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    Le communisme qui vient, de Bernard Friot et Bernard Vasseur

    Friot

    Lien publiée le 8 janvier 2025

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://lanticapitaliste.org/opinions/culture/le-communisme-qui-vient-de-bernard-friot-et-bernard-vasseur

    Éditions La Dispute, 2024, 184 pages, 15 euros.

    Pourquoi, même face à la menace de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, la gauche ne parvient-elle pas à incarner une alternative pour les classes populaires ? La question hante aujourd’hui bien des militantEs. C’est le point de départ de la réflexion de Bernard Friot dans son nouveau livre, Le communisme qui vient, co-écrit avec le philosophe Bernard Vasseur. Pour les auteurs, cette situation est la conséquence d’une « longue faillite » qui pourrait signifier « que l’on s’y prend mal et qu’il faut voir les choses et les faire autrement »

    Friot et Vasseur critiquent la stratégie des forces dominantes de la gauche, orientée vers la seule conquête des institutions étatiques pour accéder au pouvoir. Selon eux, « ce qui réduit aujourd’hui l’action politique au bégaiement et à l’impuissance, c’est le verrou de la propriété lucrative que pose la bourgeoisie sur le travail pour en faire le lieu où s’alimente son pouvoir de nuisance ». Prétendre gouverner, en laissant intacte cette domination de la classe dominante sur le travail ne peut mener qu’à l’échec.

    L’alternative des « déjà là »

    Pour eux, l’alternative permettant de reprendre l’initiative est pourtant là, sous nos yeux. Mais par « cécité » ou refus de la voir, la gauche s’en désintéresse. Obnubilée par sa stratégie purement électorale, elle relègue à un futur lointain la possibilité pour les producteurEs de se réapproprier leur travail. Le communisme devient un horizon peu attractif, dont le nom lui-même n’est plus prononcé.

    Il faudrait au contraire, selon Friot et Vasseur, prêter attention et développer les potentialités d’un communisme « déjà là » dans « une effervescence de combats distincts, mais qui s’entre-épaulent dans la quête résolue d’une émancipation humaine authentique ».

    « Déjà là » d’hier et d’aujourd’hui

    Le terme de « déjà là » désignait, dans les ouvrages antérieurs de B. Friot, les conquêtes sociales (qu’il appelle les « conquis ») de la fin de la Seconde Guerre mondiale, essentiellement le statut des fonctionnaires et le régime général de la Sécurité sociale.

    Le communisme qui vient étend très largement la notion de « déjà là » à toutes les formes de « ­rébellions » qui ont émergé au cours des dernières années. Ce sont des mouvements sociaux, des institutions, des initiatives concrètes qui se développent en particulier sur les questions de l’écologie, de l’agriculture et de l’alimentation, du féminisme, du racisme et des discriminations. Les auteurs y voient les prémices d’un « mouvement communiste » qu’il faudrait généraliser pour sortir du capitalisme.

    « Assécher » ou briser le pouvoir économique et politique de la bourgeoisie 

    Le livre est certes une critique souvent pertinente de la démocratie parlementaire. Il porte attention aux nouveaux mouvements sociaux, en appelle à l’initiative populaire « par en bas » pour combattre le capitalisme, multiplie les références au communisme et à Marx.

    Il n’en escamote pas moins un élément central de la pensée et de l’action de Marx et de la tradition marxiste révolutionnaire : la nécessité de la conquête du pouvoir politique (à l’opposé de la gestion loyale de l’État bourgeois par un gouvernement de « gauche »), comme condition pour briser la domination économique et politique de la classe dominante. 

    Pour les auteurs, l’extension des « conquis » de la fonction publique ou de la Sécurité sociale ou d’autres « déjà là » rendrait ­possible ­« ­l’assèchement » graduel du capitalisme, son démembrement, sous la pression des mouvements sociaux ; le rôle (secondaire) d’un gouvernement de gauche se limitant, à postériori, à la validation législative de ces « conquis »

    Que des conquêtes partielles, telles que la Sécurité sociale ou le statut des fonctionnaires, préfigurent la possibilité d’une autre organisation de la société et qu’il faille par les luttes les défendre et les étendre est une chose. Qu’il soit possible par ce moyen de déposséder la bourgeoisie en la privant de sa propriété sur les moyens de production, sans que celle-ci n’ait au préalable réagi, en est une autre. Elle est démentie par toute l’histoire, souvent tragique, du mouvement ouvrier.

    On peut partager avec B. Friot et B. Vasseur l’idée que les « conquis » portent en germe la société que nous voulons construire, encore faut-il que, pour se développer et éclore, ces germes trouvent le terrain favorable. Ils ne le trouveront pas sans le moment révolutionnaire de la prise du pouvoir et du démantèlement de l’appareil d’État bourgeois1, sans lesquels l’abolition de la propriété privée et la réappropriation de leur travail par les producteurEs restent des illusions.

    J.C. Laumonier

    • 1. Prenant des formes diverses d’un pays à l’autre.