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    Les Amérindiens et leurs luttes

    À la fin du mois d’octobre 2012 s’est éteinte une des figures du militantisme amérindien, le comédien activiste Russell Means. Dans une note écrite deux jours avant sa mort, il appelait ses fans à dédier une partie de leur temps « au travail sur lequel j’ai tenté de m’engager toute ma vie : la libération et la liberté pour mon peuple Lakota, pour toutes les populations indigènes, et, en fait, pour tous les gens ». En 2010, il avait proclamé la République Libre des Lakota (peuple plus connu sous le nom de Sioux, dont il était issu). Russell Means avait été une des figures de l’occupation de Wounded Knee en 1973 (on y reviendra). Militant de l’AIM (American Indian Movement, organisation radicale pour les droits des Amérindiens) de la première heure, avec John Trudell (Sioux Santi), ce personnage hors normes, était devenu une personnalité d’Hollywood, sans pour autant jamais renier ses origines et menant toujours avec la même vigueur son combat pour la défense et la reconnaissance des peuples indigènes d’Amérique du Nord et plus globalement pour tous les peuples indigènes, victimes depuis des siècles de l’oppression, de la violence, voire de l’extermination par les colons européens puis états-uniens.

    Au mois d’octobre, la cheffe indienne Theresa Spence entamait une grève de la faim au Canada, pour dénoncer la politique gouvernementale menée envers les Indiens et les Inuits canadiens. Cette action allait donner naissance au mouvement Idle No More (« Finie l’apathie !) pour défendre les ressources naturelles et donc les terres sur lesquelles vivent les Amérindiens, contre les projets du gouvernement Harper au service des multinationales des mines et de l’énergie (1).

    En fait, quasiment tous les peuples indigènes du continent américain réclament justice, reconnaissance, indépendance. Sans relâche, malgré tous les obstacles, malgré une administration plus qu’hostile. Tous ces peuples, organisés en Nations pour certains (à l’instar des Iroquois, les plus connus) ne sont pas sur la même ligne de militantisme que l’AIM ; d’autres organisations, ONG, ont tenté et tentent encore de passer par l’ONU, l’UNESCO, elles croient encore à l’honnêteté de cette nébuleuse prônant les droits de l’homme et la démocratie à l’occidentale — en fait toujours au service des impérialismes dirigeant le monde.

    Aujourd’hui Léonard Pelletier, militant de l’AIM également, est toujours incarcéré aux États-Unis. Il est le plus ancien prisonnier politique. Plus de 37 ans de captivité, condamné à deux peines de prisons à perpétuité pour le soi-disant crime de deux agents du FBI au cours d’une action militante de Pine Bridge. Crime monté de toutes pièces par le FBI lui même. Pourquoi ? Pourquoi cet homme fait-il toujours aussi peur même encore aujourd’hui ? Pourquoi Obama ne tient-il pas sa promesse de campagne de le libérer ?

    Pourquoi John Trudell, musicien, ex-militant de l’AIM, défenseur des peuples opprimés à travers le monde, écrivain, fait-il toujours aussi peur au gouvernement états-unien ? Pourquoi a-t-il été le militant le plus fiché par le FBI dans les années 70 ? Pourquoi continue-t-il son combat, comme Russell Means ?

    Pour répondre à ces questions, il faut se plonger dans l’histoire des peuples amérindiens (en nous limitant dans cet article à ceux d’Amérique du Nord), en essayant de faire le lien possible entre leurs luttes et celles des révolutionnaires du monde entier. Car les Amérindiens qui militent pour la cause de leurs peuples sont révolutionnaires. John Trudell le proclame sans cesse.

    Il s’agit de comprendre autant que faire se peut ces sociétés victimes d’un véritable génocide depuis le XVIe siècle, comprendre en quoi elles dérangent et ont tant dérangé les colonisateurs de tous poils, les impérialistes et le système capitaliste dans son ensemble. Comprendre pourquoi et comment ces peuples, leurs militants ont tant à nous apprendre sur les moyens de lutter, mais plus globalement sur la manière de vivre, de mener une société. Comprendre, aussi, en quoi ces mouvements se trompent complètement lorsqu’ils parlent de marxisme. Est-ce qu’il y a incompatibilité entre les luttes de la classe ouvrière européenne, internationale, et celles des indiens ? Comment les faire converger ?

