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11 février : soyons massivement mobilisés, défendons une grève reconductible large pour gagner !

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Lien publiée le 11 février 2023

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11 février : soyons massivement mobilisés, défendons une grève reconductible large pour gagner ! (revolutionpermanente.fr)

Ce 11 février aura lieu une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, un samedi, sans appel à la grève. Une échéance qu’il faudra investir massivement pour faire entendre notre colère. Mais à l’heure où la multiplication des journées isolées commence à montrer ses limites, il faudra aussi et surtout discuter du plan de bataille dont nous avons besoin.

Le mois de janvier 2023 contre la réforme des retraites aura été celui de tous les records. Le 19 janvier a d’abord constitué le démarrage le plus puissant d’un mouvement social ces 30 dernières années. Ensuite, le 31 janvier a été, selon les chiffres même de la police, la mobilisation la plus massive jamais enregistrée depuis le début des années 1990. C’est sous pression de cette dynamique massive que l’intersyndicale a appelé à deux nouvelles journées de mobilisation début février : la journée de grève du mardi 7 février et la journée de manifestation ce samedi 11 février.

11 février : une manifestation un samedi qui doit être la plus massive possible

Cette journée de mobilisation du 11 février revêt un caractère particulier. D’abord, par ses modalités d’action, le week-end, en l’occurrence un samedi. Poussée notamment par la CFDT au sein de l’intersyndicale, validée par la CGT et Solidaires, cette journée en week-end, sans appel à la grève, a comme objectif affiché par Laurent Berger de grossir toujours plus les cortèges en s’adressant à ceux qui « ne peuvent pas faire grève et manifester en semaine ».

Quelques jours après la mobilisation du 7 février, et alors que le gouvernement continue de défendre son projet de réforme coûte que coûte, il va falloir investir massivement cette date et montrer que la colère est toujours forte.

Cependant, alors que cette mobilisation annonce la clôture de facto d’une première phase de mobilisation avant la rentrée scolaire, début mars, cette journée doit être aussi l’occasion de discuter grève et plan de bataille, en refusant autant l’idée la petite musique qui relativise le poids de la grève dans le combat contre le gouvernement.

Tirer des enseignements de la journée en demi-teinte du 7 février

Sur ce plan, impossible d’aborder cette journée sans tirer des leçons du 7 février. La première chose est que, malgré le reflux relatif par rapport aux manifestations historiques de janvier, la mobilisation a été à nouveau massive. Si la CGT a revendiqué « près de 2 millions » de manifestants, soit quasiment autant que le 19 janvier, de son côté, le ministère de l’Intérieur a annoncé 757 000 manifestants. Même si l’on s’en tient aux chiffres policiers, la participation au 7 février se situe parmi les plus importantes manifestations de ces trente dernières années à un niveau comparable au pic du 5 décembre 2019, ou encore aux tranches basses des manifestations de masse de 2010.

En revanche, du côté de la dynamique globale de la grève, la baisse du 31 janvier s’est confirmée ce mardi, malgré le caractère toujours historique de la mobilisation. Si des secteurs stratégiques comme les raffineurs arrivent à maintenir une dynamique de grève notamment avec un plan de grève de 48h les 7 et 8 février, les taux de grève ont dégringolé dans plusieurs secteurs pourtant mobilisés depuis le 19 janvier comme la fonction publique et les enseignants, loin d’être en grève majoritaire ce 7 février. Des chiffres que les vacances scolaires en zone A ne peuvent expliquer à eux-seuls.

Cette dynamique est en effet indissociable de la stratégie de l’intersyndicale et ses journées de pression. Autour d’un discours sur la nécessité que la « mobilisation s’ancre dans la durée », la logique de celle-ci finit par faire primer l’idée de rester mobilisé dans un temps long, donc qu’il faut s’économiser pour tenir. Une approche qui conduit les travailleurs à la base à des formes de grève « à l’économie, » en choisissant sur quelle date se mobiliser, comme le relateun responsable syndical chez les fonctionnaires territoriaux : « Il y a une forme de turn-over : certains y sont allés la semaine dernière, d’autres y vont cette semaine. D’autres encore posent des RTT. », explique-t-il.

Une attitude cohérente avec une stratégie qui relativise l’importance de la grève et du blocage de l’économie, au profit de journées isolées. L’appel à une date le samedi sans grève en constitue la conclusion logique : en lieu et place de chercher à briser les obstacles pour que les salariés les plus précaires de notre classe puissent se mettre en grève, le raccourci d’une mobilisation le week-end est proposée. Pourtant, les mobilisations passées ont montré l’impuissance d’une telle stratégie.

2010 a démontré que les journées isolées ne suffiront pas

Alors que les journées de mobilisation massives des 19 janvier, 31 janvier et 7 février, réunissant des millions de manifestants et grévistes partout en France, ont permis à des millions de salariés de reprendre confiance en leur force, la question qui reste posée, et qui commence à être interrogée par certaines franges de manifestants notamment ce 7 février, est celle des suites et du plan de bataille.

Or, pour l’intersyndicale, c’est toujours la logique générale d’une succession de dates isolées qui semble primer. Selon Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT, le prochain temps fort sera début mars avec « une grosse journée le 7 et une initiative particulière le 8, en lien avec la journée internationale des droits des femmes ». Entre-temps, une « nouvelle journée d’action » s’est intercalée pendant les vacances le 16 février, sans préciser s’il s’agit d’un appel à la grève.

Un tel calendrier de journée isolées rappelle le précédent de 2010 où malgré les 14 journées d’action, et des millions de manifestant dans les rues, le mouvement n’avait pas permis d’obtenir le recul de Sarkozy. Si le gouvernement est fragilisé par la crise politique, il n’entend pas céder et le pari des directions syndicales est ainsi particulièrement dangereux pour nos retraites.

Le 11 janvier doit servir à discuter du plan de bataille : construire une reconductible large

Face à cette impasse, il est indispensable de remettre la question de la stratégie pour gagner au centre. Sur ce plan, la réussite de la grève des raffineurs sur 48h les 7 et 8 février constitue un point d’appui. De même, le plan proposé par Solidaires, qui pourrait selon une note interne proposer à l’intersyndicale de « porter la grève reconductible à partir du mercredi 8 mars », permettrait de poser à une échelle de masse la perspective d’une grève reconductible large.

Pour que ce plan devienne réalité, il faudra cependant le construire par en bas, en s’assurant que la grève appartienne aux grévistes et s’organise à la base, entre syndiqués et non syndiqués, afin de commencer à discuter de cette stratégie dans des AGs et Interpros, qui pourraient constituer un levier central pour briser les obstacles à un durcissement de la mobilisation. Dans ces cadres, il est fondamental que les secteurs les plus habitués aux grèves dures et convaincus de l’enjeu de la reconductible, tels que les cheminots, les raffineurs, ou les électriciens, travaillent à étendre cette perspective en s’adressant aux secteurs autour d’eux : sous-traitants, entreprises locales, etc.

En outre, pour qu’une telle perspective devienne réalité, le plan doit aller de pair avec une discussion sur un programme à la hauteur de la colère. Un programme qui allie par exemple la question d’arracher des retraites dignes pour toutes et tous, dès 60 ans ou 55 pour les métiers pénibles, à celle des augmentations de salaires et de leur indexation sur l’inflation. Un programme qui cherche à en finir avec des conditions de travail qui nous brisent, la destruction des services publics ou encore le chômage et la précarité, qui donne envie de se battre à l’ensemble de notre classe, pour allier radicalité et massivité et vaincre Macron.