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    Mélenchon: Le soumettre ou le démettre

    Mélenchon

    Lien publiée le 29 août 2024

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://melenchon.fr/2024/08/29/le-soumettre-ou-le-demettre/

    Je vais mieux qu’à l’entrée de l’été. J’y barbotais aux frontières du burn-out. Bon signe évident : j’ai pu de nouveau lire la presse écrite et même regarder des moments de « l’info en continu ». À présent, de nouveau, j’ai pu suivre sans blêmir « les aventures de Mélenchon » racontées par toutes sortes de médiacrates et d’experts de plateau télé. Ces malheureux sont durement condamnés à gagner leur vie en faisant du bruit avec leur bouche pendant des heures à mon sujet. Que pourraient-ils faire d’autre, sinon, pour occuper le temps qu’ils ne peuvent quand même pas consacrer intégralement à cirer les pompes d’un autre employé de leur patron : le ci-devant président Macron. Du coup j’aurai à mon tour de quoi écrire des heures de lecture. Je vous les épargne. Rien de tout cela n’a le moindre sens concret. Macron évolue hors sol, dans une bulle, un mirage, où il est à lui-même son seul repère. Notre action politique insoumise part des réalités pour aller à ses objectifs. Sa stratégie est pensée à chaque étape comme le serait un programme d’éducation populaire de masse. Depuis 2022 toute la séquence politique fonctionne à l’intérieur d’une même prise de conscience populaire : telle est notre conviction. Et chaque étape, chaque controverse, y a trouvé sa place comme dans un processus unique. La politisation des consciences est un fait de masse désormais et elle ne s’interrompt plus.

    De la situation antérieure restait en mémoire une élection présidentielle sous chantage, une défaite aux législatives des partis liés au Président, puis les 49.3 à répétition. Et en face une gauche politique vite éclatée, une unité syndicale vaincue dans la bataille contre la retraite à 64 ans. Je résume et je simplifie, cela va de soi. Mais la défaite de Macron au second tour des législatives de 2022 et avant cela notre victoire au premier sont des faits restés niés quoique nous en ayons dit et répété. Les répondeurs automatiques médiatiques ont continué à nommer « majorité présidentielle » la coalition pourtant minoritaire à l’Assemblée nationale. Ce déni est à la racine des comportements qui ont suivi. C’est pourquoi j’ai pu dire combien il était important pour nous que nos adversaires croient à leur propre propagande car évidemment cela leur fait adopter des stratégies totalement contre performantes puisqu’elles sont hors de la réalité. Dès lors, la suite ne pouvait rien arranger. 

    En France désormais les élections ne purgent plus les problèmes politiques : elles les aggravent. Le Président a cru la gauche divisée pour toujours, sans tenir compte des conditions qui avaient permis son union en 2022. Elles fonctionnèrent pourtant de nouveau dès le lendemain de la dissolution. Car l’attrait des candidatures uniques de premier tour a encore une fois immédiatement rempli son rôle. La victoire de la NUPES au premier tour de 2022 et la défaite des macronistes au second restaient un bon modèle. Les défaites macronistes de 2024 n’étaient donc pas si imprévisibles que cela. Et cela en dépit des dégâts provoqués par les incessantes campagnes anti-LFI du PS et d’EELV. Il est désormais certain pour moi qu’une liste unique aux européennes aurait bien damé le pion au RN comme le montre la quasi-égalité du total des listes de gauche avec lui. Le Président a cru que LFI éclaterait parce qu’il connaissait comme nous le dépôt du micro parti « Après » confirmé par le démarchage de nos candidats pour s’inscrire sur un autre compte de campagne et de faire la réversion des subventions publiques ailleurs que sur celui de LFI. On connaît la suite. Le Président a cru qu’il rallierait la droite au « pôle central » macroniste. Nouvelle erreur. C’est le RN qui a rallié la moitié du groupe LR à l’Assemblée. Toute l’instabilité du résultat final tient dans les données du second tour. Si la droite et les macronistes avaient voté comme nos électeurs au second tour en barrage contre le RN, celui-ci aurait eu 58 sièges de moins et il n’y aurait que 63 élus dans le groupe de Marine Le Pen, c’est-à-dire moins qu’en 2022. Et les groupes du NFP compteraient plus de 250 députés. La majorité absolue était à portée de main. La radicalisation politique dans le pays c’est tout simplement celle de la droite, du centre et des milieux médiatiques comme l’a relevé l’analyste de droite Henri Guaino. Voilà pourquoi si Le RN se remet de sa défaite, le destin promis de toute cette partie du champ politique est de finir sous la houlette de l’extrême droite ou en alliance avec elle, comme c’est le cas déjà dans toute l’Europe.

