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    Emploi: la catastrophe annoncée

    Lien publiée le 4 décembre 2024

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Après avoir feint d’ignorer la catastrophe sociale annoncée, le gouvernement reconnaît la dégradation de la situation économique et son impact sur l’emploi. La vague de fermetures de sites et de licenciements avait en partie été reportée avec le « quoi qu’il en coûte » de la période covid, puis probablement délibérément repoussée après la période électorale du printemps 2024 et encore masquée par l’effet Jeux olympiques. Mais la macronie, qui n’est prête à aucune concession sur son credo libéral, n’avait manifestement pas anticipé ses échecs électoraux. Et ce n’est pas le gouvernement Barnier, otage du RN, qui va trouver des solutions à la vague de suppressions d’emplois. Le point avec Robert Pelletier.

    L’urgence à mettre un coup d’arrêt

    Après avoir tenu un discours rassurant devant la vague de suppressions d’emplois qui s’amplifie de jour en jour, Barnier a annoncé à Limoges vendredi 29 novembre les mesures envisagées. Avec toujours plus de facilités pour le patronat, on est loin du compte…

    Barnier annonce de nouvelles aides aux licencieurs : un fonds de 250 millions d’euros pour l’automobile, un autre de 425 millions pour l’aéronautique ; l’exemption pour cinq ans de l’obligation du ZAN (zéro artificialisation nette) pour tous les projets industriels ; la sortie du champ de la CNDP (commission nationale du débat public) censée permettre aux citoyenNEs de participer aux discussions lors des implantations industrielles ; 1,55 milliard d’euros pour la décarbonation des 50 sites les plus polluants ; des simplifications de procédure, le soutien à la formation ; un nouveau dispositif d’APLD (activité partielle de longue durée) « rebond » au 1er janvier 2025. Ce dispositif permet de ne pas licencier et donc de conserver les compétences, afin de redémarrer dès que la conjoncture le permet. Une recette déjà utilisée lors de différentes crises, en particulier lors du covid, censée être un outil de prévention des licenciements économiques.

    Arrêter les suppressions d’emplois

    Des mesures loin d’être à la hauteur d’une situation dramatique. Les prévisions, notamment de la CGT, évoquent près de 300 PSE (plans de sauvegarde de l’emploi, sic !) avec 300 000 emplois menacés ou supprimés ; un chiffre qui sera probablement dépassé avec les effets difficilement appréciables sur les emplois induits 1. Et qui ne font que conforter le pire des dispositions déjà existantes : aides publiques, pollutions, rejet de tout contrôle démocratique. 

    Pour nous, il faut d’abord faire face à l’urgence sociale : bloquer les dizaines de milliers de suppressions d’emplois qui frappent notamment de grandes entreprises dont certaines affichent des profits indécents, ont bénéficié de scandaleuses aides sous forme de subventions ou d’« allégements » de cotisations sociales. En parallèle, des dizaines de sous-traitants, de prestataires sont touchés. Tout cela impacte les réseaux économiques et sociaux d’une multitude de territoires ainsi que les services publics. 

    De ce point de vue la revendication d’un moratoire, ­avancée par la CGT, permettant de sauvegarder emplois, qualifications et outils industriels peut donner la possibilité d’inverser le rapport de forces face à un patronat et un gouvernement plus que jamais décidés à faire peser sur les salariéEs tous les efforts pour sauvegarder rentabilité et profits. 

    Contre le chômage, réduction du temps de travail

    Il est urgent de se dégager de la sidération, de l’abattement devant la multiplication des annonces de fermetures de sites, de suppressions d’emplois. Il est urgent de se dégager des fausses solutions individuelles, locales, boîte par boîte. Le bras de fer, la mobilisation qui commencent doivent (re)mettre à l’ordre du jour les exigences d’interdiction des licenciements, de suppression de toutes les aides aux entreprises, de réduction du temps de travail, d’amélioration radicale des conditions de travail par, notamment, la suppression du travail posté, de week-end, de nuit (hors soins et maintenance indispensable), la retraite à 60 ans (et 55 pour les travaux pénibles), de fin des discriminations liées au sexisme, au racisme. 

    Gagner, même sur une part de ces revendications, suppose la construction d’un rapport de forces qui est presque totalement à construire. La grande majorité des luttes en cours est centrée sur la prime extra-légale, prix à payer pour des patrons qui se gavent et jettent les salariéEs dans la misère. 

    Les mobilisations prévues en décembre peuvent être l’occasion de dépasser l’isolement, le fatalisme en se rencontrant, se rassemblant pour tester les volontés, les capacités de construction de ­l’indispensable « toutes et tous ensemble »

    C’est le système qu’il faut virer

    L’heure est suffisamment grave pour que mêmes les médias aux ordres du patronat reprennent les chiffres de la CGT sur le nombre de plans sociaux, de pertes d’emplois programmées. 

    Toujours prêts à stigmatiser les assistéEs que seraient les chômeurEs ou les immigréEs, patronat et gouvernement « oublient » les chiffres qui fâchent : la Cour des comptes estimait à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total aux entreprises pour la période 2020-2022, soit environ 20 % de subventions directes de l’État ou des collectivités, 40 % d’exonérations de cotisations sociales, et 40 % de niches fiscales et baisses d’impôts. 

    Des subventions et des profits

    « En même temps » les principaux groupes français ont réalisé 153,6 milliards d’euros de profits l’an dernier ; les dividendes pointaient à 67,8 milliards d’euros et les rachats d’actions à 30,1 milliards d’euros. TotalEnergies annonçait 19,3 milliards de profits. Stellantis, dont Tavares, l’ex-patron désormais, touchait 36,5 millions d’euros au titre de 2023 (une bonne base pour une prime de licenciement annoncée à plusieurs dizaines de millions) a lancé un plan de rachat d’actions d’au ­maximum 3 milliards d’euros en 2024.

    Et Decathlon — propriété de la famille Mulliez qui possède aussi Auchan et Leroy Merlin —, où des suppressions d’emplois sont annoncées, va verser, comble du mépris, un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires. 

    Tous ensemble

    À l’heure de la conjonction des crises économique, sociale, politique, écologique et des guerres, des mobilisations à la hauteur des attaques portées par le patronat et le gouvernement ne peuvent esquiver la remise en question d’un système de production à bout de souffle. 

    Les grandes luttes contre les fermetures de sites de la première décennie des années 2000 (Goodyear, Continental, PSA Aulnay) ont posé la question de l’interdiction des licenciements sans aboutir. Les mobilisations des dernières années, des Bonnets rouges bretons à celle menée contre la réforme des retraites, en passant par les Gilets jaunes, les mobilisations féministes ou antiracistes, ont toutes posé des préoccupations dépassant largement leurs spécificités. 

    Produire moins, produire autrement

    L’enjeu aujourd’hui est de marquer des points, de poser des jalons dans la remise en cause de la dictature patronale dans l’organisation du travail, les choix de production, de la mise en évidence du rôle de l’État comme instrument de la classe dominante. En intégrant les préoccupations écologiques, la préservation de la santé, de la sécurité au travail mais aussi celle des consommateurEs. 

    C’est le sens des mots d’ordre d’interdiction des licenciements, de contrôle ouvrier (livres de comptes, organisation du travail, choix de production, etc.) mais aussi de l’affirmation de l’indispensable auto-organisation, seule capable d’unifier les préoccupations, les revendications, au-delà des fractures syndicales, des divisions liées à l’organisation du travail, au discriminations/divisions sexistes ou racistes. 

    Une démarche de mobilisations pour rompre avec la logique infernale du système et poser dès à présent les jalons d’une société écosocialiste.