    Un choc de cultures

    Des centaines d’ouvrages, articles, études, traitent, analysent, depuis le XIXe siècle, les cultures indiennes d’Amérique du Nord et du Sud. Tous ces textes datent, pour la plus grande majorité, d’après la soumission, le génocide des peuples américains natifs par les colons (européens, puis états-uniens). Un très gros pourcentage de ces textes sont américains. Ethnographiques, ethnologiques, sociologiques, etc., ces travaux font « revivre » les cultures, les sociétés indiennes, le plus précisément possible. Ils émanent de chercheurs blancs pour la plupart. Travail de mémoire, dirait-on aujourd’hui.

    Cette masse d’information écrite après le génocide (même si le génocide continue de se perpétrer, comme on le verra plus tard) est sans doute très utile aujourd’hui. Pourtant, elle se base sur des écrits antérieurs, qui n’ont malheureusement pas servi à empêcher le génocide. Ces études des XVIIe et XVIIIe siècles montraient pourtant très bien que les peuples indiens étaient très avancés socialement, politiquement, culturellement, qu’ils vivaient selon des modèles dont on aurait pu s’inspirer. Même Thomas Jefferson l’a admis... Cela n’a pas empêché le génocide.

    En révélant les différents caractères des sociétés indiennes, ces études ont montré à quel point il y avait incompatibilité entre les deux modèles de société (indienne et européenne). Les Européens, colons, chrétiens, ne pouvaient pas comprendre les Indiens. Ils ont donc tout fait pour les assimiler, les façonner à leur image, selon leurs modèles économiques, religieux et sociaux. Les missionnaires, même s’ils ont été intéressés, voire plus, par les Indiens, n’ont fait que conforter l’idée selon laquelle les modèles indiens n’étaient pas ceux que tout bon chrétien, tout bon citoyen civilisé devait suivre.

    Au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les Européens ne comprenaient pas les Indiens, cherchaient à les assimiler, mais ils négociaient beaucoup avec eux. Il y avait la volonté de les intégrer (pas de manière forcée comme cela s’est produit plus tard au XXe siècle), les « acculturer ». Il n’y avait pas de volonté, semble-t-il, de les exterminer. Les différents protagonistes européens ont même tout fait pour utiliser les Indiens. De plus, la colonisation n’était pas globale, elle ne s’étendait pas à tout le continent Nord-américain.

    Déjà, cependant, le modèle européen a commencé à détruire, à supplanter les sociétés indiennes, avec l’introduction du commerce, les valeurs familiales, sociales, chrétiennes. Le commerce modifia profondément les sociétés indiennes, notamment dans le Nord de l’Amérique. Les colons, selon leurs valeurs, ne voulant pas négocier avec les femmes, influèrent sur la structure même des systèmes sociétaux indiens. En effet, les sociétés indiennes étaient matrilinéaires (transmission par lignage féminin), incomparablement plus égalitaires que dans la société occidentale, les femmes désignant et révoquant les chefs hommes et jouant en outre un rôle fondamental dans les échanges commerciaux…

    Les bouleversement furent donc très importants. De plus, les Anglais et Français, dans leur rivalité entre eux, réussirent à utiliser les Indiens de tel ou tel peuple, chacun pour sa cause (Huron avec les Anglais, Iroquois avec les Français...). Alors que les Indiens pré-colombiens (avant la colonisation) n’avaient pas de velléités impérialistes, en choisissant tel ou tel camp des occupants, ils ont commencé à changer radicalement leur mode de vie comme leur manière de faire la guerre. La guerre impérialiste, même si ce n’était pas la leur, devint un moteur dont ils n’avaient pas besoin jusque là. Bien sûr, il ne faut pas oublier que les Indiens, même s’ils ont été dans l’un ou l’autre camp des colons, se battaient toujours pour préserver leurs terres. Ils pensaient même utiliser tel ou tel camp européen pour pouvoir obtenir des traités avec lui.

    Tout a radicalement changé avec l’indépendance des USA, la révolution industrielle, la conquête de l’Ouest. A partir de cette période, du début du XIXe siècle, le modèle indien, pré-communiste ou communiste « premier » selon certains, en tout cas largement égalitaire, sans classe, devenait un obstacle au capitalisme, au libéralisme. Un modèle à ne pas suivre. Il ne s’agissait plus pour les colons, pour le gouvernement, d’intégrer les natifs, les autochtones, mais de les soumettre et/ou les détruire, de les chasser de leurs terres pour que la bourgeoisie puisse les récupérer et tirer profit des ressources qu’elles contenaient. Il s’agissait d’ôter définitivement le frein au développement du capitalisme, de l’industrialisation des Etats-Unis.

