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Mélenchon: on a enfin compris
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mélenchon : on a enfin compris ! - Par Daniel Schneidermann | Arrêt sur images (arretsurimages.net)
On tient enfin une nouvelle explication, pour Mélenchon : il veut faire son intéressant. C'est un éminent mélenchologue qui le révèle : Gérard Miller, ancien compagnon de route, qui le tient de l'Insoumis en chef lui-même, lequel le lui a confié, du temps où ils se parlaient (ils ne se parlent plus). Et cette explication, Miller la livre à Edouard Philippe, qui, sincèrement, aimerait bien comprendre pourquoi Mélenchon refuse obstinément de prononcer le mot "terrorisme" à propos de l'assaut du Hamas le 7 octobre. Donc, à l'époque où, déjà, Mélenchon refusait de condamner les bombardements russes en Syrie, il avait confié à Miller son souhait de surtout rester audible : "une fois que j'aurai fait ce que tout le monde me demande de faire, plus personne ne m'écoutera, je n'existerai plus". Attention Miller n'approuve pas. Il explique. "C'est très mal" concède-t-il à l'implacable journaliste Laurence Haïm.
A tout prendre, cette explication peut passer pour préférable, pour l'intéressé, aux tentatives précédentes (il colle comme une bernique à son électorat exogène des quartiers populaires, présumé comme un seul homme supporter du Hamas, il est antisémite, il est simplement monstrueux). Encore qu'elle ne soit pas exclusive. Mélenchon peut être à la fois antisémite, monstrueux, et vouloir "juste exister" (Dechavanne). Je ne suis pas certain que j'aimerais avoir Gérard Miller comme interprète, ou comme avocat.
Dans le déferlement des procureurs de Mélenchon sur les plateaux, aucun ne semble avoir envisagé l'explication politique : si l'on considère que la situation des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza est une situation coloniale, que le gouvernement israélien est un gouvernement colonial, que la lutte palestinienne est une lutte coloniale, alors même une monstruosité comme l'assaut du 7 octobre est un épisode de lutte coloniale. Un épouvantable massacre de victimes individuellement innocentes, d'autant plus innocentes que le Hamas a choisi de frapper, non pas les implantations illégales, mais un territoire israélien reconnu internationalement. Une épouvantable violence contre une colonisation qui ne ressemble à aucune autre dans l'Histoire, une colonisation de rescapés d'un génocide, une colonisation dont la dureté pourrait bien condamner le colonisateur lui-même (lire cette prophétie épouvantée de la rabbine Delphine Horvilleur). Mais des colons.
Que l'on prononce ou non le mot "terrorisme" est parfaitement secondaire, tant le caractère notamment terroriste de l'épisode ne fait aucun doute. Terroriste, bien entendu. Mais bien davantage, et manifestement un "événement-monde", de la catégorie du 11 septembre 2001. Comme dit l'historien Vincent Lemire, le mot "terroriste" ne devrait pas être le point d'arrivée du débat, mais son point de départ.
Compatir n'est pas le coeur de métier d'un politique. Miller peut compatir. Je peux compatir. Le dirigeant politique, lui, analyse et décide, le plus froidement possible, a fortiori en situation de guerre. "21 000 morts le 22 août 1914. Et le président Poincaré n'est même pas sorti de son bureau" rappelle souvent Régis Debray. Croit-on que De Gaulle, abandonnant dans les convulsions l'Algérie française, a compati une seule seconde, en public ou dans le fond de son coeur, à la tragédie des pieds noirs ? Imagine-t-on, à l'époque, les dignitaires gaullistes harcelés par des chaînes d'info défendant la cause pied noir ?
Tenir une telle position politique, aujourd'hui, face à la surpuissante injonction médiatique, suppose le punch implacable d'un Mélenchon, pour rappeler à ses accusateurs qui ils sont, et qui il est, d'autant qu'il sait parfaitement que si "les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques" (Lordon). Ruffin vient de s'en apercevoir, hier, face à l'ineffable équipe de BFM, qui n'a cessé de le harceler, et qui ne cessera pas, depuis qu'il a tenté d'habiller la même analyse que Mélenchon du costume du good guy, guère plus confortable que l'autre. (Ci-dessous un montage, fidèle à l'esprit général de l'émission, que j'ai regardée).