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Tirer les bilans, poursuivre le combat : le 1er mai ne doit pas être une démonstration sans lendemain !

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Lien publiée le 27 avril 2023

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Tirer les bilans, poursuivre le combat : le 1er mai ne doit pas être une démonstration sans lendemain ! (revolutionpermanente.fr)

Cette année, la journée de mobilisation internationale des travailleuses et des travailleurs sera la treizième échéance nationale d’un mouvement historique contre le gouvernement et sa réforme des retraites. Si les manifestations devraient être massives, cette nouvelle démonstration du monde du travail ne doit pas rester sans lendemain.

Une colère ouvrière et populaire toujours aussi présente

S’il y a bien une réalité autour de laquelle tout le monde s’accorde, c’est l’isolement de Macron. Avec sa formule très napoléonienne des « Cents Jours », le président voudrait se donner une image de force. Mais celle-ci ne cesse de se heurter à la colère ouvrière qui s’exprime, casserolade après casserolade. Pas un déplacement ministériel n’arrive à se tenir sans rassemblement contre le gouvernement, au point que plusieurs d’entre eux ont dû être annulés malgré la succession d’interdiction de manifester à leurs alentours.

Les racines de la colère sont profondes : largement, le sentiment que le bataille des retraites n’est pas finie perdure, tandis que l’inflation, notamment alimentaire, explose. Et si les grèves reconductibles contre la réforme des retraites se sont arrêtées, les grèves pour des augmentations de salaires continuent inexorablement, que ce soit du côté des travailleuses du textile de Verbaudet, chez les sous-traitants d’Amazon, les éboueurs du SIVOM en Essonne ou encore chez Airbus. Sur ce terreau de colère, qui a mis la question des salaires au centre, s’est développée depuis le passage au 49.3 une colère sur un terrain plus démocratique, contre le régime de la Ve République. Une colère profondément politique qui a radicalisé le mouvement de masse et aiguisé la crise politique et institutionnelle ouvrant une situation de quasi ingouvernabilité pour le pouvoir.

La situation est donc encore largement ouverte et il faudra être massivement mobilisés ce 1er mai pour montrer l’étendue de la colère et réaliser une démonstration de force du mouvement ouvrier, dans la continuité de la mobilisation historique depuis le 19 janvier. Cependant, cette date ne doit pas être une clôture en fanfare du mouvement. Alors que l’intersyndicale a de facto mis sur pause la mobilisation nationale depuis le 13 avril, une partie de ses dirigeants comme Laurent Berger assument vouloir tourner la page. A l’inverse, c’est d’un 1er mai qui permette de tirer les bilans de la première phase du mouvement et de préparer la suite que nous avons besoin.

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Pour repartir à l’offensive, la nécessité des bilans

Alors que la crise est loin d’être refermée, plus que jamais, il faut continuer à se battre. Contre la réforme des retraites et pour des augmentations générales de salaires d’abord, alors que l’inflation continue d’exploser. Mais aussi contre tout l’agenda macroniste, qui cherche à se recomposer en menant une nouvelle offensive contre les plus précaires d’entre nous avec la volonté de conditionner le RSA à des heures de travail. Cet agenda sécuritaire et xénophobe est en train de démarrer avec l’opération Wuambushu, une campagne anti-migrants à Mayotte où Darmanin montre une nouvelle fois ce qu’est la réalité de l’impérialisme colonial français : expulsions, tirs à balles réelles dans les opérations ou encore déportation d’enfants.

Mais pour organiser la lutte, qu’elle soit pour une retraite à 60 ans, l’indexation des salaires sur l’inflation, ou contre le régime de la Ve République, nous ne pourrons pas faire l’impasse sur les bilans des quatre derniers mois de bataille des retraites. Les dirigeants syndicaux tentent de faire peser l’incapacité à faire reculer Macron jusqu’ici sur l’obstination du Président. La réforme serait un « un rendez-vous manqué, à cause de l’exécutif, de sa volonté d’imposer une mesure paramétrique absurde » selon Laurent Berger dans son interview, quand Sophie Binet regrette « le hold-up du gouvernement [qui] a empêché les députés de voter ». Un bilan qui met entièrement sous le tapis la question de la stratégie adoptée par l’intersyndicale.

Dès le début du quinquennat et de surcroît dès le 10 janvier, Macron et son gouvernement ont montré qu’ils ne cèderaient pas sans un rapport de force très conséquent. Le 10 mars, un conseiller de Macron expliquait dans le journal L’Opinion : « Le seul événement qui pourrait faire bouger le président, c’est un pays à l’arrêt, c’est à dire une grève générale reconductible qui produirait un choc économique ». Or la logique de l’intersyndicale a été d’enchaîner les journées de mobilisation isolées, dans le cadre d’une stratégie de pression sur les institutions refusant de construire le blocage de l’économie et d’écouter la colère de la base dans les moments les plus brûlants, comme après le 49.3. Une « stratégie de l’apaisement permanent », comme le dénonçait Laura Varlet, cheminote en grève reconductible, lors de la cinquième réunion du Réseau pour la grève générale, qui a étalé la colère dans la durée et a produit les mêmes résultats qu’en 2010, c’est-à-dire la promulgation de la loi.