    À partir de ce moment, les Indiens ont résisté plus encore qu’auparavant. Il n’y avait pas d’alliance possible avec l’unique envahisseur. Il y avait bien des négociations, des traités, toujours trahis par l’occupant, mais l’oppression n’a jamais cessé. Les Indiens avaient conscience que c’était une guerre de culture. Ils voulaient défendre leurs cultures, mais surtout et avant tout leur Terre. Non pas pour préserver ses ressources minières ou autres, mais parce que la Terre est le socle de leur culture. Choc frontal, inévitable entre la culture indienne et celle du capitalisme. D’un côté le non-profit, l’harmonie avec la nature, de l’autre la recherche du profit à tout prix, l’exploitation de la Terre à tout prix. Ont voit bien que ce sont deux systèmes sociaux et donc deux visions du monde qui se sont affrontées et s’affrontent encore aujourd’hui.

    L’anti-européanisme et l’anti-marxisme des indigénistes

    La notion de « communisme primitif » a été inventée par l’anthropologue états-unien Morgan, puis développée par Engels lui même et reprise par les auteurs marxistes (comme l’anthropologue Eleanor Burke). Mais les Indiens eux-mêmes ne veulent pas de cette dénomination. Les militants d’aujourd’hui comme Russell Means, considèrent que cela sous-entend qu’ils doivent se développer pour aller vers un communisme évolué. Or ce modèle, selon Means, n’est qu’un avatar de la pensée européenne, celle des colons, des oppresseurs, comme l’est le capitalisme. Et les nations indiennes ne veulent pas de ces modèles qui ne comprennent pas l’importance de la Terre. Selon Means, le communisme européen est basé sur le productivisme, l’exploitation de l’homme par l’homme, celle des richesses que fournit la terre, comme le capitalisme, alors que les Indiens ne veulent pas exploiter la terre, ils veulent vivre avec. Ils ont toujours prôné et développé une économie de subsistance, rien d’autre : pas de profit, pas de gaspillage.

    Mais on comprend vite que Means et le courant de pensée qu’il représente fait de l’anti-marxisme en mélangeant tout et surtout en associant marxisme et stalinisme systématiquement. Son anti-européanisme le pousse à faire de l’anti-marxisme, puisque, selon lui, le marxisme est européen. Il fait de l’indigénisme. Ni capitalisme, ni marxisme, ni tout autre forme politique issue de la culture européenne.

    De plus, en tant qu’indigéniste, Means prétend que Marx ignore le rôle de la nature, que seuls les Indiens ont cette conscience. En réalité, la nature est un élément central dans la théorie matérialiste de Marx, avec des intuitions écologistes avant la lettre qu’il s’agit de développer aujourd’hui (2).

    Le débat est animé et les marxistes américains s’intéressent de près à la question indienne. Les Indiens cherchent à faire valoir leur propre philosophie, ce qui est tout à fait légitime. Mais il est juste que les marxistes fassent entendre leur propre point de vue politique sur la question des Indiens — ne serait-ce que pour lever les malentendus qui subsistent chez les indiens, entretenus par des militants honnêtes et acharnés, déçus, meurtris par des siècles et des siècles de colonisation européenne.

    Il est clair qu’avec une approche purement européenne ou étasunienne, nous ne pouvons comprendre les Indiens. Pourtant, il n’y a pas incompatibilité entre le combat actuel des Indiens et le nôtre, marxistes révolutionnaires. Tout d’abord parce que les Indiens qui luttent pour leur existence et leur culture sont révolutionnaires. Ils veulent changer radicalement de système, se débarrasser du système qui aujourd’hui les prive de leur Terre. Ensuite parce que nous avons beaucoup à apprendre des Indiens, des militants indiens, et qu’eux aussi ont à apprendre de nous dans la mesure où, contrairement à ce qu’ils pensent, nous sommes pour l’abolition de l’État et du salariat, pour un juste équilibre de l’utilisation des ressources. Mais les choses se compliquent quand on parle de prolétariat, de travailleurs, de production. Les Indiens ne se reconnaissent pas dans ces définitions. Beaucoup sont cependant des prolétaires, exploités dans les centres urbains au même titre que les travailleurs blancs et noirs.

    Mais nous avons beaucoup plus de chemin à faire pour rejoindre les indiens dans leurs revendications qu’eux, dans l’autre sens. Ils savent de quoi les sociétés européennes, impérialistes, sont capables. Ils en sont victimes depuis des siècles. Nous, nous n’avons encore rien appris d’eux.

