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Nouvelle journée d’action… invisible de la CGT
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://social.blog.lemonde.fr/2015/10/08/nouvelle-journee-daction-invisible-de-la-cgt/
Même quand les salariés ne sont pas au rendez-vous des mobilisations à répétition de la CGT, la centrale de Montreuil continue. Jeudi 8 octobre, la CGT organisait ainsi une nouvelle journée interprofessionnelle d'actions et de manifestations pour réclamer des hausses de salaires et défendre l'emploi, et plus globalement pour dénoncer la "politique d'austérité" du gouvernement. Et elle a enregistré un nouvel échec. A la différence de la précédente journée, le 9 avril, Force ouvrière ne s'était pas associée à cette initiative même si son union départementale de Paris, qui a pris l'habitude de s'inscrire dans la roue de la CGT, participait au cortège parisien. En revanche, comme lors des précédentes journées, la FSU et Solidaires étaient de la partie. Et, novation, deux organisations de jeunesse, l'UNEF, pour les étudiants, et l'UNL, pour les lycéens, avaient appelé à manifester.
Signe que la CGT ne nourrissait pas d'illusions exagérées sur cette mobilisation, Philippe Martinez, son secrétaire général, avait choisi de manifester non à Paris mais à Saint-Etienne (Loire). A Paris, le défilé entre la République et la Nation a pris une tournure très politique. "Non à la déréglementation, à la précarité, oui au progrès social", proclamait la banderole de tête, des manifestants arborant des pancartes ou des t-shirts dénonçant ouvertement le président de la République - "Hollande, tu fais monter le FN" - ou faisant allusion aux incidents qui se sont produits à Air France - dont des salariés formaient un cortège distinct -, comme "A poil les DRH!" ou encore"militant, pas voyou". Membre du bureau confédéral, Virginie Gensel, en difficulté dans sa propre fédération de l'énergie, a jugé que globalement toutes les lois portées par le gouvernement sont "des lois de régression sociale ou de remise en cause du modèle social français". "La colère monte, n'a-t-elle pas craint d'affirmer, il faut s'en servir pour élever le rapport de forces".
Au diapason, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, organisation qui a pourtant signé, à la différence de la CGT, l'accord sur les parcours professionnels dans la fonction publique, a estimé qu'il s'agissait d'une "nouvelle alerte pour dire qu'il est nécessaire de revaloriser le pouvoir d'achat et de s'attaquer à la résorption du chômage et pour parler du temps de travail". Pour autant, cette nouvelle journée d'action s'est traduite, comme les précédentes, par un échec. Si au Havre (Seine-Maritime), plusieurs centaines de cégétistes n'avaient pas bloqué les entrées de la ville, des dockers empêchant de leur côté l'accès des poids lourds aux terminaux du port, elle aurait été totalement invisible. A la SNCF, où la direction faisait état de 12% de grévistes, le trafic n'a été que légèrement perturbé. A Paris, les métros ont roulé normalement. Selon le ministère de l'éducation, il y a eu 1,6% de grévistes pour l'ensemble des personnels et 1,7% pour les enseignants.
Les cortèges ont été plutôt maigrelets. A Paris, le chiffre de la CGT n'a pas été communiqué mais la police n'a dénombré que de 5 300 à 5 500 manifestants, et pas plus de 3 000 à Lyon. La CGT a parlé de 15 000 manifestants à Marseille (2 400 selon la police), 1 000 à Caen (600). Dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi, la CGT, qui fait état d'un "contexte politique et économique très tendu", reconnaît en creux l'échec de la mobilisation en évoquant "160 rassemblements et manifestations" ayant réuni "plus de 100 000 salariés, retraités, des étudiants et des lycéens". Appelant classiquement à "élargir et amplifier la mobilisation", elle affirme: "Ce rendez-vous revendicatif s'ajoute aux multiples luttes locales pour l'emploi, les salaires, les conditions de travail. Sans conteste, ce 8 octobre résonne comme un démenti à tous ceux qui prônent la fatalité et la résignation". Sans conteste...