    Une nouvelle étape de la crise politique du pays est ouverte par le refus du résultat des élections par le Président. Elle touche au régime lui-même. S’il avait nommé Lucie Castets, la séquence eut été tout autre. Il ne sert à rien de disserter sur le sujet puisque le passé ne peut être réécrit. En l’affrontant de manière groupée, le NFP a une fois de plus déjoué les pronostics présidentiels. Il l’avait déjà fait en choisissant sa candidate premier ministre une heure avant la prise de parole présidentielle sur la trêve olympiques, en lui ôtant l’argument de notre impuissance à dégager un nom de premier ministre. Depuis, une nouvelle fois, en démasquant le prétexte de la présence des LFI dans un gouvernement, la position de Macron a été sévèrement affaiblie au moment de refuser de nommer Lucie Castets. Pour clore ce premier aspect politique (et même plutôt politicien) du tableau, quelles sont les données ? Un : Si Macron ne trouve pas les moyens d’une coalition formellement établie plus nombreuse en députés que le Front populaire, il n’a aucune légitimité pour nommer quelqu’un d’autre que Lucie Castets. La bataille pour la censure du gouvernement usurpateur et pour la destitution du Président seront mieux ressenties encore dans le pays. Deux : s’il n’a pas l’appui du RN (fusse par abstention) aucun gouvernement ne tiendra face à une motion de censure de la gauche. Trois : la crise ne fait donc que commencer. Par conséquent les stratégies d’action efficaces sont celles qui partent de ce constat. Quatre : LFI n’a reçu aucune fin de non-recevoir après l’annonce le vendredi de nos AMFIS que Lucie Castets restera notre candidate Premier ministre jusqu’à la fin de cette législature si elle en est d’accord. Le NFP est donc stabilisé en tant que proposition politique durable : il a un programme, une candidate commune au poste de premier ministre et une coalition parlementaire. Face aux turbulences à venir, le NFP a donc un fort potentiel de stabilité comme réponse politique cohérente face aux rebondissements qui viennent. 

    C’est bien pourquoi Macron et la sphère médiatique jouent avec autant d’application la carte de la division du NFP. Après 2022 ils avaient bien réussi cette manœuvre. En moins de deux mois les craquements se faisaient entendre. Puis ce fut la rupture formelle à propos des réactions demandées face aux révoltes urbaines.  Puis il y eut le refus de la liste unique de la Nupes aux élections européennes. Et cela quand bien même LFI avait proposé la tête de liste à EELV. Aujourd’hui l’expérience prouve que le NFP reste bien groupé. Bien sûr, les offensives des grands  féodaux du PS et l’indécision du centre de ce parti brouillent souvent les messages que le NFP adresse au pays et ils font craindre des ruptures. Les propos blessants recommencent. Mais LFI est déterminée à laisser s’y enfermer ceux qui s’y abaissent. Car les municipales trancheront le sort des habitués des mauvaises manières de division. Pour autant, la pusillanimité des opposants à Olivier Faure vaut largement la sienne. Comme depuis 2022 on peut présager qu’il ne se passera rien. Le prochain rendez-vous étant aux élections municipales, on peut légitimement penser que les vieux appareils politiques de la gauche vont changer de ton, par réalisme, en examinant leurs résultats locaux aux européennes.

    Mais il est vrai cependant que la nomination de Bernard Cazeneuve ferait des dégâts dans les rangs parlementaires du PS et cela affaiblirait en effet mécaniquement notre coalition. Et aussi le PS en premier lieu, cela va de soi. Pour autant, si cela se faisait, rien ne serait stabilisé en général d’aucune façon. En effet, le reste du monde existe et il va se rappeler bientôt au bon souvenir de tous. Et chacun sera mis au pied d’un mur très menaçant.    

