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Le secrétaire général de l’OTAN appelle à se préparer à la guerre et à doubler les dépenses militaires
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
OTAN : Mark Rutte invite les alliés à doubler les objectifs de dépenses de défense – Euractiv FR
Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Mark Rutte, souhaite doubler l’objectif de dépenses de défense des alliés, actuellement fixé à 2 % de leurs produits intérieurs bruts (PIB) nationaux.
Alors que huit des 32 membres de l’OTAN n’ont pas encore atteint le seuil de 2 % — notamment des pays de l’UE comme la Belgique, l’Italie et l’Espagne —, l’incertitude entourant l’engagement des États-Unis au sein de l’Alliance après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et l’éventualité d’une course à l’armement avec des pays hostiles inquiètent de plus en plus les alliés.
Lors de son premier discours après sa prise de fonction en tant que secrétaire général de l’OTAN en octobre, Mark Rutte avait déjà évoqué l’importance d’une augmentation des dépenses de défense.
Lors d’un évènement organisé à Bruxelles par le groupe de réflexion Carnegie jeudi 12 décembre, l’ancien Premier ministre néerlandais a déclaré : « Nous allons avoir besoin de beaucoup plus que 2 % […], mais laissez-moi être franc, si vous voulez seulement dépenser plus et ne pas dépenser mieux, vous devez aller jusqu’à au moins 4 % ».
Selon lui, l’objectif des 2 % permettrait aux alliés d’être en sécurité aujourd’hui, mais peut-être pas « dans quatre ou cinq ans ».
Bien qu’il ait affirmé qu’il n’y avait pas de menace imminente pour le territoire de l’OTAN, il a souligné que le danger se rapproche « à grande vitesse ».
« Non, nous ne sommes pas en guerre. Mais nous ne sommes certainement pas en paix non plus », a-t-il déclaré. « Il est temps de passer à un état d’esprit de temps de guerre.»
Relever l’objectif des 2 %, mais à quel point ?
Les membres de l’OTAN discutent actuellement d’une augmentation des dépenses de défense que le minimum collectivement convenu de 2 % du PIB national. Une décision devrait être prise à ce sujet lors du sommet des dirigeants des pays alliés qui se tiendra à La Haye au cours de l’été 2025.
L’année dernière, l’alliance militraire avait déjà convenu que l’objectif de 2 % était un seuil minimum et non plus un but.
Face à la poursuite de la guerre en Ukraine et l’affaiblissement des troupes de Kiev, ainsi qu’à la menace d’une course aux armements, les pays de l’Est et les pays baltes estiment que tous les alliés devraient consacrer 3 % de leur PIB à la défense. Ces pays insistent notamment sur le fait que les Européens dépensaient davantage pendant la Guerre froide, durant laquelle les pays de l’OTAN consacraient environ 3,5 % de leur PIB aux dépenses de défense.
Les diplomates de l’OTAN jugent l’objectif de 3 % plus réaliste que celui de 4 % en cas de révision du seuil, et ils ajoutent qu’il s’agit déjà d’un chiffre qui témoigne d’un engagement politique envers l’industrie et les adversaires géopolitiques.
Actuellement, seule la Pologne dépasse les 4 % de dépenses de défense, tandis que l’Estonie, les États-Unis, la Lettonie et la Grèce dépassent les 3 %.
Selon les chiffres officiels de l’alliance, huit pays seraient encore en dessous des 2 %. Il est toutefois à noter que le Luxembourg est exempté de l’accord sur le seuil de dépenses minimal.
La répartition équitable de la charge financière reste une question sensible au sein de l’Alliance, où les États-Unis jouent traditionnellement un rôle de premier plan. Toutefois, lors de son premier mandat, Donald Trump avait reproché aux autres membres de ne pas assumer pleinement leurs responsabilités. Ce scénario pourrait se répéter, voire aller plus loin, lorsqu’il reviendra à la Maison-Blanche en janvier.
Le week-end dernier encore, le républicain a répété que les États-Unis resteraient dans l’OTAN « si [les alliés] paient leurs factures ».
Bien qu’il soit très difficile pour les États-Unis de quitter officiellement l’alliance militaire et d’être ainsi déchargés de leur devoir de soutenir les alliés en cas d’attaque (en vertu du principe de défense collective), certains craignent néanmoins cette éventualité.
Faire des sacrifices
En termes de pourcentage, même le fait de relever l’objectif de dépenses à 4 % serait dérisoire par rapport aux dépenses de la Russie en matière de défense.
« L’économie russe est sur le pied de guerre. En 2025, les dépenses militaires totales représenteront 7 à 8 % du PIB, voire plus, soit un tiers du budget de l’État russe et le niveau le plus élevé depuis la guerre froide », a souligné Mark Rutte.
L’objectif de 4 % semblant donc quelque peu irréaliste, il a conseillé aux pays d’investir mieux et ensemble.
« Vous pouvez réduire ces 4 % en faisant deux choses : d’une part, en vous assurant que votre base industrielle de défense, et donc vos organisations de défense, intègrent les technologies les plus innovantes et, d’autre part, en faisant des achats conjoints », a-t-il indiqué. L’OTAN est également en train de revoir ses objectifs de stocks et ses besoins en matière de plans de défense et de dissuasion.
En Europe par exemple, l’industrie de défense serait « trop petite, trop lente et trop fragmentée », selon Mark Rutte, qui appelle les États, les industriels mais aussi les opinions publiques à un sursaut.
Le nouveau commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius, a souligné que chaque point supplémentaire de PIB représente pour les pays de l’UE, dont 23 sont aussi membres de l’alliance militaire, quelque 200 milliards d’euros supplémentaires.
Cet effort a un coût qui implique des sacrifices, reconnaît Mark Rutte. « Aujourd’hui, j’en appelle à votre soutien […]. Je sais que dépenser plus pour la défense signifie dépenser moins pour d’autres priorités, mais c’est seulement un peu moins », a-t-il assuré, suggérant d’utiliser « une petite fraction » des dépenses sociales pour y parvenir.
« Pour protéger notre liberté […] vos responsables politiques doivent vous écouter », a-t-il martelé. « Dites-leur que vous acceptez de faire des sacrifices aujourd’hui afin que nous restions en sécurité demain.»
« Si nous ne dépensons pas plus ensemble maintenant pour empêcher la guerre, nous paierons un prix beaucoup, beaucoup, beaucoup plus élevé plus tard en la faisant » , a conclu Mark Rutte.