Lors de sa précédente journée, le 9 avril, la centrale de Montreuil avait fait état d'un"succès retentissant", affichant le chiffre de plus de 300 000 manifestants à travers toute la France. Une nouvelle démonstration est ainsi apportée au fait que ces journées d'action invisibles réunissent principalement des permanents syndicaux et des militants, rares étant les salariés prêts à perdre une journée de salaire pour participer à une mobilisation qui ne produit aucun résultat. Mais pour Philippe Martinez, qui déclarait au Monde du 22 septembre qu'"il est important que la CGT appelle plus souvent à des mouvements pour peser dans le débat", l'objectif est atteint: en vue de son prochain congrès, en avril 2016 à Marseille, il aura démontré qu'il ne baisse pas la garde face à la "politique d'austérité" du gouvernement. D'autres journées d'action seront certainement programmées avant ce congrès où le successeur de Thierry Lepaon, grâce à de tels messages de fermeté montrant une opposition sans concessions au pouvoir, entend bien se faire réélire.
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http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/Plus-de-cent-mille-sur-le-pave-pour-les-salaires-et-la-RTT_a9817.html
La journée d’action pour défendre « d’autres choix économiques et sociaux » en matière d’emploi, de revenus et de temps de travail, à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires, a suscité 160 rassemblements et manifestations dans tout le pays. Reportages à Paris, Lyon et Marseille
à Paris, la politique de hollande dans le viseur
À elle seule, la manifestation parisienne a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes. Une banderole chiffrée donne l’ampleur de l’injustice salariale qui règne dans la grande distribution. Celle des salariés de Carrefour : « Bénéfices 2014 : 1,24 milliard d’euros. Partage de cette richesse : + 10 % pour les actionnaires. + 0,5 % pour les salariés, soit 33 centimes par jour, le prix d’une demi-baguette » de pain. Frédéric Gérard (CGT Carrefour Market) précise que la lutte est perpétuelle depuis février dernier, et qu’elle s’amplifiera jusqu’en décembre, en lien avec d’autres enseignes du secteur. « L’industrie, c’est la production, pas la spéculation », dit une affiche. « C’est mon travail qui fait les richesses. Il n’y a pas de bons et de mauvais migrants », lit-on sur la pancarte d’un intérimaire. Le camion de la CGT Air France avec la chemise d’un pilote déchirée sur le toit attire les photographes. Les visages jeunes aussi. « Nous travaillons trop au lycée Jean-Renoir de Bondy. De 8 heures à 18 heures, avec un seul jour complet de repos », commente Carine, 16 ans.
Les jeunes de l’Unef et de l’UNL étaient appelés à manifester aux côtés des syndicats CGT, FSU, SUD et l’union régionale FO. Les militants du Front de gauche, eux, soutenaient les manifestants au bord du cortège, en présence de Pierre Laurent, tête de liste aux régionales en Île-de-France. Amandine, infirmière à Paris depuis trois ans pour 1 600 euros par mois, va changer de métier. « Toujours à l’hôpital, mais dans le domaine du relationnel. Parce que les soignants n’ont plus le temps d’échanger avec les patients. »
En tête de cortège, ce 8 octobre apparaît comme une étape sociale qui en promet d’autres. « Manifester ici, et surtout transformer la colère en mobilisation à l’intérieur même des entreprises », c’est le message de Virginie Gensel, responsable nationale de la CGT. Pour Jean-Louis, militant SUD PTT de Bobigny, cadre en ressources humaines rémunéré 2 200 euros par mois à trois ans de la retraite et « à qui personne n’a jamais arraché la chemise », « le premier responsable des politiques de droite qui sont à l’œuvre dans ce pays, c’est d’abord François Hollande ». « Les syndicalistes ont leur part de responsabilité », admet-il clairement : manière d’appeler à travailler aux rapports de forces pour peser dans les choix face au gouvernement. François Hollande, parce qu’il a été élu par le peuple de gauche, est aussi jugé responsable de la montée de la précarité, pour Bernadette Groison, secrétaire nationale de la FSU, qui délivre un message à son attention : « Il est urgent d’écouter les critiques, les revendications et propositions des salariés. »
Pour Jean-Noël Lahoz, secrétaire départemental de FO dans l’Essonne, « c’est la casse du Code du travail qu’il faut absolument empêcher ». Dans ce département qui a vu Manuel Valls faire ses armes en politique, l’humeur est au besoin d’unité syndicale durable, « surtout quand on voit comment les militants syndicaux sont dans le collimateur ».
à Lyon, contre les réductions d’effectifs
Environ 3 500 manifestants ont défilé à Lyon entre l’ancienne gare des Brotteaux et la place de la Bourse, banderoles et drapeaux CGT, SUD, FSU, Unef et CNT en main. « Parents licenciés, jeunesse précarisée, retraites amputées, on n’en veut pas, de cette société ! » scande un militant CGT depuis une camionnette syndicale. Un mot d’ordre qui semble bien représenter l’état d’esprit des manifestants qui, malgré la difficulté à mobiliser en cette journée d’action nationale, continuent à se battre dans leurs entreprises et leurs institutions.