L’intersyndicale se refuse d’aborder cette question de front et laisse entendre qu’il n’était pas possible d’aller plus loin. Si Laurent Berger a admis à demi-mot l’échec des journées isolées à faire reculer Macron, c’est pour mieux appeler à en finir avec le mouvement en expliquant n’avoir « pas envie de faire perdre des journées de salaire, du fait de grèves, à des travailleurs de la deuxième ligne, en faisant miroiter une issue positive et en terminant avec des mobilisations chétives, à 100 000 personnes dans la rue sur toute la France ». De son côté, Sophie Binet, dans un entretien à Ouest France, explique que « quand on ne gagne pas par la porte, il faut se battre pour passer par la fenêtre », évoquant ainsi la seconde tentative de RIP et la proposition de loi pour abroger la réforme proposée par la gauche comme seule perspective.

A l’inverse, comme nous l’avons souligné depuis le 19 janvier et défendu aux côtés de nombreux travailleurs, réunis notamment dans le Réseau pour la grève générale, le mouvement des retraites et ses journées records mobilisant de larges pans du monde du travail et de la jeunesse a montré l’étendue de la colère de notre classe. Les millions de travailleurs qui se sont mobilisés durant 12 journées interprofessionnelles auraient été capables de bloquer durablement l’économie, mais à condition qu’une stratégie pour préparer cette perspective soit mise en place, en s’appuyant sur l’élargissement des revendications du mouvement aux salaires et sur une large auto-organisation à la base. Le mouvement qui a ouvert la crise du régime la plus profonde depuis 1968 est capable de vaincre Macron, mais à condition de tirer ces leçons pleinement.

La force est dans la rue, par la grève : il faut une stratégie pour affronter les mois à venir

En ce sens, le 1er mai ne doit pas être une mobilisation record sans lendemain, qui laisse le champ libre à l’apaisement et aux tentatives de recomposition du gouvernement. La question de la suite du combat contre Macron et le régime doivent être au cœur de la journée. Car si l’intersyndicale reste passive, le camp d’en face s’organise. Malgré une crise de la Vème République et une crise politique, Macron tente une reprise en main par une offensive contre les allocataires du RSA et les étrangers. De son côté, le RN, qui n’a pas eu voix au chapitre ces derniers mois du fait de la force de la lutte des classes, tente de repasser à l’offensive, en profitant du reflux de la mobilisation contre la réforme pour présenter son projet raciste et néolibéral comme l’ultime alternative face au gouvernement. Ce n’est pas un hasard si Marine Le Pen a choisi la ville ouvrière du Havre pour faire un meeting le 1er mai.

En face, l’intersyndicale ne propose aucune perspective de lutte, se reposant sur le second RIP, une loi d’abrogation, ou même l’examen des décrets d’application pour ce qui est de Laurent Berger, tandis que la gauche institutionnelle se limite à préparer les élections présidentielles de 2027, comme si les exploités et les opprimés pouvaient enjamber quatre ans de politique macronienne. Dans un régime où les institutions offrent toute latitude à un pouvoir même ultra-minoritaire socialement et politiquement, la rue a à nouveau montré ces derniers mois qu’elle était la seule et unique force capable de mettre un coup d’arrêt aux offensives du gouvernement et du patronat.

Ce constat pose la question de la poursuite de la mobilisation, en dépassant la seule revendication du retrait de la réforme, pour assumer de dessiner une réponse à l’ensemble des enjeux actuels. Pour cela, le mouvement ouvrier doit se doter d’un programme clair. Un programme qui défende une retraite à 60 ans et 55 ans pour les travaux pénibles, une augmentation générale des salaires et leur indexation sur les prix, mais aussi la répartition du temps de travail entre toutes et tous pour en finir avec le chômage. Un programme qui devrait également s’affronter aux projets xénophobes du gouvernement qui font le lit de l’extrême-droite, en dénonçant la Loi immigration et en exigeant la régularisation immédiate de tous les sans-papiers.

Mais face à la crise du régime et à l’offensive autoritaire, le mouvement doit également se doter d’un programme. Alors que toutes les forces syndicales et politiques de gauches s’accordent pour critiquer les innombrables instruments qui ont permis à Macron de passer en force, on ne peut pas se limiter à une refonte de la Vème République, ni même d’une VIe République reconduisant les combinaisons de la IIIe ou IVe République. Il faut plutôt s’inspirer des expériences révolutionnaires françaises en développant un programme démocratique-radical, exigeant la fin du Sénat, du Conseil Constitutionnel et de la Présidence de la République, et la mise en place d’une Assemblée unique, associant pouvoir législatif et exécutif, dont les représentants seraient élus pour deux ans, payés au salaire médian et révocables à tout moment.

Un programme qui ne pourra être arraché que par une lutte de l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse par les méthodes de la lutte des classes. Des enjeux qui doivent être au cœur de la mobilisation du 1er mai. Avec Révolution Permanente, nous manifesterons ainsi dans les cortèges du Réseau pour la grève générale, partout en France, pour dire que la colère contre Macron ne s’arrêtera pas là et qu’elle doit s’organiser pour continuer le combat, et au Havre, contre le RN qui veut s’emparer de la ville où tant de raffineurs, dockers, ouvriers de la chimie et la métallurgie ont manifesté ces derniers mois. Venez manifester à nos côtés !