    Soyons clairs, le grand soir socialiste n’est pas pour demain, le grand soir indien non plus. Mais nous pouvons essayer de comprendre au moins pourquoi nous devons faire converger nos luttes avec celles des mouvements indiens, pourquoi nous devons soutenir sans hésitation leurs revendications. Et ne pas nous contenter de défendre le marxisme de façon purement théorique, mais chercher à l’appliquer concrètement, dans les combats que nous pourrions mener aux côtés des Indiens.

    Du génocide à l’ethnocide

    L’origine des Indiens est établie archéologiquement vers 25 000 avant J.-C., date de l’arrivée des premiers Paléo-indiens venus d’Asie par le Détroit de Behring.

    Migrations, changements climatiques, évolutions du paysage ont façonné les peuples indiens jusqu’au XVIe siècle. L’agriculture se développa même si le nomadisme a toujours dominé, notamment dans les plaines de l’Ouest. Mais des villes, des villages ont structuré depuis longtemps certains peuples, notamment au Canada, mais également dans diverses régions.

    Au moment de la colonisation par les Européens, on peut estimer que les peuples indiens vivaient depuis longtemps de la même façon et avaient acquis leurs religions, leurs modes sociétaux depuis plusieurs siècles, voire des millénaires.

    Le nombre d’Indiens au XVIe siècle est estimé entre 7 et 10 millions, jusqu’à 15 pour certains. La fourchette est large parce que les avis divergent fortement entre les spécialistes, selon les méthodes de comptabilisation utilisées. Aujourd’hui (là encore, le chiffre doit être pris avec précaution), le nombre d’Indiens, descendants d’Indiens, est compris entre 2 et 3 millions, dont 200 à 400 000 pour le Canada, auxquels s’ajoutent les Inuits.

    Il est maintenant communément admis que les maladies apportées par les colons (typhus, choléra, variole, etc.) ont ravagé près de 50% de la population autochtone alors qu’auparavant les peuples indiens ne connaissaient presque aucune maladie avant l’arrivée des Européens). Mais un tribut gigantesque de morts est dû aux guerres, massacres militaires, épurations, déportations menés par les envahisseurs. C’est pourquoi on est fondé à parler de véritable génocide.

    Les chiffres les plus bas se situent à la fin du XIXe siècle. La chute a continué encore pendant le XXe siècle avec la politique d’assimilation forcée menée par le gouvernement. Depuis les années 1980, la population indienne augmente en raison du travail de fond mené par les associations, groupes de défenses des droits et des cultures indiennes, qui incitent les Indiens et leurs descendants à se faire recenser. C’est vrai pour les Indiens du Canada par exemple, qui doivent se battre pour se faire recenser, contre des lois totalement racistes et injustes.

    Au Canada, depuis 1851, l’Indian Act définit qu’une Indienne qui se marie avec un blanc cesse d’être indienne et qu’une personne née d’un mariage contracté après le 4 septembre 1851 et dont la mère et la grand-mère paternelles ne sont pas indiennes, n’a plus le droit d’être recensée comme indienne dès qu’elle a atteint l’âge de 21 ans. Résultat : 300 000 inscrits officiels, 750 000 « non-inscrits » revendiquent leur inscription. Cette loi raciste, discriminatoire et sexiste est donc ethnocidaire.

    Aux États-Unis, le BIA (Bureau des Affaires Indiennes) utilise la méthode de classification dite par « détermination des quantités de sang », fondée sur « la couleur du sang » et le « mélange des sangs » lors du métissage, appuyée par une législation qui dit qu’un individu est classé « Noir » s’il a une seule goutte de sang noir, alors qu’un individu n’est pas classé « indien » s’il a ne serait-ce qu’une goutte de sang blanc !

    Après le génocide, militaire, qui a bien failli faire disparaître totalement les Indiens, puis une politique de déracinement, visant à envoyer les Indiens par milliers dans des réserves, véritables camps à ciel ouvert, l’ethnocide continue aujourd’hui.

    Les combats actuels

    Il n’est pas question ici de décortiquer la résistance indienne, leurs guerres contre les colons du XVIe au XIXe sicèle — même si l’on pourrait apprendre beaucoup de l’étude des techniques de guerres indiennes de ces périodes (des grandes figures indiennes, meneurs de leurs peuples à la bataille contre l’envahisseur, ont laissé des traces indélébiles : Cochise, Sitting Bull, Géronimo, pour les plus connus et tardifs).

