peur. On pourrait être des millions à chanter et danser dans les rues, ils s’en moqueraient toujours», clame avec émotion cet ancien militaire.

Bloquer le pays, c’est bien l’objectif de l’appel à la grève du 7 mars. Présent ce samedi, Jean-Luc Mélenchon se  «félicite» de cette annonce. Au sujet du dépôt en masse d’amendement des députés LFI à l’Assemblée, contesté par d’autres membres de la Nupes, il estime qu’il «n’y a pas d’autres stratégies à avoir. Il faut qu’on prenne en tenaille le gouvernement entre le mouvement de rue, l’entreprise et l’Assemblée». (Par Zoé Neboit)

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Usul. Réforme des retraites: abécédaire pratique à l’usage du monde du travail