    En effet, la France vit ses derniers jours de calme. Bientôt arrive l’intervention de la Commission européenne qui dénonce le déficit excessif de notre pays. Puis il y aura celle du FMI qui l’a placée sous surveillance pour la première fois de son histoire. Ceux-là réclament un budget de pressoir. Par conséquent la solution de « centre gauche » ou de centre droit n’aura aucune marge de manœuvre. Elle restera collée aux politiques néo-libérales. D’autant qu’on ne tardera pas à réaliser, comme je l’avais annoncé aux présidentielles de 2022, qu’il s’agit bien de réduire de 80 milliards les dépenses publiques au total pour tenir les normes. Dès lors le débat se réduira à quelques mots : augmenter les recettes en faisant payer les très grandes fortunes par exemple ou diminuer férocement les dépenses. On verra alors combien la force de Lucie Castets et d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire, c’est la cohérence de son projet économique. Il ne se réduit pas aux prétextes invoqués par les sempiternelles pleurnicheries du MEDEF. La politique d’hyper austérité à la sauce FMI et UE asphyxiera l’économie du pays et tuera le peu de croissance qui se voit aujourd’hui. La France sera fauchée dans tous les sens du terme. Et dans ce contexte, seul le NFP aura une alternative à proposer, des équipes pour gouverner et une force politique pour mener la mobilisation populaire nécessaire. Le RN est incapable de cela. Le RN a montré lors de la dernière semaine de campagne comment il ralliait immédiatement les politiques néo-libérales dès qu’il a cru qu’il allait gouverner. C’est pourquoi sachant cela, on peut raisonnablement faire le pari que Macron se retrouve tout seul pour faire la sale besogne que va vouloir imposer au pays la police politique mondiale du néolibéralisme. Mais il n’y aura jamais de majorité parlementaire pour soutenir la vente de la tour Eiffel, la fermeture de la télé publique, la fin de toute gratuité à l’école et ainsi de suite comme les Grecs ont dû s’y soumettre en 2010. Et cela sans rien régler au bout de vingt ans ni de leur dette publique ni de l’atonie de leur économie. Demain on verra combien l’alternative ce sera le NFP (forcément sur une ligne de rupture) ou le chaos ! Le NFP restera donc uni et offensif autour de la solution Castets malgré le grand écart interne permanent du Parti Socialiste entre son aile droite bavarde et son « centre » indécis. 

    L’invisibilisation sur commande aussi bien du génocide des Palestiniens que la division complète des partis macronistes ont fait oublier ce qu’est le système médiatique dans les pays démocratiques. Du coup personne ne sait à quel point les médias du monde entier suivent avec anxiété mais aussi une impertinence moqueuse la désagrégation du système politique français. Les amis de la France s’inquiètent. Ses concurrents se frottent les mains. Mais l’affaissement de la deuxième économie du vieux continent placera celui-ci dans une nouvelle phase de recul par rapport à ses deux grands concurrents que sont le monde asiatique et l’empire nord-américain. L’hubris macroniste est un de ces hasards où « le contingent réalise le nécessaire » (le hasard accomplit ce qui est inévitable) comme disait Engels. En niant le résultat des élections comme l’avait déjà fait aux USA Trump avec l’insurrection du Capitole, Macron marche à l’avant-garde de « la fin du projet démocratique ». C’est-à-dire de l’idée dominante alors selon laquelle la démocratie était inséparable de la liberté économique. Telle était la doxa qui animait « l’occident » après la défaite de l’Allemagne Nazie puis la décolonisation. LFI a posé ce diagnostic à la suite de nombre d’intellectuels dans le monde et en France. Nous marchons donc à l’inverse avec l’option de réplique à cet anéantissement. Toute notre stratégie concrète en est déduite. Dans son discours de clôture des AMFIS, Manuel Bompard le coordinateur des Insoumis l’a bien résumé en trois mots : Censure – Mobilisation – Destitution. Cette stratégie est entièrement fondée sur les moyens légaux que donne une démocratie à un peuple pour faire respecter ses décisions électorales. Ils vont être déployés avec énergie et détermination. La mobilisation du 7 septembre dans toutes les villes préfectures sera le premier temps populaire de l’action. Le dépôt des motions de destitution et de censure ouvrira le débouché politique de ces actions de terrain. Elles en seront le prolongement naturel. Telle est notre conception de la vie politique en démocratie où la scène déborde les institutions quand celles-ci se montrent inaptes à régler un défi de cet ordre fondamental. C’est le chemin concret vers la Sixième République qui reste le cœur de notre projet démocratique. La crise qui monte le place à l’ordre du jour du futur proche. Parce que la solution est toujours inscrite dans le problème. 

    L’histoire de France concentre souvent celle de son époque. C’est pourquoi ni l’agression macronienne ni notre réplique insoumise, ni l’action du Nouveau Front populaire ne sont vues nulle part comme subsidiaires, ni dans la droite ni dans la gauche de par le monde.