En proie à deux plans sociaux en quelques années, les salariés de Renault Trucks à Vénissieux s’apprêtent à devoir en affronter un troisième dans les services informatiques. « On ne nous donne aucune information concrète pour l’instant, mais on sait que Renault Trucks veut externaliser l’ensemble de sa division informatique pour la céder à une société de services qui pourra envoyer les salariés vers d’autres missions. Les salariés sont très inquiets et une bonne partie préfère partir dans le cadre du PSE », explique Alexandre Arroyo, élu CGT au CHSCT. Très présents dans le cortège, les cheminots payent aussi le prix fort de la stratégie de la réduction de la masse salariale. « La SNCF veut diminuer de moitié les effectifs des ateliers de maintenance d’Oullins, qui doivent fermer en 2019 pour être déménagés vers un technicentre », rapporte Christophe Busset, délégué du personnel CGT, qui juge qu’on ne peut « que se mobiliser, vu toutes les attaques que subit le monde du travail ». La question du temps de travail paraît particulièrement présente dans les esprits. « Dans le cadre d’une nouvelle convention, on veut nous supprimer nos congés trimestriels, nos congés d’ancienneté, tout ça pour éviter d’embaucher », témoigne Laurence, 45 ans, monitrice-éducatrice à l’institut médico-éducatif Val-de-Saône, à Montanay, et militante à SUD santé-sociaux.
à Marseille, air france en tête de cortège
Juste avant l’Internationale en clôture de la manifestation marseillaise, devant la préfecture des Bouches-du-Rhône, un nouveau chant revendicatif s’est élevé de la sono. « Sans chemise, sans pantalon », le tube des années 1970 de Rika Zaraï, faisait bien entendu référence à la situation d’Air France, dont les salariés de l’aéroport de Marignane menacés au premier chef étaient en tête d’un cortège mêlant travailleurs du privé et du public, mais aussi des retraités, des lycéens, des étudiants et des chômeurs.
Devant les manifestants venus des nombreuses entreprises menacées du département, de Nexcis à Total La Mède en passant par Saint Louis Sucre, témoignages de la diversité du ras-le-bol social, les agents d’Air France ont pu crier leur colère. « Pour la seule base de l’aéroport Marseille-Provence, on en est au septième plan de rigueur depuis 2008, les salariés n’en peuvent plus. On leur demande pourtant encore de nouveaux efforts alors que la compagnie va annoncer des bénéfices, explique Serge Bodrero, secrétaire CGT de la base Air France de Marseille et élu au CE. La direction est dans la provocation et le refus du dialogue, on nous propose de la concertation, jamais de la négociation. »
Air France représente à elle seule 2,7 % du PIB de la région Paca et 47 000 emplois directs, indirects et induits, ce qui donne une idée de l’ampleur de l’enjeu local. À l’aéroport de Marseille-Provence, où la compagnie emploie 771 équivalent temps-pleins, elle demandait 8,1 millions d’euros d’économies sur les 32 millions de la masse salariale. Ce chiffre d’économies est brutalement passé à 13,9 millions, soit une hausse de 71 % en quelques jours et 210 emplois au tapis. « Pourtant, le travail est de plus en plus dur et de plus en plus stressant », témoignent Sandy et Florence, employées à la sécurité.
À Ajaccio, les économies demandées sont passées de 4 à 5,2 millions, soit 85 postes de moins et à Bastia, de 3,3 à 4,6 millions, soit 74 emplois perdus. Face à cette hémorragie annoncée, les salariés ont sonné l’heure de la mobilisation. « À la base de Marseille, par exemple, la situation économique est stabilisée, mais on fait face à une volonté de destruction de l’emploi. On revendique une table ronde avec le gouvernement, qui doit se décider à être un acteur, et la direction. S’il n’y a pas d’investissements, c’est toute la compagnie qui va couler, explique Aimé Musto, Marseillais et secrétaire général adjoint du comité central d’entreprise (CCE) d’Air France. Les salariés de Marseille sont inquiets, mais déterminés et pas du tout désabusés. Si l’on n’obtient pas de vraies négociations, il y aura une action d’une ampleur encore jamais vue sur l’aéroport de Marseille-Provence pour répondre à cette agression. »
MARC BUSSONE (À MARSEILLE), LAURENCE MAURIAUCOURT (À PARIS) ET LOAN NGUYEN (À LYON)