    On peut parler d’un sursaut, d’une prise de conscience (et prise de confiance) des indiens depuis la 2e moitié du XXe siècle, grâce aux militants des droits indiens, relayés par les arts (cinéma, littérature etc.). Nombreux sont les Indiens qui sont sortis de la torpeur dans laquelle les politiques gouvernementales d’assimilation forcée les avaient enfermés.

    Cette assimilation forcée a souvent provoqué l’effet inverse de celui escompté. Il a renforcé l’identité indienne chez de nombreux jeunes et ainsi produit des résistants. L’obligation d’abandonner la langue originelle a incité les jeunes à se cacher pour la pratiquer encore, tout comme pour les rituels « païens ». Avec les années 60 et les mouvements « Revival » de tous horizons, ces enfants résistants, devenus adultes, ont commencé à se battre pour redonner vie à leur culture.

    De plus, les différents mouvements politiques et sociaux (contre la guerre du Vietnam, féministes, Black Panthers, etc.) ont eu une influence directe indéniable sur les Indiens militants. De là, ils ont incité les moins conscients à se poser des questions, à s’organiser et mener des luttes, parfois armées, le plus souvent par les voies pacifiques, légales, contre le gouvernement.

    Deux courants se sont alors créés :

    • Les ONG, sur le modèle de la défense des droits civiques, qui se sont tournées naturellement vers l’ONU, l’UNESCO, sans s’opposer frontalement au gouvernement, sans chercher à remettre en cause fondamentalement le système capitaliste, mais en cherchant la reconnaissance par les institutions (certaines de ces ONG étaient ou sont encore financées par les gouvernements, notamment canadien).
    • Les organisations radicales comme l’AIM, qui souhaitaient se débarrasser du système, sortir du mode de vie imposé par le système pour retrouver celui des natifs originels. Elles ont mené des actions spectaculaires, notamment des occupations, pour attirer l’attention de l’opinion états-unienne et mondiale. La plus conne est l’occupation de Wounded Knee par 300 Indiens en 1973 : plus de quatre-vingt ans après le massacre qui eut lieu au même endroit, l’armée US tuant 300 Indiens), le FBI envoyé 2000 hommes et des blindés pour briser cette occupation par un siège de 71 jours, avec deux Indiens tués.

    Les deux courants toutefois cherchent à ce que les traités (plus de 370 jamais respectés par les gouvernements !) soient appliqués, que leurs terres soient restituées aux Indiens, etc.

    Les trotskystes du SWP historique, dans les années 60-70, ont soutenu inconditionnellement le combat des Indiens. Ils sont même allés plus loin en prônant la convergence des luttes. En effet, la classe ouvrière américaine n’est pas responsable du génocide indien. Les revendications des Indiens rejoignent celles de la classe ouvrière : logement, culture, éducation, santé, etc., et une partie importante sont eux-mêmes prolétaires, intégrés à la lutte des classes. Enfin, le droit des Indiens à leurs terres, à la défense de leur identité culturelle et à l’autogestion de leurs propres affaires est totalement légitime. Tout cela ne peut aboutir qu’en combattant pour renverser le capitalisme et l’État à son service.

    Quelques références bibliographiques et documentaires

    Ouvrages :

    • Carlson  Paul H., Les Indiens des plaines, Albin Michel, 2004.
    • Engels Friedrich, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État.
    • Novack Georges, Genocide against the Indians, 1970.
    • Roskonski Joëlle, Le Renouveau indien aux États Unis, L’Harmattan, 1986.
    • Stands In Timmer John, De mémoire Chéyenne. Vie et histoire de mon peuple, Albin Michel, 2006.
    • UNESCO : Destins croisés : cinq siècles de rencontres avec les Amérindiens, Albin Michel.
    • Zimmerman Larry J. : Les Amérindiens, Albin Michel, 1996.
    • Ouvrages anciens sur les Indiens accessibles en ligne : http://archive.org

    Films, vidéos et sites Internet :


    1) Voir http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-revolte-des-autochtones-au-129090 ; http://www.ledevoir.com/politique/quebec/322973/faciliter-le-boom-minier?utm_source=infolettre-2011-05-10&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne ; http://www.plannord.gouv.qc.ca

    2) Sur ces questions, voir les textes de l’indigéniste Ward Churchill, notamment Marxism and Native Americans, South End Press, 1984, et l’essai critique marxiste de l’indigénisme de Comrade Nomes, « Ward Churchill & Marxism : Anti-Critique » (Part 1), http://nomes.malcolm-x.org/?p=743

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