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Préavis de grève retirés : pourquoi la bureaucratie syndicale refuse-t-elle de se mêler de la crise politique ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des Ports et Docks à la Fonction Publique en passant par la SNCF, différents syndicats ont retiré leurs préavis de grève alors que le gouvernement Barnier est tombé. Un refus d'intervenir dans la crise politique qui laisse le terrain libre au RN et épargne Macron.
Alors que le gouvernement Barnier est tombé mercredi 4 décembre, la grève du 5 décembre a mobilisé en nombre les travailleurs de la fonction publique. Une journée de grève réussie qui témoigne d’une profonde colère des travailleurs, bien conscients qu’il faut d’ores et déjà se préparer aux offensives du prochain gouvernement.
Pourtant, les directions syndicales de différents secteurs ont rapidement retiré plusieurs préavis de grève. Le syndicat FO Fonction Publique a annulé son appel au 10, 11 et 12 décembre « dans l’attente des orientations du nouveau gouvernement ». La CGT Ports et Docks a aussi renoncé à faire grève « faute d’interlocuteur gouvernemental ». Alors que deux jours de mobilisation étaient prévus les 9 et 10 décembre, la grève est reportée aux 3 et 4 février. Pour finir, à la SNCF, la CFDT et l’UNSA ont retiré leur appel à la grève à partir du 12 décembre arguant que quelques miettes auraient été obtenues de la part du ministre.
Un recul totalement en décalage avec la situation que connaissent les travailleurs. Notre quotidien s’aggrave chaque jour un peu plus avec des licenciements, la casse des services publics, des transports, de l’éducation, de la santé. Les prix du loyer, du gaz, de l’électricité et de ce qu’on met dans le caddie ne cessent d’augmenter. Pourtant, alors que le gouvernement Barnier vient de tomber et que Macron est plus affaibli que jamais, les directions syndicales appellent, au mieux à des moratoires sur les licenciements pour négocier la régression sociale, au pire, vont jusqu’à retirer leurs appels à la grève !
Tout ça rappelle le moment du 49.3 pendant la bataille contre la réforme des retraites. Au sommet de la crise politique et de l’impopularité du gouvernement Macron-Borne, les directions syndicales nous expliquaient qu’elles ne font pas de politique, qu’elles ne veulent pas jouer un rôle déstabilisateur. Pourtant, à ce moment-là, des grèves sauvages éclataient à la SNCF, tandis que des raffineurs menaçaient de paralyser le trafic aérien en asséchant l’aéroport de Roissy CDG et de mettre sérieusement en difficulté le pouvoir. Mais les directions syndicales nous disaient que leur objectif n’était pas de faire tomber Macron.
Cette attitude « a-politique » contraste avec l’attitude très « politique » et assumée d’avoir fait campagne pour le NFP (Nouveau Front Populaire) aux législatives anticipées. Si on regarde bien, à chaque fois qu’il s’agit de développer la mobilisation ouvrière et populaire en dehors des élections, aux moments où le pouvoir se trouve en difficulté et risque de tomber, on nous explique qu’il n’est pas question de faire de politique.
Tandis qu’au moment des élections, où il s’agit de canaliser la colère dans les urnes, tout change. Une partie des directions syndicales agitent le danger (réel) de l’extrême droite pour justifier d’appeler à voter Hollande et ses amis, qui montrent encore aujourd’hui toute leur volonté de trouver une compromission avec le macronisme. À la fin, il s’agit toujours de préserver le régime de la Ve république et la domination des capitalistes.
Aujourd’hui, la même logique est à l’œuvre. Alors que la journée de grève du 5 décembre dans la fonction publique a été une réussite et que d’autres secteurs se préparent à la grève tandis que certains subissent des attaques sans précédent (licenciements et fermetures d’usines), les directions syndicales nous expliquent que nous ne pouvons rien faire à part attendre l’arrivée d’un nouveau gouvernement.